Didier Lallement : un policier à la Mer - Par Jean LÉVY
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Un préfet, trop police pour être honnête, spécialiste de la "nasse", nommé compte-tenu de cette spécialité, au secrétariat général de la Mer, c'est normal
Didier Lallement a tenu trois ans la Préfecture de Police. Il venait de Bordeaux où il était préfet.
Comme le bien connu Maurice Papon.
Et comme celui-ci spécialiste de "l'Ordre". A tel point que Lallement vient d'écrire un bouquin, intitulé "L'ordre nécessaire". Et très fier de son bilan de "maintien de l'ordre" durant les mois où les Gilets jaunes défilaient chaque samedi dans les "beaux quartiers".
Le 17 novembre 2018, marque le premier jour d’un bilan humain qui ne cessera de s’alourdir au fil des semaines, avec un décès, plus de 400 blessés, et plusieurs dizaines d’interpellations
Les cortèges de mobilisation sont en effet marqués, au fil des semaines, par des violences policières dénoncées de toutes parts.
Selon le décompte effectué début 2019 par le journaliste David Dufresne, ce ne sont pas moins de 353 manifestants qui ont été gravement blessés durant ces manifestations.
Le 21 mars 2019, on attendait le printemps, on a eu Lallement !
Didier Lallement préfet de la région Nouvelle-Aquitaine, préfet de la zone de défense et de sécurité Sud-Ouest, préfet de la Gironde, est nommé lors du Conseil des Ministres du 20 Mars 2019, préfet de police, à compter du 21 Mars 2019
Et la répression continue de plus belle.
Les grenades GLI-F4 et les "lanceurs de balles de défense" LBD 40 font partie de l'attirail des forces de l'ordre, qui utilisent massivement aussi les grenades de désencerclement, comme moyens ordinaires de répression.
Et Didier Lallement justifie celle-ci, alléguant un climat de guerre civile, en se situant dans un camp...Celui du président ?
Ainsi à une manifestante qui protestait contre la violence policière, le préfet Lallement, haut fonctionnaire de la République, répondait : "Nous ne sommes pas du même camp !".
En novembre 2019, en un an, le nombre et la gravité des blessures lors des manifestations ont atteint des records : vingt-quatre manifestants ont été éborgnées et cinq ont eu une main arrachée.
Parmi les victimes, se trouvent des manifestants pacifiques mais aussi de simples passants ainsi que des journalistes et observateurs. Le 2 février dernier, c’est un observateur de la Ligue des droits de l’homme qui a dû être évacué à l’hôpital après avoir été touché en pleine tête par un tir de projectile de la police.
Celle-ci, comme excuse à son recours à la violence, fait état de la présence se mêlant aux manifestants, de groupes eux-mêmes très violents, les Blacks Blocs, dénoncés par les autorités comme étant d'essence "anarchiste"...
En effet, et cela a commencé sous la présidence de François Hollande, des bandes se glissent parmi les manifestants et s'en prennent au passage, à des magasins, à des banques, dont ils détériorent les vitrines.
Ce qui permet à la police de "casser" la manifestation en intervenant contre celle-ci. Et on peut s'étonner de la précision des autorités qui font état dès le jour d'avant, du nombre précis et prévu de Black Blocs "qui s'apprêtent à troubler l'ordre", et jamais du nombre de ceux-ci interpelés, et encore moins jugés. Contrairement aux Gilets jaunes.
La répression n'a pas été, certes, le fait du seul Lallement. Il a appliqué avec zèle la politique dictée par le ministre de l'Intérieur, sous les ordres directs du président de la République.
Et depuis...
Cette gestion des manifestations dépasse aujourd’hui le mouvement des Gilets jaunes, comme on l’a vu avec les manifestations du 1er mai, des organisations syndicales.
Aujourd’hui, le maintien de l’ordre en France consiste trop souvent à appliquer une répression immédiate et de grande ampleur au point d’entraver les libertés fondamentales.
JEAN LÉVY