LÉGISLATIVES : Peut-on se fier aux SONDAGES pour les 12 et 19 juin ?
Plusieurs instituts donnent la gauche en tête des voix au premier tour, puis battue en nombre de sièges obtenus à l’Assemblée nationale. Mais comment ces enquêtes sont-elles réalisées et quel crédit leur apporter ?
Attention pincettes ! L’ensemble des instituts de sondages appellent à prendre avec « la plus grande prudence » leurs enquêtes concernant les élections législatives des 12 et 19 juin.
En moyenne, l’alliance de toute la gauche, baptisée Nupes, est actuellement donnée en tête des intentions de vote (environ 30 % des voix), devant la coalition des macronistes Ensemble ! (26 %), puis le Rassemblement national (23 %), le parti de droite LR (10 %) et enfin la formation d’Éric Zemmour, Reconquête (6 %).
Ces études annoncent-elles la future répartition des sièges à l’Assemblée nationale ? Loin de là, puisque les législatives, en France, ne se font pas à la proportionnelle. Le découpage du territoire en 577 circonscriptions, pour autant de scrutins, complique forcément le travail des sondeurs. « Pour l’instant, nous mesurons simplement les intentions de vote sur les grandes listes ou coalitions qui vont être soumises aux électeurs. Cela donne une idée des rapports de forces nationaux, mais, à ce stade, aucune idée précise par circonscription », indique d’ailleurs Jean-Yves Dormagen, fondateur de Cluster 17.
« Certains de nos confrères publient pour leur part des projections en sièges avant même que l’offre électorale ne soit connue ou que la campagne des législatives n’ait vraiment commencé. Ce n’est pas notre ligne », ajoute Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop.
Que disent les hypothèses des deux instituts qui s’y s’ont déjà essayé ? Les travaux d’Harris interactive et d’Opinion Way donnent 300 à 350 sièges pour la Macronie, 105 à 165 pour la Nupes, 30 à 70 pour LR et 20 à 80 pour le RN. « L’hypothèse la plus probable aujourd’hui reste celle d’une majorité pour le président de la République. Cela commence à se clarifier maintenant que les accords entre partis sont conclus. Mais nous serons évidemment en mesure de fournir une grille de lecture plus fine après le 20 mai, une fois que l’offre réelle sera connue dans l’ensemble des circonscriptions », indique Jean-Daniel Lévy.
Le directeur délégué d’Harris interactive précise que l’inconnue autour de l’abstention complique la tâche des sondeurs. Elle avait été très importante il y a cinq ans : 51,3 % au premier tour, 57,36 % au deuxième. « L’abstention est habituellement très difficile à mesurer, et encore plus dans le cadre de législatives », reconnaît-il.
L’abstention en 2017 a clairement nui à la gauche
Elle sera pourtant l’une des clés d’un scrutin qui s’annonce bien plus indécis qu’en 2017. À l’époque, la France insoumise avait par exemple obtenu 19 % des suffrages à la présidentielle avant de rassembler 11 % des voix au premier tour des législatives, pour finir avec 17 députés élus. Le PS, en rassemblant 9,50 % des voix aux législatives, avait obtenu une trentaine d’élus (grâce à de meilleurs résultats que la FI au second tour), EELV aucun élu et le PCF 11 députés.
Des résultats qui montrent que l’abstention en 2017 a clairement nui à la gauche, la victoire d’Emmanuel Macron ayant eu un effet démobilisateur sur cet électorat au moment d’élire les députés.
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