Pourquoi les GENS ne se révoltent pas ?
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Par Nicolas Framont, sociologue du travail
Pourquoi dire « les gens sont cons », c’est con
Vous avez sans doute déjà entendu cette phrase si vous avez fréquenté des réseaux sociaux, un repas de famille, une discussion entre collègues ou même une manifestation durant ces dix dernières années : « de toute façon les gens sont cons » ; « les gens sont des moutons” ; « Fallait pas voter pour Macron, bande de débiles, maintenant ça vient chouiner ! » ; « ça c’est les Français, pour baisser la tête face au Pouvoir, y’a du monde« … Pourquoi s’emmerder à dénoncer la mainmise de la classe bourgeoise sur nos vies, l’exploitation au travail, le racisme systémique si, de toute façon, « les gens sont cons », et baisseront la tête quoi qu’il arrive ?
Pour ma part, je n’y ai jamais cru. Pas parce que je suis un doux rêveur, qui pense que les humains peuvent vivre nus, tous amis et dans la concorde universelle en se nourrissant exclusivement de jus de pâquerettes. Au contraire, comme la plupart des gens, je pense que l’humanité recèle en elle des quantités infinies de rapports de domination et que la plus grande souffrance peut nous être infligée par nos semblables. Les rapports entre les hommes et les femmes, entre les classes sociales, même entre des égaux assoiffés de pouvoir peut receler des millions de combinaison de duplicité, de cruauté et d’égoïsme. J’ai fait de la politique, j’ai vu comment de doux agneaux imprégnés d’idéaux égalitaires et émancipateurs pouvaient devenir, face à une place éligible, un mandat obtenu, un rang à conquérir, de parfaits connards, arrogants et dominateurs. J’ai été syndicaliste, je sais que face à l’adversité patronale, le collègue allié peut vous planter un couteau dans le dos dès que le front de la solidarité se fragilise.
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