Nicolas Duvoux : « La tendance est à la sortie des compromis égalitaires mis en place après 1945 »
Par Alizé LACOSTE JEANSON
Le 23 mai 2018
Nicolas Duvoux est professeur de sociologie à l’université Paris-VIII et écrit pour le site La vie des idées, dont Le Comptoir relaie régulièrement les publications. Il est également membre de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale. Il a publié plusieurs ouvrages sur le sujet et porte un regard critique sur les politiques sociales menées en France depuis les années 1980 notamment. Des mesures qui, plutôt que de renforcer le système de Sécurité sociale, annulent le principe de solidarité qui présidait à sa mise en place et font s’accroître l’ostracisation des plus vulnérables.
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Le Comptoir : On entend souvent des éditorialistes ou des “experts” dire que les inégalités n’augmentent pas tant que ça en France. Pour appuyer leurs propos, ils se réfèrent au coefficient de Gini qui indique qu’elles auraient même baissé entre les 10 % les plus pauvres et les 10 % les plus riches. On assiste cependant à une remontée générale des inégalités dans les pays dits “développés” qui, pourtant, n’ont jamais été aussi riches. Que penser de cette ambivalence ?
Nicolas Duvoux : Elle renvoie assez directement aux problèmes de définition et de mesure des inégalités. Il y a plusieurs indicateurs (Gini, rapport entre plus riches et plus pauvres, taux de pauvreté). Il y a aussi plusieurs ressources : revenus mais aussi patrimoine (beaucoup plus inégalitaire que les revenus), ressources non monétaires (diplômes, santé, etc.) L’important est de saisir la dynamique et celle-ci est assez claire, quel que soit l’indicateur. Nous avons connu, dans la première phase d’industrialisation jusqu’à la fin du XIXe siècle, ou, pour aller au plus loin, jusqu’au début de la Première Guerre mondiale, le développement d’inégalités de très grande ampleur : le patrimoine notamment était très concentré entre quelques mains [...]
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