Les neuf erreurs de Mélenchon qui lui ont barré la route de la présidence
Ces critiques sont à entendre dans un esprit constructif. Si Mélenchon avait suivi ce genre de conseil, il aurait peut-être fait moins bien. Mais il aurait peut-être fait bien mieux.
Et perdre à 15 ou à 19%, quelle différence quand on voulait vraiment gagner ?
Mélenchon et la France Insoumise ont d'ailleurs encore une carte à jouer avec les législatives, et ils pourraient bien décrocher de nombreux élus, vu la décomposition générale du paysage politique, et le peu de crédibilité du machin macronien censé le remplir intégralement.
On ne peut pas vraiment leur reprocher comme le fait le PCF d'être uniquement une stratégie marketing, comme l'est "En Marche", et d'ailleurs si le marketing ça marche il ne faut pas hésiter à en faire pour la bonne cause, et le PCF quand il était encore communiste n'a jamais manqué d'esprit pratique pour retourner contre elle les techniques de propagande de la bourgeoisie (en plus de Pif le chien, il avait même sorti un journal de jeunesse destiné à concurrencer "Salut les Copains : "Tous les garçons et les filles"!).
Mais le grand coup d'audace pour se saisir du pouvoir politique, la surprise stratégique, a manqué, de peu. 19.6% finalement ce n'était pas assez (je croyais quant à moi que 17 ou 18% suffirait pour le second tour, mais mes calculs ont été déjoué par la manœuvre Hamon, qui contrairement à ce qu'on pourrait croire a terminé trop bas, voir ci-dessous).
Mélenchon a fait une campagne remarquable, mais il n'a pas gagné. Quand s'est-il trompé ?
Il n'aurait pas dû :
1) Prendre de haut le PCF ses militants après qu'il ait obtenu leur soutien, de justesse, en octobre 2016. On peut penser qu'ils l'ont mérité, il n'empêche que les quelques centaines de milliers voix qui ont manqué, c'était peut-être celles-là.
2) Placer en chapitre prioritaire du programme la réforme institutionnelle, aux dépens des aspects sociaux, et les avoir insuffisamment étayés sur le plan économique. "Chiffrer le programme ", ça ne suffit pas. Et, franchement, le vote blanc, le droit de vote à 16 ans, la proportionnelle, et même la révocabilité, ça intéresse qui ?
3) Participer à la curée médiatique organisée contre Fillon, bien plus malhonnête que Fillon lui-même, sans comprendre que la meute pouvait se tourner contre lui instantanément. Et ça n'a pas raté.
4) Parler aimablement aux médias. Leur indignation envers lui étant sa meilleure publicité.
5) Hésiter à défendre la révolution latino-américaine contre les caricatures. Qu'est-ce que ça lui coûtait de dire, "le Venezuela n'est pas une dictature » ? Marchais n'a jamais hésité à défendre l'URSS face à ce genre d'attaque, pourtant plus difficiles à démonter en l'absence de pluralisme politique là-bas, et ça ne lui a jamais coûté une voix. Les médias ont senti la faille et ont martelé efficacement pendant la dernière semaine de campagne
6) Rétropédaler sur l'Europe la dernière semaine : "ne les croyez pas quand ils disent que je veux quitter l'Europe". Ah bon ? C'est bien dommage. Je me suis senti tout con quand j'ai entendu ça.
7) Terminer sa campagne par une visite organisée dans le bobo-land de l'Est parisien, ce qui ne servait strictement à rien. Il aurait dû aller à Belfort, pour démasquer l'arnaque Macron avec les travailleurs d'Alstom, à Belfort.
8) Ménager Hamon. Lorsque la primaire socialiste le lui a mis dans les pattes, il a joué la montre et minimisé les divergences en espérant récupérer un vote utile de gauche, et il y est parvenu, au prix d'une modération malvenue sur la politique internationale, en fin de campagne, et en laissant une ouverture aux tentatives de sabotages venues du PCF estampillées "Union de la Gauche".
9) Se tromper d'adversaire : il a tiré sur l'ambulance Fillon, pourtant son meilleur adversaire en cas de second tour, et il a ménagé Macron pour prendre Hamon en tenaille. Ce dernier coup a trop bien marché, et Macron a trop monté. S'il avait laissé plus d'espace politique à Hamon, il aurait moins gagné de voix de ce côté, certes mais il aurait pu réellement pilonner l'UE pour attaquer du côté où se trouvait sa vraie réserve de voix pour les deux tours : abstention, FN, et vote de la classe ouvrière, tout en diminuant la fuite vers Macron de la "gauche de droite" pro européenne, de manière à empêcher la percée de ce dernier.
Si on transfère 5% de Macron vers Hamon, 5% de Mélenchon vers Hamon, et 5% de Le Pen vers Mélenchon, on trouve : Fillon, 20%, Mélenchon : 19.5%, Macron 19%, le Pen 16.5% et Hamon 16.5%. et Mélenchon gagnait le second tour. C'était là le "trou de souris par où il pouvait passer", et non par la manœuvre de faire voter toute la "gauche" pour lui alors qu'elle n'a jamais été aussi discréditée dans le pays (à 28% en comptant les Poutou).
On ne peut s'empêcher de penser que le candidat de la "France Insoumise" a payé le prix d'un certain flottement dans ses convictions en fin de campagne. Un peu d'esprit bolchevique lui a sans doute manqué. Lénine a dissous la Constituante, et Staline a signé le pacte germano-soviétique, Deux transgressions qui étaient absolument nécessaires en leur temps, mais à leur place Mélenchon aurait-il été de taille pour les assumer ?
Gilles Questiaux
Le 15 mai 2017
SOURCE :


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