LA PRÉSIDENTIELLE, et alors ?
/image%2F1449569%2F20220315%2Fob_54e53e_non-presidentielle-oui-constituante.jpg)
Que penser de la présidentielle ?
André Bellon et Anne-Cécile Robert donnent leurs réactions.
André Bellon, Présidentielle ou Constituante
Bonjour,
Va-t-on encore appeler longtemps cette pantalonnade qu’est l’élection présidentielle ? Telle qu’elle est aujourd’hui, telle qu’elle se profile, elle ressemble plus, osons le dire, à une succession monarchique qu’à une élection démocratique.
C’est pourtant au nom de ce résultat que l’élu prévisible va faire un certain nombre de réformes, en particulier en matière européenne, dont personne ne peut dire qu’elles correspondent aux souhaits des Français. Ce ne sera pas la question posée. Il y a donc un problème de légitimité qui, d’ailleurs, existe depuis longtemps, mais qu’on faisait semblant de ne pas voir. Bien sûr, il y aura d’autres candidats. Le bruit court, de ci, de là, que certains amis du Président actuel ont même aidé à ce que certains candidats aient leurs parrainages, histoire de bien montrer qu’on était en démocratie. Mais cela ne suffit pas.
Nous sommes depuis des années dans une crise de régime. Nous le disons depuis longtemps ; on nous répondait que ce n’était pas vrai et ceux qui le disaient sont les premiers aujourd’hui à clamer que c’est vrai, il y en a une et que ce sont eux qui vont la résoudre. Je cite en vrac les habituels experts de tous les comités Théodule, de Cyril Dion à Dominique Rousseau.
Que nous proposent-ils. Oh, non pas de revenir à la valeur de la démocratie et du suffrage universel. Non, de le supprimer. Ils nous proposent systématiquement de faire des comités d’experts, entre parenthèses eux, et des citoyens tirés au sort, histoire de faire croire que le peuple est avec eux, autour d’eux, pour eux. La meilleure a été quand Dominique Rousseau, dans un article du Monde, a proposé qu’on revoit les institutions grâce à un comité composé par moitié d’experts, moitié de personnes tirées au sort. Ca m’a rappelé ce que racontait mon grand père à propos du pâté d’alouette : « un cheval, une alouette, un cheval, une alouette,… ». Disons-le : c’est une manière de se moquer du citoyen c’est une manière de détruire le suffrage universel au prétexte de recréer la démocratie. Il faut arrêter ce genre de plaisanterie qui ne peuvent mener qu’à la confrontation et à la violence.
Il faut faire face aux défis et seul, le peuple reconstitué en tant que corps politique souverain peut faire face aux défis et il y en a en ce moment. Pour ce faire, il faut que les citoyens s’organisent au niveau le plus local, communes, quartiers, créent des assemblées locales à partir de leurs revendications, les cahiers d’exigences, et préparent l’élection de la Constituante qui permettra de rassembler toutes ces initiatives et de faire s’exprimer tous les citoyens.
Dans l’immédiat, puisqu’il y a une élection présidentielle, nous proposons aux citoyens d’utiliser un bulletin comme celui-ci qui dit « Non à l’élection présidentielle, Oui à l’élection d’une Constituante ». On nous dira que ça ne sert à rien, ceux qui le diront le diront d’autant plus qu’ils ne veulent pas que ça serve à quelque chose. Mais il s’agit d’un symbole. Ce symbole est valable pour soi d’abord, pour les autres qui verront ces bulletins au dépouillement, et puis les symboles, c’est cela aussi dont la force fait l’histoire.
A bientôt.
Anne-Cécile Robert, Présidentielle ou Constituante
Bonjour,
Nous sommes environ à la mi-mars et quand on observe les événements politiques, quand on lit la presse, quand on entend les gens converser dans les transports en commun ou dans les commerces, on a l’impression d’une sorte de fatalisme, de mouvement inéluctable concernant l’élection présidentielle comme si tout était joué. Effectivement, un scénario se dessine, mais on aurait tort de penser que c’est un fatalisme. C’est en fait la logique profonde de nos institutions.
Ce qui se passe en ce moment révèle le caractère antidémocratique, autoritaire, de nos institutions qui empêchent tout débat sérieux lorsque des crises se développent, les crises économiques autant que les crises internationales. Seuls restent les effets de personnalisation et puis une chape de plomb institutionnelle qui fait qu’une personne en place a souvent, dans des circonstances dramatiques, des avantages sur les autres quelles que soient leurs qualités.
On voit se dessiner quelque chose de pervers : le Président a, par exemple, évoqué récemment la retraite à 65 ans ; il est en train, avec ses amis du Conseil européen, de nous construire une Europe de la défense sur laquelle on n’a pas eu notre mot à dire et ce qui va se passer, c’est que, avec la logique le présidentielle, il pourra nous dire, s’il est élu, « C’était dans mon programme, je vous l’avais dit ». Mais il y avait 150 trucs dans son programme et il pourra toujours dire cela car il l’avait dit comme il avait dit des tas d’autres choses.
Il n’y a pas 36 solutions dans un pareil contexte. Il faut sortir de la logique dans laquelle on est et recommencer une nouvelle partie en changeant les institutions. Car, dans le cadre des institutions actuelles, soit on sera des témoins, soit on sera des complices, soit les deux.
C’est pourquoi nous appelons à regarder les choses en face et à proclamer que les institutions sont en cause, que nous vivons une crise de régime. La seule solution est d’appeler à l’élection d’une Constituante. Attachés que nous sommes au suffrage universel, nous appelons les citoyens à utiliser le bulletin de vote sur lequel sera inscrit « Non à l’élection présidentielle, Oui à l’élection de la Constituante ».
SOURCE: