Loi MACRON: ils nous enfument avec des SONDAGES BIDONS !
Sondage sur l'accord des Français avec la "Loi Macron" : une carabistouille de plus...
Par Hélène Y. Meynaud, auteure avec Denis Duclos du livre « Les sondages d’opinion », Editions La Découverte, coll. Repères, quatrième édition 2007.
Les 11 et 12 décembre 2014, l’entreprise de sondages ODOXA a réalisé pour i-télé (émission CQFD) un sondage sur un échantillon de 1002 personnes représentatives des Français, posant par internet trois questions censées concerner la loi présentée par le Ministre de l’Economie (appelée improprement Loi Macron, puisqu’elle n’a pas encore été votée). Déjà, il faut savoir que les sondages par internet sont les moins fiables, les plus fiables étant ceux réalisés en « vis-à-vis ».
Ce projet de loi, appelée ironiquement « bombe à Macron [1] » est un concentré fourre-tout des projets les plus fous du MEDEF : qui vont de la suppression du délit d’entrave, au dessaisissement des juges Prud’hommaux, le contrat de travail relevant désormais du droit civil, au remplacement des trains Ter par les autobus. Personne ne connait tous les articles de cette loi, personne n’est donc capable de dire si il est d’accord ou pas d’accord.
La première question :
Portée de la loi Macron sur l’économie française
A propos de la loi Macron qui prévoit d’ouvrir à la concurrence certains secteurs etcertaines professions réglementées et à réformer le droit du travail, en autorisant sous certaines conditions le travail le dimanche, diriez-vous qu’elle est pour l’économie Française
Importante : 36%
Pas importante : 63%
Cette question teste 4 actions différentes avec celle de l’autorisation du travail du dimanche. Qu’est-ce qui est important parmi ces 4 propositions ? Par ailleurs « important » ne signifie pas accord. Ce mot important peut aussi bien signifier « Important par ce que c’est bien » que « important parce que c’est une catastrophe ». Le vocable « important » est choisi pour cela : pour créer un consensus mou.
Par ailleurs, le projet de loi « ne réforme » pas le droit du travail, mais le déconstruit méthodiquement, supprime des protections fondamentales dans le monde du travail.
En ce qui concerne le travail du dimanche, c’est un grand classique. On demande aux personnes interrogées si elles sont d’accord avec le travail du dimanche… pour les autres, pas pour elles forcément. Si on posait la question de manière plus précise : « seriez-vous prêt à travailler le dimanche pour augmenter les profits de votre entreprise », le taux d’accord chuterait grandement. C’est ce qui a été constaté en ce qui concerne le questionnement sur le travail à temps partiel, plébiscité en général, dédaigné pour soi.
La deuxième :
Loi sur le travail du dimanche : régression ou avancée sociale ?
A propos de la loi sur le travail du dimanche, diriez-vous plutôt qu’il s’agit d’une régression ou d’une avancée sociale ?
Avancée 59% (62% des électeurs de droite)
Régression 41% (51% des électeurs de gauche)
Il serait bien intéressant de savoir qui sont ceux et celles qui pensent que c’est une régression. Serait-ce précisément les classes populaires qui assument les tâches dominicales dans le commerce de distribution ? Odoxa ne précise pas.
La troisième, déconnectée des deux autres, demande aux personnes interrogées dans ce sondage de se positionner sur un personnage et non sur des actions à venir :
Avez-vous une très bonne, plutôt bonne, plutôt mauvaise ou très mauvaise opinion d’Emmanuel Macron ?
Bonne opinion 53% (sympathisants de gauche 60%)
Mauvaise opinion 46% (sympathisants de droite 51%)
Cette question teste plutôt le rapport à la personne d’un ministre en exercice, dit de gauche, plutôt que l’avis précis sur chacun de ses projets de restauration d’une société aristocratique.
Comment, à partir de ces trois questions, peut-on affirmer tranquillement que les Français sont d’accord avec la « loi MACRON » ? C’est un pur outil de propagande politique, juste une carabistouille de plus.
[1] Terminologie reprise d’André Chassaigne
Hélène Yvonne Meynaud