Respect ! MÉLENCHON n'est pas assez bien pour eux ! [Tribune libre de G.Q.]
Dans les discussions en ce moment on note que des communistes membres du PCF ou non sont très remontés contre Mélenchon et sa candidature. Cela n’a pas beaucoup d’importance parce qu’à notre grande honte le courant communiste français est d’une insigne faiblesse. Et d’ailleurs les uns finiront toujours par faire ce que la direction leur demande, c'est-à-dire par voter pour le PS, et les autres continueront à « reconstruire le parti » si c’est bien cela qu’ils font.
Je crois que ces réactions tablent sur l’ignorance délibérée ou non du fait que Mélenchon a une certaine chance de qualifier pour le deuxième tour, et donc s'il est opposé à Marine Le Pen de gagner l’élection présidentielle. Gagner, effectivement ce n’est plus trop dans nos habitudes, depuis la mort de Joseph Staline. Ce qui apporterait pourtant du nouveau.
A la base Mélenchon n’est pas à distinguer des cas politiques de Corbyn, Sanders, Iglesias, Tsipras avant sa trahison. Un politicien social-démocrate parait radical et dans une certaine mesure l’est effectivement dans un monde capitaliste qui rejette avec mépris les propositions sociale-démocrates, dans un ordre politique dirigé par une oligarchie intégrée qui ne veut rien lâcher, qui au contraire veut mettre le monde à sac. Mais l’obstination, la rigidité, la démesure et la bêtise du camp capitaliste et impérialiste, et des intellectuels qui orientent sa stratégie sont telles qu’ils sont bien capables de provoquer une révolution par leurs réactions hystériques et maladroites à la victoire électorale d’un de ces politiciens.
Notre base arrière réside dans les contradictions de nos adversaires.
Fondamentalement ces camarades qui répugnent à voter Mélenchon se trompent, non en ce qu’ils auraient tort de se méfier de lui, mais en ce qu’ils refusent de prendre le moindre risque politique. Il se trouve que Mélenchon peut devenir un Tsipras-bis. Mais il ne le deviendra pas forcément non plus. Il peut aussi devenir un Chavez.
Ces camarades, quand ils sont au PCF, veulent soutenir une candidature communiste. La candidature estampillée communiste, sachant qu’elle ne peut pas venir des rangs clairsemés des militants qui relèvent de l’opposition interne marxiste vaudra-telle mieux que celle de Mélenchon ? Chassaigne voudra-t-il sortir de l’OTAN ? Laurent voudra-t-il suspendre les traités européens ? Pas sûr pas sûr ! Mais au moins, elle offre la garantie de ne pas figurer au deuxième tour !
Quand ils en sont sortis, ils veulent reconstruire le parti. Qu’attendent-ils alors pour le faire ? Et en quoi la candidature Mélenchon les en empêcherait-elle ?
Ce ne sont que faux-fuyants qui servent à justifier l'absence d'action. Mélenchon offre une occasion, et si le peuple s’en saisit, l’apprenti sorcier devra s’accrocher ferme pour ne pas être dépassé par la situation qu’il aura lui-même contribué à créer. Dans de telles circonstances l’attitude de splendide isolement (celle du KKE grec) est certainement la plus mauvaise de toutes qu’un communiste pourrait choisir. Je veux dire un communiste réellement agissant, et non un identitaire qui ne fait que jouer avec les mots en petit comité.
Gilles Questiaux (GQ)
Le 22 octobre 2016
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