Une note critique sur Tatiana Ventôse, « le fil d'Actu », et les limites du POPULISME de gauche - Par Gilles QUESTIAUX
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Note critique (amicale) de Gilles Questiaux
sur « le Fil d'Actu » et Tatiana Ventôse
à l'occasion d'une de leurs vidéos, (été 2022) :
Le Fil d'Actu qu'on peut en effet sans trop de risque de se tromper situer politiquement comme "populiste de gauche" tente une analyse de classe de la situation politique française en cet été post-électoral 2022, mais qui pèche gravement de notre point de vue par l'oubli du concept du prolétariat et par la distinction artificielle qui est faite entre travailleurs périphériques et travailleurs des banlieues, c'est à dire entre immigrés et autochtones, et par la surestimation des privilèges dont disposeraient les agents de l'État pour les protéger des effets de la mondialisation - ce sont eux après tout qui ont subi la plus forte paupérisation depuis trente ans.
En fait la distinction ethnique entre deux branches de la classe ouvrière n'est pas un élément de la réalité sociale concrète mais une construction artificielle de l'idéologie destinée à la diviser, et qui marche très bien puisque les uns votent à l'extrême droite et les autres à l'extrême gauche. La mondialisation et les migrations qu'elle provoque ne sont à remettre en question qu'autant qu'elles sont utilisées contre la classe ouvrière et non parce qu’elles remettraient en cause une identité culturelle qui est largement mythique. La culture populaire réelle du monde occidental est américanisée depuis un demi-siècle, et elle est en voie de le devenir partout ailleurs.
Le Fil d'Actu met dans le même sac tous les groupes sociaux qui sont liés à la production matérielle pour les opposer aux méfaits de la finance. S'ils peuvent faire un bout de chemin ensemble, on voit déjà qu'il ne sera jamais très long, et l'âge d'or des Trente Glorieuses et d'un gaullisme largement idéalisé ne reviendra pas ; en tout cas pas en France qui l'a déjà connu et qui en a fait l'inventaire.
Les capitalistes quelles que soient leur branche d'activité ou leur éloignement de la production des marchandises matérielles ou utiles sont parfaitement solidaires entre eux dans l'exploitation des travailleurs, et s'ils ont abandonné l'industrie, c'est parce qu'ils y ont intérêt, et ils y reviendront contraints et forcés par la défaite globale de l'impérialisme, autre concept clef qui manque à l'analyse. Sur les champs de bataille en Ukraine a déjà sonné le glas de la mondialisation qu'elle soit heureuse ou maléfique.
Mais à chaque époque et dès que la possibilité s'ouvrira pour eux, contrairement à leurs utopies laborieuses et méritocratiques, le but des capitalistes individuels, en contradiction avec leur intérêt de classe, restera toujours de vivre sans travailler, et d’intégrer la classe des rentiers en devenant "tondeurs de coupons" comme l'écrit Lénine en 1915 dans "L'impérialisme, stade suprême du capitalisme". Le capital financier n'est jamais que le capital industriel parvenu à maturité à l'époque impérialiste.
En conclusion, on peut considérer le populisme de gauche, grand admirateur d'Orwell - à contresens- comme une nouvelle branche du gauchisme, certes très différente de l'anarcho-trotskysme qui s'est vautré dans les surenchères sociétales de la petite bourgeoisie métropolitaine, mais qui contribue aussi à diviser la classe ouvrière tout en la noyant dans un « peuple » - opposé aux "élites" - dont les contours sont flous, et qui finit par n'être plus qu'une convention rhétorique.
Pour conclure, appeler à voter Le Pen pour battre Macron parce que les ouvriers votent pour elle et qu'il faut voter comme les ouvriers n'était pas très bien inspiré, puisque cette candidate se fichait éperdument des ouvriers, et qu'il ne fallait pas l'aider à se placer dans le rôle d'une opposante "anti-système" qu'elle n'est pas du tout.
Gilles Questiaux -Le 21 juillet 2022 , relu le 9 mai 2023