Le Sénat "bascule à gauche" : Lame de fond (éditorial de L'ECHO de la Haute-Vienne)
Si le Sénat bascule à gauche, ce serait un séisme politique, selon les propres termes du futur ex-président de la Haute Assemblée, Gérard Larcher. Le séisme a bien eu lieu, et on peut supposer qu’il sera suivi de deux autres tsunamis, celui de la présidentielle et celui des législatives en 2012.
Il aura donc fallu attendre plus de soixante ans pour assister à cet événement. La gauche, qui a gagné toutes les dernières élections locales (municipales, régionales, cantonales) ne pouvait a priori que progresser mathématiquement en sièges. Obtenir la majorité était une autre histoire, surtout que la droite avait mis en application une réforme qui devait l’avantager puisque trois départements ont vu leur scrutin passer du mode proportionnel au majoritaire. L’UMP comptait sur eux pour gagner des sièges. Le coup a manqué comme il a failli dans les autres départements où on votait.
Gérard Larcher comptait également sur ce scrutin où les petites communes rurales traditionnellement conservatrices sont surreprésentées et où la grande majorité des petits maires ou délégués municipaux sont sans étiquette. Mais ceux-ci ont fait remonter la grogne des élus locaux et ont manifesté leur désapprobation des réformes gouvernementales dont celle des collectivités territoriales et le regroupement des communes menés à marche forcée par les préfets.
Depuis hier soir, pour la première fois de son histoire dans la Ve République, la droite a perdu la main sur le Sénat, et le socialiste Jean-Pierre Bel devrait en devenir le nouveau président. Le gouvernement avait déjà imaginé faire démissionner des ministres pour qu’ils retrouvent leur siège sénatorial et faire ainsi élire leur candidat à la présidence. Mais hier soir il a dû abandonner cette stratégie tant la défaite était sans appel. La Sarkozie vient d’entrer définitivement dans sa fin de règne qui, rappelons-le, aura démarré avec les amis du président au Fouquet’s et s’achève avec ces mêmes amis dans des affaires.
Thierry SPRIET
(Editorial du 26 septembre 2011)