Maxime Gremetz : « le PCF n'est plus communiste»
Alors que se tenait la Fête de l'Humanité, le député communiste de la Somme a accordé une interview au quotidien « Le Figaro ». Il dénonce un PC «sans ligne ni stratégie concrète, sinon d'avoir un maximum d'élus».
Le PC organise ce weekend à La Courneuve sa traditionnelle Fête de l'Humanité. Mais on entend de moins en moins les communistes dans le débat public. Où en est le PC ?
Le parti communiste est en déclin, il suffit de voir les chiffres. Pour moi, c'est le résultat d'une politique qui n'en est pas une et qui va dans tous les sens. Le PC n'a pas de ligne, pas de stratégie concrète et une seule volonté : savoir combien on peut avoir d'élus et comment passer sous les fourches caudines du PS. Alors que le PC ferait mieux de retrouver sa fonction tribunitienne et de faire des propositions concrètes pour aller vers la rupture avec le capitalisme. Moi, je suis et je resterai communiste, mais aujourd'hui c'est le parti qui n'est plus communiste, du moins tel que je le conçois.
Comment expliquer, alors que le PC perd du terrain, qu'Olivier Besancenot et l'extrême-gauche semblent bénéficier d'une sympathie croissante dans l'opinion ?
Besancenot et la LCR progressent sur le terrain du PC. Mais ils refusent un rassemblement populaire et préfèrent laisser le pouvoir à la bourgeoisie. Mais au moins ils continuent de dénoncer le capitalisme là où le PC a renoncé. Pour moi, il faut modifier la ligne du parti communiste pour revenir à cette dénonciation. Le PC est irremplaçable, mais il ne joue plus son rôle. Il préfère rechercher des alliances au sommet et ça, c'est la mort du parti.
Le parti communiste doit-il s'allier avec le reste de la gauche ?
Avec le PS ? Encore faudrait-il qu'il existe encore à l'avenir, ce qui n'est pas certain. Je suis pour un rassemblement populaire majoritaire, conscient et déterminé, avec toutes les forces qui sont d'accord avec nos idées, mais il ne faut plus avoir de propositions tièdes.Qu'est-ce qui pose problème aujourd'hui ? C'est l'injustice sociale, la domination du capital financier. Prenez le RSA : c'est une bonne mesure, mais on la fait financer par des petites gens qui ont mis un peu d'épargne de côté, sans toucher aux revenus du capital qui détruisent tout pour faire encore plus de profits.
Finalement, les idées que vous défendez sont-elles encore d'actualité ?
Bien sûr, qu'elles le sont ! On n'a jamais autant entendu en France d'intellectuels estimer que le marxisme n'a jamais été autant d'actualité. Nous sommes les héritiers du marxisme et nous ne défendons plus cette culture. Pourtant, sur de nombreux points, Marx a vu juste et loin. La lutte des classes, par exemple, il ne l'a pas inventée ! Le problème, c'est justement qu'aujourd'hui, il n'y a plus de vraies batailles idéologiques en France. C'est pour cela que Sarkozy triomphe. Le tort du PC est d'avoir baissé la garde sur le plan des idées, de ne pas savoir répondre aux propositions démagogiques de la droite. Si on ne mène pas cette bataille idéologique, si on ne propose pas d'autres mesures, les gens n'ont pas d'alternative ! D'ailleurs, la plupart des pays où il n'y a pas de parti communiste, où c'est la lutte entre libéralisme et social-démocratie, n'ont pas connu de transformations sociales très radicales.
Vous irez à la Fête de l'Humanité ?
Bien entendu, je n'ai jamais manqué une fête de l'Huma. J'espère que ce sera une belle fête, mais je crains que l'esprit militant ne soit de moins en moins là. Cette fête est une institution, mais c'est aussi la démonstration de la puissance que nous pourrions avoir si nous revenions aux fondamentaux.
source : «le figaro» 12/09/2008