Y a-t-il danger de fascisme ?
Question déterminante. Dans l’affirmative, le plus large front commun est nécessaire. A commencer dans l’expression électorale. Dans la négative ce critère de vote disparaît. Or La conjoncture en France et dans le monde n’a rien de commun avec celle des années trente si ce n’est un taux de chômage excessif. Où sont les S.A., les SS, les Chemises noires ? Et même les Croix de feu ? Où sont les organisations factieuses ? De quelle humiliation nationale la France souffre-t-elle ? Quel prétendu danger communiste ou soviétique la menace ? Sarkozy est certes un homme de droite, une droite qui désormais s’affirme et dont l’idéologie se situe dans la tradition, hélas française, du bonapartisme, du césarisme, autoritaires, démagogiques, dont se réclamaient, un général Boulanger ou un colonel de La Rocque. Sa personnalité peut donc inquiéter, on ne saurait pour autant en faire un émule de Mussolini ou de Hitler même s’il flotte toujours quelques miasmes délétères du national socialisme (mais qui n’est plus national et ne fut jamais socialiste) dans les thèses de la droite. Ce n’est pas minimiser le danger que de le définir nettement, dire ce qu’il est et ce qu’il n’est pas, pour mieux le combattre et avec les meilleures armes, celle des luttes populaires. La résistance à la montée des forces réactionnaires reste à l’ordre du jour, pas la résistance à un inexistant fascisme.
Le vote pour Mme Royal peut-il se justifier d’un point de vue de classe ?
Est-il judicieux de porter ses voix sur une candidate qui a démontré l’inexistence et les contradictions de sa politique internationale y compris sur l’impérialisme et les grandes questions de la guerre et de la paix, Afghanistan, Irak, Iran, Palestine…qui déclare Poutine persona non grata. Qui non moins tyrannique que son rival à l’égard de ses lieutenants et consultants, les traite comme des jetons ou des kleenex. Le pouvoir personnel a de beaux jours avec cette assoiffée d’autorité dont les projets sans cohérence fluctuent au gré de l’inspiration du jour et des catégories d’électeurs qu’elle a entrepris de séduire au point que son programme est une farfouille où chacun est appelé à se servir, le tout fondé sur des « valeurs » floues, sur la conciliation de la chèvre avec le chou au détriment inévitable de celui-ci, et enveloppé dans une morale d’un autre siècle. Voter Royal c’est lui donner un blanc-seing et miner d’avance les luttes dont elle sera la zélée extinctrice. Voter Royale c’est risquer de voir la droite centriste accéder au gouvernement, hypothèse qu’elle n’a pas écartée. C’est porter à la tête de la France une adepte enthousiaste de l’Europe telle qu’elle se constitue, Maastricht compris. C’est Mitterrand et Jospin en pire. Voter Royal, c’est installer le blairisme en France. Son échec c’est l’échec du système Blair. Le vote Royal est un vote de Gribouille.
Dernier argument, est-il possible après maintes expériences révélatrices de la malfaisance de l’élection du président au suffrage universel de le cautionner en participant au scrutin, alors que plus que jamais, ce type d’élection a servi à étouffer la voix de ceux qu’on appelle, avec quel mépris, les petits candidats. Si critiquable qu’ait pu être leur stratégie, elle a réduit à l’inexistence légale le nombre croissant de travailleurs qui rejettent le système capitaliste. Elle a développé un indécent clientélisme, éludé les grands problèmes et réduit la compétition à une bipolarisation chaudement cultivée par les médias.
Voter sous la pression de la peur c’est s’exprimer en otage, dans les conditions les plus défavorables à la démocratie. Ceux qui suscitent et attisent des craintes infondées écartent de fait le recours à la résistance et aux luttes, ils favorisent l’adversaire de classe Car en comptant des bulletins on ne comptabilise pas des consciences, on compte des pour et des contre.
Notre peuple, le monde du travail, emprunterait une voie particulièrement dangereuse s’il devait formuler ses choix non point à partir de ses aspirations, de ses revendications mais d’un supposé « moindre mal » qui de marche en marche descendante conduit au pire !
Si le vote populaire ne peut se porter sur un Sarkozy, il est non moins évident qu’il ne saurait se constituer en étrier pour Ségolène Royal. Le bulletin blanc est le seul qui ne handicape pas l’avenir.
Guy-Virgile M.
article écrit le 1er mai 2007
Source : « Combat communiste »