Collectif solidarité usagers-grévistes
Ras le bol de la campagne mensongère des médias
Depuis une semaine sur les médias télévisés, financés par tous « les citoyens de droite et de gauche » comme les divers journaux aiment à présenter les « antiblocages », nous sommes utilisés en tant qu’usagers comme chair à propagande par le pouvoir et ses hommes des médias, sur un thème unique : « la galère ».
« Galères en prévision » (France 2. « 20 heures ») ; « pluie et vent, un jour de galère donc pour des millions d’usagers des transports en commun » (JP Pernaut. TF1-13heures) ; « galères en perspective » (PPDA. TF1) ; « Quelle galère ! » (A. Pulvar. France 3). Le bouquet allant au toujours très zélé (vis-à-vis du pouvoir) JP Pernaut qui prononce les mots suivants : « Troisième jour de galère pour les usagers qui eux n’ont pas le choix et doivent travailler jusqu’à 65 ans, tous les matins ». Les journalistes étendent le terme « usagers » aux « bons » étudiants qui veulent travailler « pour préparer leurs examens proches ». « La police a dû intervenir pour défendre la liberté d’étudier à Nanterre » (France 3). Quelle démocratie originale qui voit la matraque au service de la culture !
« De droite ou de gauche, la majorité des étudiants sont antiblocage » (Toutes les chaînes) et les autres ? « Pas Français ! », comme sous Pétain ?
Nous, usagers sommes invités généreusement à parler au micro, on voit même des envoyés spéciaux devant les gares, toute la journée, pour recueillir les précieux témoignages. On commence par l’usager compréhensif devant les grèves (c’est cela l’objectivité !!!) mais on coupe ses arguments, ensuite «l’usager pétant les plombs », on le voit casser une poubelle sur un quai de métro (France 2), une autre déclarer, sans émoi du présentateur « Il faut fusiller ces gens là ! », après quoi le journaliste pourra conclure doctement « l’énervement devient un peu plus fort chaque jour !». On termine par une note « sociale », par « l’usager affolé » « je vais perdre mon boulot si j’arrive en retard ». Une question sous-jacente nous taraude : y aurait-il des patrons incompréhensifs ?
Non, le reste des informations constitue un démenti à cette pensée interdite sous le règne de Sarkozy. Les patrons sont formidables : « Grâce à leur employeur, les salariés ont été autorisés à dormir dans une yourte installée dans la cour (France 2), « largesse d’un patron hôtelier compréhensif qui a donné des chambres à ses employés » (TF 1).
Et puis, si vous n’avez pas compris, il y a le ton martial, militant de JP Pernaut : « La mobilisation syndicale se heurte à la volonté très claire du gouvernement de créer un système plus équitable de retraites, c’était dans le programme de Nicolas Sarkozy, pour lequel les Français ont voté ! ».
On ne peut s’étonner après de la faiblesse de la syndicalisation dans notre pays, où les médias présentent comme défenseur des inéquités… les organisations syndicales !
Sur quelles ondes accordera-t-on, un temps de parole aux usagers de la télévision privée ou publique, devenue un outil de propagande pour le président et le gouvernement ? Peut-on croire un instant, que spontanément les journalistes, sans directives de l’Elysée, parlent d’une même voix de »galère » ?
Actuellement, les journaux s’intéressent à la liberté d’expression au Liban, espérons que les Libanais s’intéressent aussi à notre propre liberté et droit à l’information !
Qui sont les réels privilégiés ?
Toute l’année, rentabilité financière oblige, nous sommes des clients, lorsque des grèves surgissent, nous devenons subitement, dans les médias, des usagers.
Usagers, nous le sommes, nous pouvons voyager, tôt le matin et tard le soir, le week-end et jours fériés compris, parce que des salariés, qu’on veut nous opposer, remplissent leur mission de service public.
On nous rebat les oreilles, des prétendus « privilégiés » que seraient les cheminots ou les transporteurs publics. C’est un mensonge !
Nous n’acceptons pas comme usagers mais aussi comme travailleurs de nous laisser diviser pour le seul profit du patronat et du pouvoir à son service.
La pension des cheminots se monte en moyenne à 1406 euros mensuels (-13 % par rapport aux autres salariés), certes ils partent en retraite à 55 ans à certaines conditions mais ils cotisent davantage.
L’espérance de vie, un critère ignoré du MEDEF et du pouvoir, pour un ouvrier ou un cheminot s’avère de12 ans inférieure à celle d’un membre des professions libérales ou d’un patron.
Où sont les fiers à bras des médias opposés soi-disant aux privilèges, quand Sarkozy a accordé un cadeau fiscal de 15 milliards d’euros à tous les membres de l’oligarchie financière, s’est généreusement augmenté de 200 %, quand les membres des conseils d’administration d’EADS gagnent en spéculant contre leur entreprise 1,5 milliard d’euros. Les voilà les véritables privilégiés que nos actions doivent cibler, ceux qui se lèvent tard et vivent des fruits du travail des salariés de plus en plus mal payés !
L’indispensable solidarité avec les grévistes.
Le sommet de l’Union européenne à Lisbonne (2000) a fixé l’objectif aux gouvernements de reculer l’âge du départ en retraite à 65-67 ans. La démographie sert de prétexte à réaliser de substantiels profits car le patronat sait que les salariés, usés par une vie de labeur, préfèreront partir avant 65 ans avec une retraite diminuée ou en ayant recours à des assurances et fonds de pension qui rapportent des milliards boursiers aux capitalistes et spéculateurs.
Les réformes allongeant le temps de travail de 37, 5 annuités à 40 ans( 1993) dans le privé puis en 2003 dans le secteur public, ont été présentées en leur temps, comme moyen de solutionner les déficits des caisses de retraite. En 2007, au nom de « l’équité », Sarkozy s’attaque aux régimes spéciaux qui financent d’autres caisses (agriculteurs, commerçants). La retraite à 55 ans pour les métiers pénibles et à 60 ans pour tous, comme celle de nos aînés (c’est cela aussi l’équité), ne pourra l’être qu’en taxant les revenus du capital et de la bourse.
La grève des cheminots, des agents RATP, des transporteurs urbains, étudiants, celle le 20 novembre des enseignants, agents hospitaliers, électriciens est la nôtre, leur lutte permettrait à chacun de bénéficier de nouveaux droits. Le pouvoir et les médias opposent le privé et le public. Dans les médias, les défenseurs de la « liberté du travail » n’évoquent jamais la violation du droit syndical, la difficulté de se syndiquer dans les PME, jamais le chantage à la perte d’emploi dans les entreprises privées, c’est pourquoi nous saluons les salariés du privé qui participeront à la grève du 20/11.
L’intérêt des usagers, au-delà de la gêne occasionnée par l’entêtement du pouvoir, est de soutenir le mouvement gréviste, l’équité doit se faire par le haut afin que les générations nouvelles ne soient pas pénalisées, que les contrats de travail soient respectés.
Usagers, solidaires des grévistes, faisons nous entendre partout !
COLLECTIF SOLIDARITE USAGERS GREVISTES (CSUG)
Paris le 18 novembre 2007.