« J'ai compris que j'étais pauvre en arrivant au lycée Henri-IV »
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La télé, de nouveau, nous a fait vivre l'expérience de collégiens, choisis par une sélection des « meilleurs » d'une classe de ZEP en Seine-Saint -Denis, et propulsés au prestigieux parisien, Henri IV pour une expérience de promotion sociale.
D'abord, une remarque préliminaire : dans notre système éducatif est intégré dans les faits qu'il existe des lycées d'exception, situés dans la capitale, dont Louis-le-Grand ou Henri IV, nichés au cœur du quartier latin. Et quelques autres dans d'autres zones de peuplement bourgeois.
Il faut signaler que nombre de familles issues des classes moyennes demeurant hors du périmètre de ces lycées de prestige, tentent, par des subterfuges de logement fictif, de tenter d'y intégrer leurs enfants.
Cette hiérarchie des valeurs entre établissement du secondaire existe également dans ls grandes villes françaises.
Pourquoi cette discrimination de classe instituée dans les faits ?
Tous nos lycées ne devraient-ils pas, par une formation de haut niveau, chercher l'excellence ?
Mais revenons à nos collégiens de la ZEP.
Pour postuler à l'expérience, ceux-ci sont soumis à une première sélection : la quinzaine des « meilleurs » bénéficie d'une formation complémentaire avant de rejoindre le lycée Henri IV.
Et au premier jour de la rentrée suivante, nos jeunes collégiens pénètrent dans l’établissement d’élite, et mesurent d'emblée la différence, en termes d'habillement, avec leurs nouveaux camarades, malgré le soin apporté à leur présentation par les familles.
Puis, ils sont confrontés aux professeurs chargés de leur apporter l’enseignement de qualité, réservé aux lycéens de familles privilégiées. Dès le premier contact, on ressent du côté des jeunes de banlieue un sentiment de décalage, d'incompréhension, comme d'un cours donné en langue étrangère, le cours s'appuyant sur des notions déjà assimilées par les lycéens intégrés d'Henri IV.
Il fut ajouté que ceux-ci bénéficient dans leurs familles d'un apport culturel, dont sont privées les familles pauvres du 93...
Aussi, à la fin de l'expérience, la quasi-totalité des lycéens de la ZEP réintègrent leur établissement, ils semblent réintégrer une terre connue : ils rentrent chez eux après un voyage chez les riches.
Seuls un ou deux d'entre eux, resteront à Henri IV, comme caution d'un ascenseur social, ignoré du plus grand nombre.
Alibi de la classe bourgeoise, l'expérience montre la réalité concrète de la lutte de classe au niveau scolaire.
JEAN LÉVY