D'hier à aujourd'hui, des missiles soviétiques à Cuba à la guerre en Ukraine -Par Jean LÉVY
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ll y a 60 ans, le monde frôle la guerre mondiale.
En 1962, pour protéger Cuba d'une intervention armée des États-Unis, l' Union soviétique décide d'accorder son soutien militaire à Fidel Castro, dont les partisans avaient libéré l'île de la domination américaine le 1er janvier 1959 et chassé leur homme, le dictateur Batista, qui avait transformé le pays en véritable casino pour riches Américains...
Fort du soutien massif de la population, le nouveau gouvernement castriste nationalise les positions économiques dominantes US. De même, Fidel démantèle les grandes propriétés terriennes au profit de millions de paysans sans terre.
Face à cette politique, la grande bourgeoisie cubaine et les intérêts américains tentent de renverser le nouveau pouvoir cubain.
Le 23 février 1962, les États-Unis décrètent un embargo commercial contre l'île. Cette décision a un impact considérable sur l'économie cubaine, les USA étant historiquement le marché naturel de Cuba. En 1959, 73 % des exportations de l’île leur étaient destinées et 70 % des importations en provenaient.
Les USA ont également recourt à la subversion interne et au sabotage armé, utilisant les éléments cubains émigrés en Floride, dont la pègre fournit le plus clair des éléments.
Et aussi, par des moyens militaires.
Ainsi, en avril 1961, ils organisent une tentative d'invasion militaire de Cuba par des exilés cubains, soutenus par les États-Unis.
Planifiée sous l'administration de Dwight Eisenhower, et organisée par la CIA, l'opération est lancée au début du mandat de John F. Kennedy. Elle vise à faire débarquer à Cuba, le 17 avril 1961, environ mille quatre cents exilés cubains recrutés et entraînés aux États-Unis par la CIA. Leur objectif est de renverser le nouveau gouvernement de Fidel Castro.
L'opération est un échec complet, fort de la mobilisation populaire.
Cette alerte, conduit le gouvernement cubain à rechercher l'aide militaire de l'Union soviétique. Son dirigeant d'alors, Nikita Khroutchtchev, accepte de fournir à Cuba des fusées, acheminées sur son sol. Cette présence est jugée comme une menace inacceptable pour la sécurité des Etats-Unis. Ceux-ci exigent leur démantèlement immédiat et leur départ de Cuba.
La tension internationale est à son comble.
La guerre mondiale devient une possibilité.
Le sang-froid d'un commandant d'un sous-marin russe, qui ne croit pas à l'opportunité de lâcher ses fusées nucléaires, évite l'embrasement général.
John Kennedy et Nikita Khrouchtchev se concertent et acceptent un compromis : l'URSS réembarque ses fusées et les Etats-Unis abandonnent l'idée de tout débarquement à Cuba, et déplacent leurs fusées installées en Turquie.
La guerre est évitée...mais Washington poursuit toujours son boycott de l'île, en vigueur depuis soixante ans ! Sans que les autorités internationales, l'ONU, ni bien sûr l'Union européenne y trouvent à redire.
Pas la moindre sanction visant les États-Unis...
Ce rappel historique rejoint l'actualité et la guerre en Ukraine.
Celle-ci a été déclenchée par la présence militaire des USA en Ukraine depuis 2014, à la frontière ouest de la Russie. Moscou s'est sentie directement menacée par cette force américaine, et par la mise sous contrôle de l'Etat ukrainien, d'où son intervention armée le 24 février dernier.
Malheureusement, au Kremlin, ce n'était plus l'Union soviétique et, du côté de la Maison Blanche, Joé Biden avait remplacé Kennedy !
Donc, point de négociation, point de compromis.
Celui-ci aurait pu intervenir avec un retrait simultané des forces armées ukrainiennes et russes des deux côtés de la frontière, et le retour au pays de l'US Army.
Mais Washington veut sa guerre contre la Russie, le territoire plus étendu du globe, qui échappe à la gloutonnerie des hommes d'affaires yankee.
Ne laissons pas le monde menacé par un troisième conflit !
JEAN LÉVY