Traité européen: résistons à la forfaiture de Sarkozy
Résistons à la forfaiture de Sarkozy
Le retour avec fracas de l’essentiel du Projet de Constitution européenne, rejeté par la majorité des électeurs en 2005, est en cohérence avec les réformes entreprises par le pouvoir. L’intégration européenne est à nouveau accélérée pour constituer un Empire à l’heure de la mondialisation financière du capitalisme.
C’est dans ce but que l’Union européenne poursuit ses attaques contre les conquêtes les plus anticapitalistes du monde du travail (modèle social français basé sur la notion de salaire socialisé et sur les nationalisations comme forme de service public).
Le patronat n’a eu de cesse depuis des années, avec l’appui de tous les gouvernements qui se sont succédé, de remettre en cause un mode de redistribution des richesses tel qu’il avait été imposé à la Libération par le programme du Conseil national de la résistance.
A Lisbonne en 2000 et à Barcelone en 2002, les dirigeants d’alors (J.Chirac, L. Jospin) s’étaient engagés avec leurs homologues européens à réduire les dépenses sociales, à allonger l’âge de la retraite, à ouvrir à la concurrence le secteur de l’énergie, et à poursuivre la privatisation des services publics.
Et pour aller plus loin, tout est fait pour instaurer la primauté du droit européen sur le droit des peuples à décider et à disposer d’eux-mêmes dans le cadre des nations historiquement constituées. Ainsi dans le Traité, prétendument simplifié, subsiste le renforcement de compétences exclusives en matière de politique de l’emploi et de politique étrangère, et des pouvoirs de sanctions à l’égard des Etats récalcitrants.
Le fait de faire disparaître de ce Traité le principe de Constitution (référence à la notion d’Etat européen) ainsi que les symboles religieux, l’hymne et le drapeau, ne le rend pas sur l’essentiel différent du Projet rejeté en 2005.
Le choix politique est clair :
– c’est tout pour le Capital, avec des mesures pour en finir avec le système actuel de retraites et de protection sociale, afin de récupérer cette partie du salaire socialisé qui échappe au Patronat.
– c’est la confirmation de la mise sur le marché concurrentiel de la quasi-totalité des services publics, qui relève de la même logique de démantèlement de notre modèle social. Cela s’étend même à l’enseignement supérieur : la loi Pécresse, contre laquelle luttent aujourd’hui les étudiants, est une étape de plus, après la réforme LMD de Lang et Ferry, dans la transformation d’institutions publiques destinées à donner accès au savoir au plus grand nombre possible en entreprises concurrentielles au service du patronat, cela au nom de l’harmonisation européenne (processus de Bologne, signé en 1999 par Jospin et Allègre)
– c’est la soumission de la politique étrangère de tous les pays membres de l’UE au super gendarme mondial du capitalisme, les USA. Le vote de la France à l’ONU dépendra des décisions prises à Bruxelles. Si cela avait été le cas en 2003, la France aurait participé à l’invasion de l’Irak et collaborerait aujourd’hui à son occupation.
Cela nous conduit à affirmer deux choses :
– la légitimité de Nicolas Sarkozy, élu contre Ségolène Royal et François Bayrou, tout aussi favorables que lui au traité rejeté par les Français, dans le cadre d’un système institutionnel antidémocratique, est sur ce sujet particulièrement contestable.
– dans l’absolu, le mandat donné par le Peuple n’autorise pas ses représentants à entériner un Traité rejeté dans sa substance
Dans tous les cas, il s’agit d’une FORFAITURE. Le PS s’y est associé en annonçant que ses députés et sénateurs ne s’opposeront pas à la ratification du traité, alors qu’il s’était engagé à ne pas soutenir de nouvelle version du traité sans référendum : en votant non, il priverait Sarkozy de la majorité qualifiée des 3/5 au parlement, et l’obligerait à recourir au référendum, ce qui aurait permis au peuple de confirmer son rejet.
L’histoire nous l’a prouvé, à un moment ou à un autre, le Peuple rétablira la vérité, ses droits et sa souveraineté !
L’heure est à la résistance du monde du travail tant sur le plan social, que politique. L’heure est au rassemblement sur des bases claires, élaborées démocratiquement par ceux qui produisent les richesses, les travailleurs. C’est une priorité pour ceux et celles qui veulent changer l’ordre des choses.
Les actions de grève ont toute leur légitimité pour participer à cela en affirmant qu’il n’y a pas de problème de financement des retraites. -la référence à l’équité en matière de droits sociaux ne signifie pas que la volonté populaire revendiquait une régression généralisée, structurée pour répondre aux intérêts du Capital. L’augmentation du PIB (somme des richesses créées par an) permettrait non seulement le maintien des prestations actuelles mais surtout le retour sur les mesures néfastes de Balladur en 1993 et de Fillon en 2003. C’est même une amélioration pour tous qu’il est possible et nécessaire de revendiquer.
C’est une question de choix politique et donc une nouvelle fois d’affirmation de la souveraineté populaire, comme le 29 Mai 2005.
FORFAITURE : Violation par un fonctionnaire public, un magistrat des devoirs essentiels de sa charge (Dictionnaire de l’Académie française).
Source : « Rouges vifs IDF»