La « GUERRE ÉCONOMIQUE » contre la RUSSIE va-t-elle se retourner contre ses auteurs (1/3) ? - Par Jacques Sapir
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I. Histoire de sanctions
De l’émergence de la notion moderne de « guerre économique » à la politique des sanctions
Les notions de guerre économique et de sanctions économiques ont une longue histoire, une histoire dépasse largement les événements actuels et la guerre menée par la Russie en Ukraine. Pour tenter de comprendre les évolutions actuelles, il faut donc reprendre l’histoire des sanctions économiques depuis leur apparition dans les années 1920. Il faut ensuite prendre en compte la taille réelle de l’économie russe mais aussi ses relations avec l’économie mondiale et le rapport des forces entre ce que l’on appelle « l’occident » et les autres pays. Il faut enfin considérer analyser ces sanctions, le contexte d’interdépendance qui était celui existant entre la Russie et les pays de l’UE en février 2022 et l’impact de ces sanctions sur l’économie russe. Cela conduit à se poser la question de la pertinence des sanctions prises à partir de mars 2022 mais aussi de leur capacité à provoquer un changement substantiel dans la politique russe. En réalité, on peut penser – ou craindre selon les points de vue – que ne survienne un puissant « effet boomerang » qui perturbe bien plus les économies des pays de l’UE et engendre de fortes tensions sociales que l’impact de ces sanctions sur l’économie russe.
La notion de « guerre économique » est polysémique[1]. Sa définition elle-même est problématique car elle rassemble des processus qui relèvent du conflit, autrement dit de la « relation ami/ennemi »[2] et d’autres qui relèvent de la simple compétition[3]. En France, le portail de l’intelligence économique la décrit comme : « un processus et une stratégie décidée par un État dans le cadre de l’affirmation de sa puissance sur la scène internationale. Elle se mène par l’information sur les champs économiques et financiers, technologiques, juridiques, politique et sociétaux »[4]. Delbecque et Harbulot l’associent à la guerre cognitive et à la guerre de l’information, dans une logique relevant de la guerre asymétrique mise au service d’un pouvoir national total[5]. Il est alors clair que cette notion se construit en parallèle avec la notion de stratégie[6].
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