ALLEMAGNE : harcèlement contre le journal marxiste "Junge Welt"
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Les journalistes du journal marxiste allemand « Junge Welt » luttent pour leurs droits.
La persécution des communistes en Allemagne a malheureusement une longue et persistante tradition. Après l’interdiction du parti communiste (KPD) en 1956, l’Allemagne de l’Ouest, où les communistes étaient hors-la-loi, a non seulement empêché les communistes d’enseigner mais même de travailler comme employés de la poste. Cette chasse aux sorcières se poursuit aujourd’hui. En mars dernier, on apprend officiellement que des membres du parti communiste ont été mis sur écoute par le contre-espionnage allemand. Le journal marxiste « Junge Welt », classé comme extrémiste par le bureau allemand de protection de la constitution (service de contre-espionnage Verfassungsschutz), s’est attelé à la lutte pour les droits politiques.
À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, la ministre fédérale allemande de la justice, Christina Lambrecht, a salué le travail des journalistes indépendants et leur a promis davantage de protection : « Il n’y a pas de démocratie sans liberté de la presse », a déclaré la dirigeante du parti social-démocrate allemand (SPD). Dans le même temps, l’organisme allemand de surveillance du contre-espionnage, Verfassungsschutz, a mentionné « Junge Welt » dans un article distinct depuis 2004, ce qui a provoqué la colère du comité de rédaction.
Dans son discours à l’occasion de la Journée de la liberté de la presse, Stefan Huth, rédacteur en chef du journal, a écrit : « Dans le cas de la Russie, de la Chine, de Cuba et d’un certain nombre d’autres pays, le gouvernement allemand réagit en premier – en paroles et en actes – lorsqu’il y a une prétendue attaque contre les droits démocratiques. En Allemagne, cependant, nous avons des normes différentes, comme peuvent en témoigner les rédacteurs, les éditeurs et la coopérative Junge Welt. Depuis 2004, notre journal est officiellement sous l’œil vigilant du service de contre-espionnage allemand en tant qu'”organisation” extrémiste. L’étiquette en elle-même est insupportable. Mais il a aussi des conséquences plus profondes sur le travail éditorial : notamment parce que ce statut remet en cause l’autonomie financière du journal et la possibilité de le publier. Un exemple concret est le refus des propriétaires des panneaux d’affichage des transports publics à Hambourg, Cologne, Leipzig et Berlin, en mars de cette année, d’apposer des affiches de Junge Welt avec le slogan de notre campagne actuelle « Qui a peur de qui ? ». Le refus de placer notre annonce a été brièvement justifié dans une lettre reçue par la rédaction : « Ni le client ni le slogan ne correspondent à la neutralité politique stipulée dans le contrat. »
L’imprimeur d’Esslingen a été encore plus clair : « Vous avez (placé) une annonce pour le quotidien « Junge Welt », qui est mentionné dans le rapport annuel de l’Office fédéral allemand pour la protection de la Constitution. Ceci est malheureusement en contradiction avec notre principe de ne pas publier les organisations mentionnées dans le rapport sur la protection de la constitution. » Mais la publicité dans les lieux publics n’est pas la seule à en pâtir : une grande chaîne de supermarchés a tenté d’interdire la vente de "Junge Welt" dans le service de presse en se référant au rapport de contre-espionnage, et diverses stations de radio refusent de diffuser des émissions payantes pour la même raison. On nous informe régulièrement que dans les salles de lecture des bibliothèques publiques, le message « ressource indésirable » apparaît lors de la tentative d’accès au site « Junge Welt ».
Les rédacteurs et éditeurs de « Junge Welt » considèrent la mention du journal dans le rapport annuel du Verfassungsschutz comme un scandale politique. Dans une lettre ouverte datée du 12 mars, ils ont demandé aux groupes parlementaires de tous les partis représentés au Bundestag de répondre aux questions suivantes : “Pensez-vous que ces actions des autorités fédérales contre le journal sont compatibles avec la liberté d’expression et la liberté de la presse, qui sont garanties par la Loi fondamentale de la République fédérale d’Allemagne ?”. Pensez-vous qu’il soit acceptable qu’un quotidien, le "Junge Welt", soit soumis à d’importantes restrictions publicitaires simplement parce qu’une autorité n’aime pas l’opinion exprimée dans le journal ? Quelle action votre groupe parlementaire peut-il entreprendre pour défendre le journal ?”
Seuls « les Verts » et « Die Linke » ont répondu ; les autres ont préféré garder le silence. Amira Mohamed Ali et Dietmar Bartsch, leaders du groupe du parti de gauche au Bundestag, ont publié une déclaration : « La liberté de la presse n’est pas seulement un droit constitutionnel – elle doit être appliquée dans la pratique, ce qui vaut également pour tous les journaux. » Et les députés de die Linke a déposé une demande d’enquête parlementaire, signée par 52 députés, qui a été publiée sur le site web du Bundestag. Elle pose les questions : « L’analyse marxiste est-elle inconstitutionnelle ? Est-il permis de parler d’une société de classe et de faire une critique de principe du capitalisme par rapport à la société allemande ? Est-il permis à un organe gouvernemental d’évaluer la position politique d’un quotidien et d’influencer ainsi ses activités ? » La rédaction attend que le gouvernement fédéral réponde aux questions sur la liberté de la presse.
SOURCE: gazeta-pravda.ru
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"Нежелательный ресурс", выпуск №54 (31114) 27 мая 2021 года - Gazeta-Pravda.ru
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