Élection de Trump : la démondialisation balbutiante
Communiqué de Jacques Nikonoff
Le 9 novembre 2016
Il y a quelque chose de jouissif dans la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine. C’est la panique qu’elle provoque chez les élites, la caste, les importants et les suffisants. Les journalistes vedettes des grands médias, chiens de garde du système, les économistes à gage qui récitent le bréviaire néolibéral, les politiciens mondialistes de gauche et de droite, beaucoup d’intellectuels drapés dans leur posture morale, tous sont tombés de l’armoire. Cela fait plaisir à voir !
Cela montre simplement que le peuple ne les intéresse pas, qu’ils ne le comprennent pas et ne veulent surtout pas le comprendre. Pour tous ces gens biens, le monde se divise désormais entre ceux qui sont instruits, et qui ne peuvent qu’être favorables à la mondialisation, à l’évolution des mœurs, au multiculturalisme…, et les incultes qui restent congelés dans leurs identités frustres, leurs routines, leur horizon borné.
Tous ces perroquets et perruches qui squattent les antennes de radio et télé matin midi et soir n’ont qu’un mot à la bouche : « populisme ». Un mot qu’ils ne définissent jamais et qui leur sert à masquer leur inculture sociale, historique et politique, leur paresse intellectuelle, leurs préjugés et leurs idées reçues. À aucun moment ils ne cherchent à comprendre ce qu’il se passe en profondeur dans la société. Ils ont traité Trump de « fasciste », de nouvel « Hitler », de « bouffon », de « clown »…
Or, la victoire de Trump est à mettre en lien avec le référendum sur le Brexit (en train d’être remis en cause par une alliance entre les conservateurs et le Parti travailliste). À mettre en lien, aussi, avec le référendum en Grèce, trahis, lui aussi (par Monsieur Tsipras). À mettre en lien avec la montée des votes contre l’Union européenne, partout sur notre continent. Et à mettre en lien, en France, avec le vote FN.
La meilleure synthèse vient pour moi du Wall Street Journal de ce matin qui titre « Trump chevauche la vague populiste ». Si on remplace « populiste » par « démondialisation », nous avons probablement capté l’essentiel du phénomène qui s’est produit outre-Atlantique. Le peuple rejette désormais de plus en plus la mondialisation.
Mais nous en sommes à une phase balbutiante, où le peuple n’en est pas encore à une claire compréhension qu’il s’agit de la mondialisation néolibérale. Le peuple américain, comme le peuple britannique, agit un peu comme les canuts qui se révoltaient au premier tiers du XIXe siècle, se vengeaient de leurs maîtres, sans analyse des causes de leurs malheurs et des issues possibles.
Si j’étais américain des États-Unis, je n’aurais voté ni pour Donald Trump, ni pour Hillary Clinton. Celle-ci est un faucon, une représentante directe en politique du big business et de Wall Street. Donald Trump quant à lui, outre ses travers personnels, n’a pas de véritable projet cohérent et efficace de démondialisation. Le peuple l’a choisi pour « faire bouger » le système, c’est tout, parce qu’il n’avait rien d’autre sous la main. Car les classes populaires, qui autrefois étaient représentées politiquement par la gauche, s’en sont détourné. Nous sommes même à la fin d’un cycle, celui né au XIXe siècle avec le clivage gauche-droite.
J’aurai voté carton rouge, comme font les arbitres de football lorsqu’ils veulent sortir du terrain des joueurs ayant commis des fautes. Bien sûr, il se serait trouvé de bonnes âmes pour expliquer que tel candidat est moins pire que l’autre. Mais peut-on raisonnablement continuer ainsi, à voter toujours par défaut, en choisissant le moins pire ? Mieux vaut délégitimer les candidats qui n’offrent aucune véritable perspective politique.
Telle est la tâche exaltante à accomplir : créer le nouveau monde qui tente, confusément, de se frayer un chemin. Fabriquer les outils politiques qui pourront y contribuer est la vocation du Parti de la démondialisation (Pardem), c’est le sens de ma candidature à l’élection présidentielle.
J.N.
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