Jean-Marie PERNOT : "Seules les GRÈVES font plier les GOUVERNEMENTS"
Jean-Marie Pernot est politologue. Ce chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) est un spécialiste du syndicalisme. Précarisation du travail, remise en question du salariat, chômage endémique : les défis sont énormes pour les syndicats qui ont du mal à trouver des réponses adaptées à la nouvelle donne.
Siné Mensuel – Continental, Air France, on voit de plus en plus souvent des militants syndicaux condamnés pour des faits de violence. Existe-t-il une volonté de criminaliser l’action syndicale ?
Jean-Marie Pernot – Il y a un durcissement, paradoxal sous un gouvernement de gauche, encore que… Mais il a démarré sous Sarkozy pendant le conflit des retraites, en 2010. Des militants ont alors été arrêtés, leur ADN prélevé et inscrit au fichier mis en place pour les délinquants sexuels ! Pour une affiche placardée sur une banque, se retrouver dans ce fichier, c’est totalement ridicule. Les violences dans le mouvement ouvrier n’ont rien de nouveau.
On a un patronat qui n’est pas spontanément ouvert à la négociation collective. Quand les gens ont l’impression qu’on se fout de leur gueule, il y a parfois des débordements. En général, ça se règle par la force publique, puis par la négociation qui finit par s’imposer à l’intérieur de l’entreprise. Très souvent, si on en vient à la violence, ce n’est pas au nom d’objectifs révolutionnaires, c’est parce qu’on n’a pas d’interlocuteur.
En fin de course, les employeurs retirent souvent leur plainte, comme l’ont fait Air France et Goodyear. C’est l’État qui a poursuivi l’action en justice avec l’intention claire de montrer aux syndicats où était la limite de leur rôle.
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