Alain Guinot, ancien secrétaire confédéral CGT et directeur de la NVO, collaborateur de Georges Séguy de 1978 à 1982 a bien voulu nous parler de Georges le militant, le combattant
Georges Séguy est décédé, adhérent de l’ARAC de longue date, combattant de la paix, l’ancien résistant, déporté, secrétaire général de la CGT de 1968 à 1982 a marqué par son courage et sa détermination le mouvement ouvrier français.
« Avec la disparition de Georges Séguy, c’est une page majeure du mouvement ouvrier qui se tourne.
Georges, c’est d’abord une confiance inébranlable dans l’Homme, prenant toujours ce qu’il a de meilleur en lui et gardant l’espoir chevillé au corps, y compris dans les heures les plus sombres.
Déporté à Mauthausen à 17 ans, il fera partie de la minorité libérée ! Il s’en forgera des convictions qui marqueront sa vie et ses actes jusqu’à son dernier souffle.
Il avait dit récemment « il ne suffit pas de s’indigner, il faut s’engager ».
C’est ce qu’il a fait en s’engageant dans la résistance, dans une imprimerie. Ce qui lui valut son arrestation sur dénonciation.
Je me souviens de cette phrase qu’il aimait à répéter au fil du temps, quand les choses allaient mal, que le doute nous assaillait tous.
« L’Homme ne supporte jamais indéfiniment la barbarie, il finit toujours par en triompher ».
Il a toujours considéré que seules la résistance et la lutte pouvaient frayer un chemin vers le meilleur. Mais il fallait pour cela, savoir s’unir et se rassembler sur l’essentiel, mettant de côté les divisions subalternes.
Ce sont ces principes qui l’ont animé quand la course effrénée aux armements faisait peser sur l’humanité un danger mortel. Ni Pershing, ni SS20, c’est cette clameur qu’il a su faire lever en créant l’appel des cent qui donnera lieu à un immense rassemblement au début des années 1980. Pour en arriver là, il a su, avec ses principes, rassembler des personnalités de tout horizon…
Cette mobilisation a marqué un coup d’arrêt à la course aux armements.
Cette capacité à catalyser des énergies dans le monde intellectuel et artistique, serait bien nécessaire pour contrer les va-t’en guerre d’aujourd’hui comme BH Lévy !
Cet attachement au rassemblement se conjuguait dans le respect de la diversité et du débat ! Préférant la confrontation directe même rude, à l’esprit de clan et de compromission.
Syndicaliste et communiste, il a toujours voulu conjuguer ce double engagement en considérant les deux avec leur utilité propre. Révolutionnaire, il savait qu’un parti communiste fort était indispensable à la transformation de la société. Syndicaliste, il savait que, cet objectif ne devait pas conduire à faire l’impasse sur les revendications du monde du travail.
En 1968, jeune secrétaire général de la CGT, il s’efforce d’affirmer la présence active du monde du travail et de la CGT.
Cela ne l’a pas empêché d’avoir un regard critique sur une certaine distanciation entre la jeunesse et la CGT, et plus globalement sur la non prise en compte de la transformation du salariat.
C’est à partir de cette analyse critique et à la lumière de ces expériences, qu’il envisage et met en mouvement des transformations dans la CGT.
Une CGT profondément de classe et de masse !
Il faut pour cela que la CGT soit résolument tournée vers la jeunesse. Il créé en 1969 le Centre Confédéral de la Jeunesse à qui il donnera carte blanche pour « bousculer la CGT ». Il commence à réfléchir aux contours d’une CGT indépendante, démocratique et unitaire !
Il s’efforce de donner une place à toutes les sensibilités, politiques, philosophiques et religieuses.
En 1978, le 40ème congrès de la CGT à Grenoble adoptera majoritairement des dispositions audacieuses dans les domaines de la démocratie, de l’indépendance et de l’unité, en adoptant le principe d’un comité national d’unité d’action permettant aux organisations syndicales différentes de travailler ensemble de manière permanente.
Malheureusement, la CFDT engagée dans son recentrage ne donnera pas suite.
Et le débat interne CGT sous influence politique empêchera sa mise en œuvre au sein de celle-ci.
Georges conduira son mandat jusqu’en 1982, congrès de Lille qu’il clôturera en lançant un vibrant appel à la jeunesse en lui criant ! « Envahissez-nous ! »
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