Mort de Mario SOARES : Les éloges ne peuvent pas réécrire l’histoire ! [par Odiaro Info]
Avec la mort de Mario Soares le 7 janvier dernier, chacun a pu entendre le concert de louanges des médias du système capitaliste, à la gloire de celui qui a été premier ministre puis président, qui au Portugal a été l’un des principaux militant de la liquidation de l’espoir de la révolution d’Avril. C’est ainsi que les éditocrates déversent un torrent d’horreurs et de mensonges imbéciles (« père de la démocratie portugaise », « principal opposant à Salazar », « initiateur de la Révolution des Œillets ») pour célébrer celui a été un fidèle serviteur du système capitaliste, tentant de réécrire l’histoire, et de masquer que les pères de la révolution des œillets, et de l’espoir d’Avril sont Vasco Gonçalves, Alvaro Cunhal, et le parti communiste portugais. www.initiative-communiste.fr donne la parole à nos amis lusitophones éditorialistes d’Odiaro.info avec Miguel Urbano Rodrigues pour rétablir la vérité historique. Dans un communiqué du 7 janvier 2016, le Parti Communiste Portugais souligne s’agissant de Mario Soares » son rôle de premier plan dans la lutte contre la Révolution émancipatrice d’Avril et ses réalisations, y compris la souveraineté nationale. »
Mario Soares : Les éloges ne peuvent pas réécrire l’histoire ! [par Odiaro Info]
Une vie politique si longue et avec une trajectoire si contradictoire conduit à faire le bilan de Mario Soares lequel, en considérant tous les aspects, a été négatif. Bien sûr si on veut évaluer sa place dans l’histoire, il est un fait que pour notre peuple et notre pays il est plus important que tout autre. Si le 25 Avril 1974 est l’événement le plus important de notre histoire actuelle, il ne faut pas oublier que Mario Soares a été l’un de ses adversaires et le plus acharné, le plus éminent ; Vasco Gonçalves et Álvaro Cunhal (premier ministre de la révolution des œillets et dirigeant du Parti Communiste Portugais) le désignent même comme le premier responsable de la contre-révolution portugaise.
On doit se souvenir de lui comme quelqu’un qui, dès le premier jour, a parié que la révolution Avril ne surmonterait pas les limites d’une révolution bourgeoise. Cette conquête de la liberté politique n’a pas apporté les changements économiques, sociaux et culturels qui feraient en sorte qu’avec le renversement du régime fasciste, les travailleurs et le peuple portugais puissent ouvrir la voie à une société non seulement libérée de l’oppression, mais aussi qu’ils soient libérés de l’exploitation, de l’inégalité, de la dépendance et l’arriération, que les peuples des colonies portugaises puissent conquérir l’indépendance nationale effective.
Cette perspective a alarmé le grand capital national et transnational. Mario Soares a été considéré comme l’un des interprètes politiques centraux de cette alarme. Conspirant, s’alliant et étant soutenu par les secteurs les plus réactionnaires de la droite et de l’impérialisme, il a travaillé sans relâche pour diviser les forces progressistes civiles et militaires. Reprenant les slogans les plus réactionnaires, se faisant le porte-parole de l’anticommunisme le plus dangereux, primaire et fanatique. Il n’y a pas un coup contre-révolutionnaire dans lequel il n’a pas été directement ou indirectement impliqué, non seulement au Portugal, mais aussi en Afrique. Il a donné une couverture et une justification politique à l’offensive terroriste de l’extrême droite.
Circonscrivant le flux révolutionnaire par le coup d’État du 25 Novembre 1975 (ce qui a été sur le point de conduire à une guerre civile), Mario Soares a assumé la tâche comme Premier ministre, de détruire et d’inverser, avec son gouvernement, des changements majeurs toutefois déclenchés par la créativité étonnante du mouvement révolutionnaire conduit par les masses : les réforme agraires , la nationalisation, les droits pour le peuple et les travailleurs. Soutenant les amendements constitutionnels successifs de droite qui cherchaient à retirer de la Constitution les garanties de la défense des acquis révolutionnaires. Son action destructrice néfaste culmina avec le processus d’adhésion à la CEE ( Union Européenne), instrument décisif de la soumission du Portugal au grand capital transnational.
C’est bien dans ces termes que Mario Soares a marqué les années 70 et 80 du siècle dernier dans notre pays. Déclenchant des décennies de droite, des décennies de régression sociale et démocratique, des décennies de subordination et de dépendance nationale.
Si son rôle apparaît ensuite par certains aspects moins négatifs, c’est principalement dû au fait que les politiques et les acteurs politiques qu’il a introduit et dont il a été le pionner ont encore réussi à aggraver la politique et de l’action qu’il a initiée. Il était, en tant que Président de la République, moins mauvais que comme premier ministre. Mais il n’a jamais abandonné les principes de base de son choix politique et idéologique : l’alliance avec le grand capital et l’impérialisme, être prêt à agir contre tout projet de transformation anticapitaliste partout où il pouvait jouer de son influence, en particulier dans le contexte de l’Internationale Socialiste.
Sa place dans l’histoire est, pour l’essentiel, celui qui a combattu avec ténacité pour liquider et éteindre l’espoir d’Avril, celui de la Révolution des Œillets. Quelqu’un dont le travail a ouvert la voie et a ouvert les politiques qui ont conduit le Portugal à la situation si douloureuse qui est la sienne actuellement.
Aucun éloge ne peut réfuter cette réalité historique.
Les éditorialistes de odiario.info
Traduction depuis le portugais par JBC
SOURCE:
Les commentaires de Jean Lévy :
« Le Monde », dans son édition du 10 janvier 2017, consacre une page entière à celui que les médias qualifient de « père de la démocratie portugaise ». En fait, à la veille de la Révolution ses Œillets, l'ayant rencontré à Paris, je le trouvais très éloigné de la réalité portugaise avec laquelle j'avais contact, la CGT m'ayant chargé depuis 1972, de faire le lien avec les syndicats clandestins.
La sédition militaire des « capitaines » aboutira, fort du soutien du Parti Communiste Portugais, engagé depuis 40 ans dans la résistance active, et par le soutien massif du peuple, au 25 avril 1974, la libération à laquelle ni Mario Soares, ni le PS portugais né depuis peu en Europe, n'ont pris part.
Par contre, dès l'été 75, le dirigeant socialiste et son organisation furent utilisés comme « fer de lance » contre le processus révolutionnaire et le PCP par la CIA dont l'ambassadeur US à Lisbonne, Carlucci, était la tête pensante, inquiets de la tournure des évènements et les dirigeants européens.
Le témoignage de Jean Lévy , qui assurait, pour la CGT, le lien avec les syndicats clandestins portugais sous la dictature de Caetano, et qui était présent le 1er Mai 1974 à Lisbonne EN LIEN CI-DESSOUS :