ISRAËL : une PLAIE au coeur du Proche et Moyen-Orient (1)
Le 30 juillet 2015.
Pour la troisième fois consécutive, Benyamin Netanyahou le leader du Likoud (droite nationaliste) gagne en mars 2015 les élections législatives. Il disposera ainsi d’une nouvelle période de 5 ans à la tête du gouvernement. Les électeurs israéliens, en majorité des colons surtout de la dernière génération arrivés des pays d’Europe de l’Est, ont affirmé une fois de plus leur volonté de poursuivre la colonisation illégale des terres palestiniennes et le refus de la reconnaissance du droit palestinien à son Etat souverain sur les terres reconnues par les Accords d’Oslo. Occupation et agression militaires, répression policière et apartheid contre le peuple palestinien, maintien du Proche-Orient en état de guerre permanente : ce sont là les choix d’une majorité d’Israéliens faits par l’élection de Benyamin Netanyahou. Le bilan économique et social d’une décennie de gouvernement Netanyahou est pourtant exécrable. La disparité des revenus dans la société israélienne, en forte augmentation depuis le milieu des années 90, a atteint des sommets. En termes d’inégalités, elle n’a d’équivalents dans le monde « avancé » qu’aux États-Unis. Alors qu’une extraordinaire concentration des richesses se trouve du côté de 1% de la population, la pauvreté relative a plus que doublé en deux décennies pour atteindre 21%. La pauvreté infantile a plus que quadruplé sur la même période pour se situer à 28% et plus [1].
Benyamin Netanyahou est parvenu à transformer l’enjeu social et politique d’un système économique très inégalitaire en une problématique sécuritaire et la peur des Palestiniens en s’appuyant sur le soutien des colons extrémistes qui constituent les piliers de la politique colonialiste du gouvernement. Ce sont eux aussi qui constituent la majorité des soldats de Tsahal et occupent de plus en plus des positions de gradés dans l’armée d’occupation israélienne.
Avec l’aveu de Netanyahou à la veille des élections quant à son engagement pour que l’État palestinien ne voie jamais le jour, les États occidentaux ne peuvent plus masquer les véritables intentions de l’État israélien. A défaut d’une reconnaissance de l’État palestinien par les États-Unis et l’Union européenne, il ne reste plus à l’Autorité palestinienne qu’une seule voie diplomatique pour protéger sa population des agressions futures d’Israël : saisir la Cour pénale internationale et faire condamner l’Israël pour ses crimes contre l’humanité !
Destruction planifiée de Gaza
Deux semaines avant sa dernière agression sur la bande de Gaza, trois adolescents israéliens étaient kidnappés. Malgré le démenti du Hamas de toute implication dans cet enlèvement et tandis qu’aucune preuve ni le moindre indice ne désignent le Hamas selon la police israélienne elle-même, le responsable de l’enlèvement des jeunes est tout désigné d’avance par le gouvernement de Netanyahou. Il est vrai que ce crime sert bien l’objectif de déclenchement d’une autre attaque contre les Palestiniens de Gaza.
Déjà des opérations aériennes préalables aux offensives terrestres dans la bande de Gaza ont été organisées, des centaines de membres du Hamas et tous ses responsables en Cisjordanie ont été arrêtés, des raids ont été opérés sur des bâtiments civils et publics à Gaza et neuf civils ont été tués dans des opérations dites de « recherches ». C’est par d’aussi « futiles » raisons qu’a commencé l’offensive la plus longue, destructrice et meurtrière de toute l’histoire sanglante de l’occupation israélienne de la Palestine depuis la guerre de 1946. Jamais une agression n’avait duré aussi longtemps avec un bilan humain aussi terrible : entre le 8 juillet et 27 août 2014, 2.148 Palestiniens ont été tués dont 500 enfants, des centaines de familles sur plusieurs générations ont été pulvérisées dans leurs logements par des missiles israéliens, on compte 20.000 blessés dont 8.900 gravement mutilés, des quartiers entiers anéantis, 134 usines détruites, des écoles et des hôpitaux ont été ciblés, la quasi-totalité du réseau de distribution d’eau potable a été rendu inutilisable. L’objectif recherché par la coalition de droite et d’extrême droite au pouvoir en Israël était de causer le maximum de victimes et de dommages matériels.
Ce bilan humain et matériel est une véritable intention génocidaire de la société israélienne. Ce crime contre l’Humanité était, selon les sondages publics, soutenu par 82% de la population israélienne et ce, pendant toute la durée des opérations. Pire, 44% des personnes interrogées semblaient ne pas être rassasiées de tant de sang versé et en voulaient encore puisque la popularité de Netanyahou a connu une brusque baisse de 44 points à la signature de l’accord de cessez-le-feu ! Clairement, le message qu’envoie l’électorat israélien aux partis gouvernementaux est que seule une politique criminelle contre les Palestiniens est populaire et leur permettra de se faire élire pour gouverner le pays.
Lors des pourparlers de juillet pour un accord de cessez-le-feu et la recherche d’une solution pérenne entre Palestiniens et Israéliens, Netanyahou avait clairement signifié à ses électeurs qu’il n’avait pas l’intention de se soumettre au respect des droit des Palestiniens, ni dans cet accord ni dans aucun autre : « Nous n’accepterons jamais un accord qui nous oblige à renoncer au contrôle de la sécurité des territoires situés à l’ouest du Jourdain ». Cette déclaration réitérait celle d’un député-ministre de Likoud, Ofir Akunis, réaffirmant la position de son gouvernement concernant la restitution des territoires occupés de la Cisjordanie. Ces territoires « sont le berceau de la nation juive » dit-il avant de rajouter : « aucune nation ne renonce à sa patrie », « revenir aux frontières de 1967 serait un suicide national. » Étant donné que ces territoires occupés de la Cisjordanie sont aussi le berceau de l’État palestinien et la condition nécessaire à sa constitution, ces déclarations sont aussi l’affirmation de l’abandon des termes de l’accord historique entre Itzhak Rabin et Yasser Arafat concernant la reconnaissance mutuelle et le droit des Palestiniens à un Etat souverain. La messe est ainsi dite !
Avec une société israélienne où la violence contre la population autochtone est institutionnalisée sous toutes ses formes, une population formée à vivre dans un état de guerre permanente avec un État militarisé depuis 70 ans d’un côté, et d’un autre côté un accord mal ficelé et imprécis sur les questions fondamentales, il y a tous les ingrédients d’une nouvelle agression israélienne contre ce territoire. Ban Ki-Moon, le Secrétaire général de l’ONU, a fait preuve de lucidité quand il affirmait au lendemain de la signature de l’accord de cessez- le-feu :
« Tout effort de paix qui ne s’attaquerait pas aux causes profondes de la crise ne ferait que préparer le terrain à un nouveau cycle de violences… Gaza doit revenir sous le contrôle d’un gouvernement palestinien unique et légitime adhérant aux engagements de l’OLP, le blocus de Gaza doit prendre fin. »
par Panthéa Kian, membre du Conseil national du Parti de l’émancipation du peuple.