Strasbourg veut contrer la « propagande russe ». [RUPTURES]
Strasbourg veut contrer la « propagande russe »
L’Union européenne devrait renforcer sa « contre-propagande » contre les campagnes de « désinformation » russes, ainsi que celles des djihadistes. C’est le sens du rapport rédigé par l’eurodéputé Anna Fotyga, qui fut ministre des Affaires étrangères (PiS) de Pologne en 2006-2007. Le document a été endossé le 10 octobre par la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée de Strasbourg.
Il plaide pour renforcer une unité créée il y a un an, baptisée Force de communication stratégique (StratCom) et composée de diplomates et d’experts chargés de repérer et de « déconstruire » ce que Bruxelles nomme les mythes et les mensonges concoctés et répandus par Moscou. Cette force devrait devenir une entité à part entière au sein du Service diplomatique européen, plaide le document, moyennant des effectifs propres et stables reposant sur un financement adéquat.
Pour Mme Fotyga, il y a urgence du fait de l’« extension rapide des activités inspirées par le Kremlin en Europe » qui visent à « maintenir ou accroître l’influence de la Russie, et à diviser l’UE ». Dans le viseur du rapport : les « immenses ressources des activités de propagande russe », telles que les télévisions en plusieurs langues à destination de l’extérieur, des « pseudo-agences de presse », le financement de « think-tanks » russes installés dans des pays de l’UE voire de partis politiques nationaux.
Le rapport propose par ailleurs le lancement d’un audit sur de grands projets médiatiques subventionnés par Bruxelles, comme la chaîne multilingue Euronews. Le service en langue russe de cette station pourtant très europhile serait en passe de devenir… un outil caché de propagande du Kremlin, s’inquiètent certains cercles européens.
La rédactrice, sans doute pour attirer l’attention des diplomates ouest-européens, signale par ailleurs que d’autres régimes, comme l’Iran, les « dictatures arabes » ou même la Turquie usent de fourberies médiatiques comparables. De même que le groupe Etat islamique, qui vise à propager la « haine contre les intérêts et les valeurs européens ».
Au fond, pourrait-on conclure du rapport adopté par les eurodéputés, il n’y a guère que les États-Unis d’Amérique pour n’avoir jamais imaginé de propagande à destination de pays européens, financé des médias, mis en place des réseaux d’influence, ou répandu des mensonges justifiant la politique étrangère américaine. C’est au moins une consolation.
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