Mélenchon sur Macron : « Un grand bourgeois qui ne connaît rien à la vie »
Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron cherchent tous deux à s'adresser aux habitants de banlieue. Quand le fondateur d'En Marche défend le travail indépendant, qui vaudrait mieux que "dealer", le patron du Parti de gauche y voit le signe du "mépris".
Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron lorgnent tous deux sur l'électorat de banlieue. Avec des solutions opposées... Quand le candidat de la France insoumise à la présidentielle prône des augmentations de salaires et des CDI, soit le discours traditionnel de la gauche sur la banlieue, son rival d'En Marche défend le développement du travail indépendant, notamment pour le géant des VTC Uber : "Allez à Stains (en Seine-Saint-Denis, ndlr) expliquer aux jeunes qui font chauffeur Uber de manière volontaire qu'il vaut mieux tenir les murs ou dealer", déclarait Emmanuel Macron à Mediapart en novembre dernier. "Notre défaite collective, c'est que les quartiers où Uber embauche, c'est des quartiers où nous, on ne sait rien leur offrir (...) La vérité, c'est qu'en effet, ils travaillent parfois 60 ou 70 heures pour toucher le Smic. Mais ils rentrent dans la dignité", avait fait valoir l'ex-haut-fonctionnaire.
Invité de France Inter ce mercredi 4 janvier, Jean-Luc Mélenchon a réagi sur le sujet. Pointant dans le discours de Macron le symbole du "mépris" dont serait empreint l'ancien ministre de l'Economie : "C’est un propos méprisant de grand bourgeois qui ne connaît rien à la vie, car un chauffeur Uber ne gagne même pas le Smic. Il ne le sait pas." Le député européen pointe, lui, les conditions de travail difficiles de ces chauffeurs : "Un chauffeur Uber n’a pas de protection sociale et les chauffeurs Uber manifestent maintenant pour que leurs contrats de travail soient transformés en contrats de travail précisément, et pas simplement en travailleurs indépendants surexploités".
"Un point de vue absolument écoeurant"
Jean-Luc Mélenchon considère en outre qu'Emmanuel Macron se fourvoie en évoquant le trafic de drogue en banlieue : "S’imaginer que les jeunes gens dans les cités dealent du shit, c’est un point de vue absolument écoeurant". Et de poursuivre en mettant en avant les discriminations à l'embauche subies selon lui par les habitants de banlieue : "Dans les cités, des milliers de familles s’épuisent pour que leurs enfants fassent de bonnes études et des milliers de jeunes gens font de bonnes études, réussissent à l’école, et ensuite sont repoussés à cause de leur adresse ou de leur nom."
L'ex-leader du Front de gauche conclut en se posant en candidat de la France d'en bas, quand son rival incarnerait la déconnexion des élites : "C’est ça à quoi devraient s’intéresser les grands bourgeois au lieu de regarder de haut les gens qui vivent différemment d’eux". Soit... précisément ce que prétend faire Emmanuel Macron. Pour l'un comme pour l'autre, le premier défi consistera à mobiliser cet électorat. Aux élections régionales de 2015, l'abstention a atteint entre 65 et 80% dans les quartiers populaires.
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