Série noire
Dans ses cauchemars les plus sombres, dans ses calculs les plus sévères, le gouvernement n’avait pas imaginé le nombre incroyable de cadavres dans les placards du gouvernement Fillon. Ce que l’on a coutume d’appeler «héritage» avait, parmi les vices cachés, une montagne de sociétés priées d’attendre les élections et l’approche des vacances pour licencier. PSA en est l’un des très bons exemples. Mais il y a aussi Sanofi, Carrefour et maintenant Alcatel, sans oublier des centaines de petites entreprises contraintes de fermer la boutique.
Quand on arrive aux affaires, on se doit de tout prendre et de faire face à la situation. Le doute aujourd’hui porte sur la méthode du gouvernement Ayrault. Personne ne lui fera le procès de dialoguer avec l’ensemble des partenaires sociaux. Ce bon point ne doit cependant pas cacher l’urgence de la situation et les chiffres du chômage doivent agir comme un ultime signal d’alerte avant une possible explosion sociale à la rentrée de septembre.
En juin, nous culminions à 2,945 millions demandeurs d’emplois, soit une hausse de 7,8 % en un an. En incluant les personnes exerçant une activité réduite, ce sont 4,395 millions de Français qui étaient à la recherche d’un travail. Un record ! Pire, tous les analystes annoncent que la situation va encore se dégrader.
Chacun sait qu’il n’y a qu’un pas entre le chômage et le basculement vers la pauvreté. Les «contrats de génération», les «emplois d’avenir», les «80 000 emplois aidés» permettront à certains de garder la tête hors de l’eau. Mais cela semble peu de choses au regard de tous ceux qui seront entraînés par le fond, emportés par la déferlante de licenciements.
Le gouvernement devra devancer la colère qui couve en prenant des initiatives qui iront dans le sens des salariés.
Thierry Spriet
Editorial de L'ECHO
Vendredi 27 Juillet 2012