[Tribune libre] GRÈCE : soutenir SYRIZA? Certains camarades ne veulent pas s'y résoudre parce que ...
Grèce : soutenir Syriza?
Certains camarades ne veulent pas s'y résoudre parce que ce parti est officiellement pro euro et que son pédigrée eurocommuniste et trotskyste est comparable à celui des groupes tartignoles bien de chez nous issus des "collectifs antilibéraux" de 2006 et autres groupements petits-bourgeois, genre "Ensemble" et autres fariboles. Mais on voit bien déjà qu'il a une autre envergure que les groupes suscités par Bové ou Buffet et que la dimension sociétale soixante-huitarde y a sérieusement rétréci au lavage avec la crise sans fond dans laquelle la Grèce est tombée par la faute des plans de sauvetages.
Je crois qu'il faut le soutenir dans la mesure où ce parti a un programme clair et dont on peut très aisément mesurer s'il l'applique ou pas, et on saura rapidement "si c'est de l'art ( bon, du lard) ou du cochon". Son langage est accommodant avec l'UE et la finance, mais le fond de ce qu'il demande est explosif.
Par ailleurs il ne faut pas oublier que des mouvement progressistes et mêmes communistes ont commencé ainsi sur des pattes de colombe, sur des bases bien peu orthodoxes mais en étant radicaux sur des revendications limitées. Fidel lui même n'était pas encore communiste en janvier 1959. Pour ne pas parler de Chavez.
D'autre part la main tendue aux Russes, qui risque d'enrayer la machine de guerre otanienne, et la participation d'un parti souverainiste de droite sont au fond des garanties paradoxales. Au lieu de s'allier avec la gauche bien pensante social-libérale et le centre gauche pro-euro comme le fait sans un pli le FDG chez nous, ils sont allés chercher une alliance qui ne tient que par la fermeté face à la Troïka.
J'ai l'impression que le groupe dirigeant de Syriza est prêt à aller concrètement au clash et en tout cas plus loin que n'importe quelle formation politique en Europe à l’heure actuelle. Je peux me tromper, c'est sûr, mais je n'ai pas envie de donner l'heure juste deux fois par jour comme une montre arrêtée. Ce qui sera le cas si je traite la situation avec le dédain du revenu de tout sans y être allé.
L'alternative n'est pas de rester assis sur son cul sur des positions pures et dures de manière à pouvoir dire après l'échec, "je l'avais bien dit", ce n'est pas ça qu'on peut appeler une stratégie.
Les hommes de Syriza n'ont pas l'intention de faire la révolution, mais j'apprécie leur manière de remettre à leur place les eurocrates, et s'ils continuent, ils pourraient créer, plus ou moins consciemment une situation révolutionnaire, et, avec le Donbass, c'est la première fois qu'on voit ça en Europe depuis la Révolution des Œillets au Portugal en 1974. Voilà qui est intéressant !
G.Q.
Le 17 février 2015
SOURCE: