Le « pourtoussisme » a-t-il dévoré le SOCIALISME ? le philosophe Jean-Claude MICHÉA sur France-Culture

Comment « le loup de Wall Street » est entré dans la « bergerie socialiste » ou l'abandon du peuple par la gauche. On en parle avec le philosophe Jean-Claude Michéa, auteur de l'essai « Le loup dans la bergerie ».
Qu’est ce qui nous unit encore quand le seul espace commun est celui régi par le droit? Dans la lignée de ses précédents essais, Jean-Claude Michéa analyse l’irruption du capitalisme dans le socialisme, l’entrée du « loup de Wall Street » dans la «bergerie socialistes», de cause à effet.
Philosophe critique, « Rouge-brun » pour les uns, socialiste conservateur pour les autres, Jean-Claude Michéa est opposé à cette gauche « droit-de-l’hommiste », acquise au progrès qui a abandonné le peuple, le dernier représentant de cette Common decency dont parlait George Orwell.
Le slogan du libéralisme et notamment de gauche, c’est : mon corps, c’est mon choix et ça ne vous regarde pas. Mon temps, c’est mon choix, ça ne vous regarde pas. Mon argent, c’est mon choix, ça ne vous regarde pas. C’est vrai dans certaines limites parce que sinon on est dans un système totalitaire. Mais à partir de quel moment, l’usage que je vais faire de mon temps, de mon corps, de mon argent, va détruire la vie commune ? Prenons l’exemple du dimanche : le libéral dit : ‘je ne vous empêche pas de travailler le dimanche, si vous voulez vous reposer le dimanche, c’est votre problème, moi j’ai envie de travailler. En quoi ça vous regarde, je ne gêne personne. Je ne nuis à personne. Mais au fur et à mesure que dimanche devient un jour comme les autres, tous les rythmes collectifs se désynchronisent. La vie sportive, familiale et associative deviennent de plus en plus complexes à mettre en œuvre, et on s’aperçoit au bout de quelque temps que toutes ces décisions présentées comme privées finissent par modifier la vie commune, la re-sculpter. Si vous n’avez pas fait ces choix, vous allez être confrontés à des difficultés et des problèmes presque insurmontables.
Anti-capitaliste revendiqué, l’auteur de L'Empire du moindre mal : essai sur la civilisation libérale,(Flammarion, coll. « Climats », 2007) et de Notre ennemi, le capital (Flammarion, coll. « Climats », 2017) revient aujourd’hui avec Le loup dans la bergerie (Flammarion, coll. «Climats», 19/09/2018).
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