Sarkozy sur six chaînes de télévision : " La télé de papa "
Il n’est pas encore officiellement candidat, mais il n’est déjà plus président dans le cœur des Français. Nicolas Sarkozy a même laissé entendre que sa défaite était possible. Mais il n’a jamais renoncé, ce qui fait de lui un candidat-président qui va utiliser toutes les ficelles du système pour faire une campagne sous le couvert de sa fonction présidentielle.
Dimanche prochain, il sera ainsi sur six chaînes de télévision pour dévoiler un ultime paquet de réformes très controversées, dont une TVA sociale, censé officiellement enrayer la progression du chômage mais, surtout, le relancer dans la course à l’Elysée.
Au temps où la télévision multiplie le nombre de chaînes, s’imposer sur six canaux différents nous ramène quelques décennies en arrière, au temps où il n’y avait que l’ORTF et quand le ministre de l’Information y avait son bureau.
Nicolas Sarkozy répondra pendant une heure, de 20 h 15 à 21 h 15, aux questions des journalistes sur TF1, France 2, les chaînes d’information en continu iTélé, BFMTV, LCI et les chaînes parlementaires. Peut-être aurait-il dû se sortir d’une prestation classique où il ne s’adressera qu’à des personnes averties. Les jeunes, les fans de musique, de cinéma, de sports ne seraient donc pas concernés par son projet ?
En même temps, en multipliant par six son intervention, il évite un échec à l’audimat mais ce choix pourrait aussi signifier un manque de confiance avant ce grand oral. Quel candidat pourrait bénéficier d’un tel avantage ? Aucun. Les inégalités s’accumulent. Après des temps de parole inégalement répartis, car ne prenant pas en compte l’expression présidentielle quand il est ouvertement en campagne électorale, voici celui du nombre de supports médiatiques. Au milieu de tout cela, les journalistes deviennent des compteurs de temps au détriment de la profondeur du débat.
Thierry SPRIET
Éditorial de L'ECHO de la Haute-Vienne
Vendredi 27 Janvier 2012