Retraites : la lutte grandit
La première chose qui frappe du mouvement de lutte contre la réforme des retraites est l’importance de la mobilisation. Cet engagement des salariés dans la grève à deux reprises dans un laps de temps aussi court est inédit depuis 2003. La survie des retraites par répartition est très présente avec en outre une envie d’arrêter enfin la casse que Sarkozy organise aussi et en même temps, de la Sécurité Sociale, de l’emploi, des droits des travailleurs ou des services publics.
Journée de grève après journée de grève, on voit fleurir des slogans qui vont bien au-delà des demandes officielles contenues dans les diverses déclarations intersyndicales. L’exigence du retrait de la réforme grandit et s’exprime crescendo, spécialement dans les cortèges de la CGT. De même, on voit fleurir des autocollants, le plus souvent issus d’organisations de la CGT, réclamant non seulement la retraite à 60 ans à taux plein, mais aussi le retour à 37 ½ annuités pour tous ou la pension au moins égale à 75 % du meilleur salaire.
Les confédérations syndicales sont dans une situation compliquée
Leur bataille pour poursuivre des tentatives anciennes de dénaturer le sens des luttes commence à avoir du plomb dans l’aile. Le problème pour les Chérèque et compagnie, c’est qu’une partie croissante des salariés a désormais compris que seule la grève reconductible, pour employer le mot le plus usité par les grévistes aujourd’hui, serait de nature à emporter le morceau.
La volonté des salariés est que la lutte gagne mais ils savent également que le gouvernement ne veut pas céder quoi que ce soit d’important. C’est vrai, le patronat et le gouvernement ne sont pas prêts à lâcher, tant il est vital pour eux de mettre en place cette réforme. Face à la concurrence effrénée des multinationales US, mais aussi chinoises, indiennes, brésiliennes, et d’autres encore, le taux de profit de nos capitalistes de France et de l’Union européenne baisse ; il leur faut absolument rogner sur le coût de la force de travail. Le gouvernement, qu’il s’agisse de Sarkozy ou du PS et de ses amis, ne lâchera rien de significatif sans combat intense.
A l’intérieur de la CGT
Des choses apparaissent. Plusieurs fédérations et Unions départementales, des entreprises appellent à poursuivre la lutte après la 3ème grosse journée du 12 octobre, notamment sous la forme de la grève reconductible. Les syndicats de la RATP –CGT –UNSA- FO- SUD ont déposé un préavis de grève après le 12 avec appel à la grève reconductible. Quatre fédérations de cheminots (CGT, UNSA, SUD et CFDT) ont mis les choses en débat, elles doivent donner leur décision ces jours-ci. La question de la grève reconductible est posée par les fédérations de la Chimie, de l’équipement, des services publics et territoriaux, des transports maritimes et des transports de province, par l’UD du 93, par les syndicats –CGT – FO- SUD-UNSA- SUPAP/FSU de la ville de Paris.
Dans un communiqué du bureau de la fédération de la chimie , on peut lire: « Nous sommes convaincus que gagner sur les retraites, c’est possible. Et après avoir fait la démonstration le 7 et le 23 septembre, que la contestation avait une large assise populaire, c’est en durcissant l’action, dans les entreprises, sur l’ensemble des secteurs professionnels, en frappant les patrons au portefeuille, qu’on arrivera à imposer nos revendications. C’est pourquoi la FNIC-CGT appelle ses syndicats à débattre dès à présent avec les salariés sur la question de la grève reconductible à partir du 12 octobre. ».
Par ailleurs, des salariés dans les entreprises, notamment à l’appel d’organisations de la CGT sont en grève, non seulement sur la question des retraites, mais sur les salaires, les conditions de travail, contre les changements de statut : 10ème jour de grève des ports et docks, des raffineries TOTAL de Marseille, des Monoprix, des personnels des cantines scolaires, grève à l’hôpital Tenon à Paris, grève de 50% des commerciaux PTT dans toute la France le 5 octobre, dans l’éducation nationale à Marseille ou dans les Hauts-de-Seine…
Les collectifs mêlant gauche politique et syndicale que certains auraient bien vu comme fer de lance de la bataille n’ont pas le vent en poupe. Attendre 2012 pour que le PS et ses amis nous tirent de là, ne fait vraiment pas recette. Les salariés sont beaucoup plus nombreux à ne compter que sur eux-mêmes, sur leur action propre.
Rendez-vous le 12 octobre
Rappelons le rôle d’appui au gouvernement que la CFDT a joué en 2003, permettant à Fillon de faire passer les décotes et l’allongement du temps de cotisations dans le secteur public. Mais elle n’est pas la seule.
La question politique de fond est loin d’être réglée : elle tient en une seule question, faut-il une réforme des retraites ? Pour le PS et ses amis, oui il en faut une. Eux et le gouvernement sont d’accord là-dessus– dessus c'est-à-dire sur l’essentiel.
Ne tomber pas dans le piège. Parler d’une autre réforme, c’est accepter l’idée qu’il y aurait un problème. Ce n’est pas pour cela que Fillon, après le livre blanc de Rocard, les mesures Balladur en 1993 et Raffarin en 2003, intervient à son tour; c’est parce que tous les quatre s’inscrivent dans un projet de longue haleine de casse des retraites par répartition. Il n’est nul besoin de réforme des retraites, les richesses créées dans ce pays que les capitalistes possèdent sont largement suffisantes pour financer nos retraites !
La démonstration est en train d’être faite que seule la lutte résolue peut permettre de gagner.
source : « site communistes »