« A bas la presse ! » écrivait le journal de la Fédération CGT des travailleurs de l'Alimentation ... Le 1er mai 1907 - [Un article de Jean LÉVY]
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« Empêcher la grande presse de baver », tel est le titre d'une enquête du Monde diplomatique de novembre 2022, sur le rejet par les travailleurs syndiqués, de la grande presse d'information avant la guerre de 14.
Au début du XXème siècle, la presse papier - quotidienne, hebdomadaire et autre - est le seul canal pour recevoir « des nouvelles ».
Propriété des puissances d'argent - rédactions contrôlées par des journalistes à leur solde - cette presse défend exclusivement les intérêts de ses maîtres. Ils dénoncent les Syndicats comme fomenteurs de troubles et les syndicalistes montrés du doigt comme agitateurs menaçant l'ordre social.
La violence des articles, textes et dessins, stigmatise les militants qui osent proposer une autre société.
Rien de changé aujourd'hui ?
Si bien sûr : la technique de l'information de masse se modifie en permanence sous nos yeux avec les portables, qui ont détrôné la télé (et ses journaux télévisés) aux yeux de la jeunesse. Mais les chaînes privées et leur information permanente sont une source de bourrage de crâne en continu, la chaîne publique franceinfo, télé et radio, les imitant.
Car ce qui n'a pas changé, c'est la possession des moyens d'information par la classe dominante, aujourd'hui le clan des milliardaires, dont chacun s'est constitué un arsenal idéologique en investissant dans toutes les techniques d'information : papier, télé, réseaux sociaux.
Mais ce qui a changé le plus entre les années 1900 et la période actuelle, c'est l'expression des rapports de classe entre exploités et exploiteurs.
Au début du siècle dernier, la violence verbale, et parfois physique, caractérisait les relations entre le monde du travail et les possesseurs des moyens de production. L'influence de l'anarcho-syndicalisme était encore vive au sein du mouvement ouvrier. Et les grands patrons se sentaient alors menacés personnellement par ceux qu'ils appelaient les Rouges, les travailleurs influencés par le marxisme, et ceux qui agitaient le drapeau noir de l'Anarchie.
La bataille de classe se déroulait à ciel ouvert, y compris à coups de fusil, comme à Fourmies, le1er mai 1891, la « troupe » utilisée comme force de répression.
Aujourd'hui, les patrons et leurs gouvernements sont plus subtiles face aux mouvements sociaux. Toujours dénigrés par l'information publique et privée, les grèves font partie aujourd'hui de moyens d'action admis de régulation du système social. Les responsables des confédérations syndicales, très assagis, ne veulent plus, y compris la CGT, se mêler de politique...
De ce fait, ils sont reçus es-qualité, dans les salons gouvernementaux et les patrons feignent de les considérer...
Ils ne sont plus les diables rouges d'autre fois, mais des « partenaires » qu'ils veulent domestiquer. Tous les moyens d'information s'y emploient. Ce qui masque à peine la haine de classe qui suinte dans les médias à l'égard de tous ceux qui osent s'en prendre aux intérêts de l'argent-roi.
JEAN LÉVY