L'affaire KOHLER : quand l'Elysée nous mène en bateau – Par Jean LÉVY
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La mise en examen d'Alexis Kohler, le secrétaire général de L'Élysée, l'ami et le collaborateur le plus proche d'Emmanuel Macron, son « double » selon leurs affinités intellectuelles, met en émoi le landerneau macronien.
C'est une vieille affaire, nous dit-on, qui n'engage pas le président. Et les médias aux ordres réduisent le contentieux à une affaire de famille, celle de Kohler, qui ne concernerait pas les affaires françaises.
En cause : ses liens familiaux cachés avec les principaux actionnaires du groupe de transport MSC, un des premiers clients des chantiers de Saint-Nazaire. À plusieurs reprises, il s’est trouvé en position de mettre les moyens de l’État à disposition du croisiériste, avant d’aller y pantoufler.
En 2017 et 2018, des transactions financières franco-italiennes impliquant le pouvoir élyséen et les intérêts français sont donc menées par Alexis Kohler.
Les médias de l'époque, à la suite de Médiapart, se sont faits largement l'écho des négociations officielles mêlant la société italienne dont Kohler fait partie de l'état-major financier et les Chantiers de Saint-Nazaire.
Lire ci-dessous ce que « Ça n'empêche pas Nicolas »
écrivait en 2020
Mais, au juste, que reproche-t-on à Alexis Kohler, et à travers lui, à Emmanuel Macron ? Les dessous de l'histoire, Par Jean LÉVY
Écrit le 25 juin 2020
Le nouveau scandale qui touche l'hôte de l'Elysée à travers son très proche ami, Alexis Kohler, promu par lui secrétaire général de la président de la République, est présenté par les médias comme une simple affaire de délit d'initié : Kohler aurait simplement été un cadre de l'entreprise italo-suisse MSC ( Mediterranean Shipping Company) avant d'intégrer divers postes de responsabilité auprès d'Emmanuel Macron, d'où des liens inquiétants entre le privé et le public.
Or, cousin du patron de MSC, et participant à la direction du groupe - la famille Aponte - , Alexis Kohler n'a cessé de faire l'aller et retour entre cette entreprise et divers postes de responsabilité économique publique, au moment où se traitait des alliances entre les chantiers de l'Atlantique et ...MSC.
Ce qui dépasse de loin la notion de délit d'initié...
« Ça n'empêche pas Nicolas » en retrace ci-dessous l'histoire...
Issu des grandes écoles (IEP, ESSEC, et bien sûr, de l'ENA), Alexis Kohler emprunte le chemin de la haute fonction publique : Alexis Kohler commence son parcours comme administrateur civil à la direction générale du Trésor à Bercy. Il est ensuite détaché dans divers organismes, notamment au Fonds Monétaire International
À la suite de l'élection de François Hollande, il devient directeur adjoint du cabinet de Pierre Moscovici, ministre de l'Économie et des Finances.
Alors qu'Arnaud Montebourg a empêché sa nomination à la tête de l'Agence des participations de l'Etat (APE), et que Laurence Boone lui est préférée pour remplacer Emmanuel Macron comme secrétaire général adjoint de la présidence de la République, il devient le directeur de cabinet de ce dernier, donc d'Emmanuel Macron, à Bercy en août 2014.
Lorsque ce dernier démissionne en août 2016 pour fonder En marche, Alexis Kohler est engagé en tant que directeur financier de la compagnie Mediterranean Shipping Company (MSC), numéro 2 mondial du fret maritime.
Il est aussi le cousin de Gianluigi Aponte, le propriétaire de MSC….
Il avait déjà demandé à rejoindre MSC après le départ de Pierre Moscovici du ministère de l'Économie en avril 2014, mais s'était vu opposer un avis défavorable de la commission de déontologie de la fonction publique. Celle-ci arguait alors qu'Alexis Kohler était intervenu en 2010 auprès de STX France en donnant son avis sur un contrat conclu avec MSC, alors qu'il travaillait pour l'Agence des participations de l'État, un service à compétence nationale.
Arnaud Montebourg a empêché sa nomination à la tête de l'Agence des participations de l'Etat (APE), et que Laurence Boone lui est préférée pour remplacer Emmanuel Macron comme secrétaire général adjoint de la présidence de la République, il devient le directeur de cabinet de ce dernier (Emmanuel Macron), à Bercy en août 2014.
Directeur financier de MSC et campagne d'Emmanuel Macron
« Libération » indique que Pierre Moscovici avait été « averti de ses liens familiaux », mais que la commission de déontologie n'en avait pas été informée. L'Express indique qu'après ce refus, comme directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, « Kohler décide de ne pas traiter des sujets concernant STX, puisqu'il a été en pourparlers avec MSC et qu'il ne perd pas de vue une future embauche ».
En août 2016, la commission de déontologie rend cette fois un avis favorable à sa nouvelle demande.
Alexis Kohler continue de travailler à distance pour Emmanuel Macron, « par mails et boucles WhatsApp ». Quand débute la campagne présidentielle, il est une personnalité centrale au quartier général d'En Marche.
De nombreux observateurs affirment qu'il exerce alors un emploi chez MSC.
Fin mars 2017, il participe à une réunion à Bercy en tant que représentant de MSC au sujet du rachat de STX France, MSC étant opposé à une reprise par le groupe public italien Ficantieri. Certains s'étonnent de l'absence d'application du devoir de réserve d'Alexis Kohler, en tant que proche d'Emmanuel Macron, favori de l'élection présidentielle
Secrétaire général de l'Élysée
Alexis Kohler est nommé secrétaire général de l'Élysée le 14 mai 20177 Il est proche d'Édouard Philippe, qu'Emmanuel Macron connaît peu lorsqu'il le nomme Premier ministre.
D'après Le Monde, « le président de la République, son secrétaire général et son conseiller spécial d'alors (Ismaël Emelien) concentrent tous les pouvoirs. À trois, ils dirigent la France. »
Il supervise notamment les nominations des directeurs d'administration centrale les plus cruciales ; d'après Libération, « Alexis Kohler a la main haute et forte sur les nominations à Bercy. »
Il est auditionné le 26 juillet 2018 par la commission des lois du Sénat dans le cadre de la mission d'information relative à l'affaire Benalla. Au moment de rendre son rapport, la commission du Sénat met en cause le témoignage devant sa commission d'Alexis Kohler, de Patrick Strzoda (directeur de cabinet d'Emmanuel Macron) et du général Lionel Lavergne, soupçonnés d'« omissions, incohérences » et « contradictions », et demande au Bureau du Sénat de « saisir le ministère public » qui pourra « procéder aux investigations qu'il jugera opportunes afin de déterminer s'il y a lieu de donner des suites judiciaires à ces déclarations »
Emmanuel Macron lui confie la mission de mettre en œuvre une « réorganisation d’ampleur » des services de l’Élysée à partir de la rentrée 2018.
En 2019, il supervise le projet de privatisation d'Aéroports de Paris (ADP)
Ainsi, se trouve résumée à sa vraie dimension l'affaire Kohler (*)
(*) Source essentielle : Wikipédia