ASSEZ des chiens de garde de France-Inter !
L’animateur, Nicolas Demorand : Fabien est au standard.
Fabien, auditeur donc : Bonjour à vous. Je me mets à faire à des rêves politiques, premièrement qu’on prenne en compte les votes blancs, l’abstention. Deuxièmement, qu’on ait une belle assemblée nationale, moitié de députés tirés au sort, moitié élus à la proportionnelle. Voilà, c’est le genre de rêves que je fais.
Arnaud Leparmentier, du Monde : Y a des endroits où il y a du tirage au sort ? Parce qu’à part Athènes et mes souvenirs de grec ancien, je n’ai aucun souvenir de tirage au sort.
Marcel Gauchet, l’invité : Je crois qu’il y a toute une série d’expériences, dans des petits pays à ma connaissance…
Arnaud Leparmentier : Est-ce que dans un pays comme la France, ça a quelque chose d’un tout petit peu raisonnable d’avoir du tirage au sort ? Un métier où être ministre, être député, c’est faire des lois très complexes, est-ce que ça a un sens de faire du tirage au sens en prenant des gens…
Alors là, à ce stade, on n'en peut plus de cette suffisance, de cette arrogance, de ce mépris de classe, déguisés sous les oripeaux de la « compétence ». Ça met en rogne un tel mépris qui dégouline du poste de radio que pour éviter de tout salir, on en viendrait à l'éteindre, ce poste, à défaut de pouvoir faire taire le chien de garde qui n'a de cesse, à longueur d'antenne, d'éructer contre les classes populaires.
Mais à y réfléchir, où est la compétence ? Où est l'ignorance ? Car si Arnaud Leparmentier n'a donc « aucun souvenir » du tirage au sort, à part l'histoire de la Grèce ancienne, l'on peut se dire qu'il fait preuve de mauvaise foi ou bien d'ignorance... Ou les deux. Rafraichissons sa mémoire par un exemple...
Les jurés de Cour d'Assises sont bien tirés au sort. À plusieurs, ils ont le sort d'un accusé entre les mains. Donc le tirage au sort existe bien en France, à au moins une occurrence.
Pour ce qui est de sa dernière remarque, toute en condescendance, sur les « lois très complexes », sur le sens de « prendre des gens » pour les élaborer – et l'on devine derrière ce terme de « gens » un mépris pour ses semblables, ses concitoyens, aussi implacable que son amour immodéré du néolibéralisme. S'il a droit au second, rappelons-lui par un exemple bien concret que le premier est franchement déplacé, notamment sur une radio de service public.
Ambroise Croizat, le véritable concepteur de la Sécurité Sociale telle que nous la connaissions avant qu’elle soit attaquée par la gauche et la droite depuis des décennies, était ministre du Travail après la guerre. Il était aussi un ouvrier métallo (depuis l'âge de 14 ans), syndicaliste et il faisait partie de ces députés communistes qui avaient été embastillés et déportés au moment de la guerre parce que députés communistes.
Son milieu, social et professionnel ne l'a pas empêché de concevoir l'une des inventions sociales les plus innovantes, les plus généreuses, les plus audacieuses du 20ème siècle. Là aussi, rafraichissons la mémoire d'un Leparmentier – lequel lui aussi bénéficie de la Sécu, comme tout le reste de ses concitoyens qu'il méprise. Cette Sécurité sociale était l'un des fleurons du programme des « Jours Heureux » du Conseil national de la Résistance. Ce même programme que lui et les bénéficiaires de la mondialisation néolibérale, n'ont de cesse depuis une bonne quarantaine d'années, de démanteler.
Alors, Mr Leparmentier, si vous m’invitiez avec vos chiens de garde de France Inter, vous qui me boycottez parce que je suis un candidat hors et antisystème à l’élection présidentielle ! Vous avez peur d’un face à face ?
Jacques Nikonoff
Le 15 janvier 2017.
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