Grande-Bretagne : pas de trêve des confiseurs pour les salariés massivement en grève jusqu'à la fin de l'année - Par Jean LÉVY
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Depuis quarante ans, on n'avait pas envisagé une telle mobilisation ouvrière.
Du lundi 12 décembre au 31, plus d'un million de salariés cessent le travail en Grande-Bretagne.
De Noël au jour de l'An, des patrons ça va être la Fête.
Et le pays tout entier risque d'être paralysé.
Les cheminots dès l'été avaient commencé. Et ils poursuivent durant au-moins huit jours leur lutte aux côtés des autres travailleurs, à l'appel des syndicats unis de toutes corporations.
Pas de trains pour Noël de Londres aux Midlands et au nord de l'Angleterre.
Ni lettres, ni cadeaux ne seront distribués : 115.000 employés de la "Royal Mail" sont repartis pour 10 jours en grève (qui vont s'ajouter aux douze journées effectuées depuis juillet dernier). Les bagagistes de l'aérodrome de Heathrow, le personnel de sécurité de l'Eurostar et des autoroutes entrent dans la danse.
Ils seront accompagnés des 100.000 infirmières d'une cinquantaine d'hôpitaux, et les ambulanciers cesseront le travail les 15 et 20 décembre, pour la première fois depuis la naissance de leur syndicat, il y a ...106 ans !
Pourquoi ce raz-de-marée social ?
D'abord, pour le salaire - ils ne peuvent plus payer leurs factures du gaz et de l'électricité - le pouvoir d'achat fond comme neige au soleil.
D'après les Trade Union Congress, leur centrale syndicale, le monde salarié a vu celui-ci s'effondrer depuis que la politique d'austérité, par les conservateurs, imposée.
Et d'année en année, la misère s'est déployée faute d'argent, la faim s'est installée dans les foyers ouvriers, le recours aux banques alimentaires s'est multiplié.
Il faut ajouter pour comprendre la détresse populaire, le règne de fer de Margaret Thatcher qui, dans les années 1980, a sabré les libertés syndicales et les droits ouvriers. Cela après une grève historique des mineurs, qui ont tenu un an. En vain.
Est-ce aujourd'hui la revanche des salariés ?
Le nouveau Premier ministre refuse de composer : s'il cédait, "cela serait la spirale inflationniste"! Et de prévoir l'intervention de l’armée dans certains secteurs clef, et de nouvelles lois contre le droit de grève.
Quant aux patrons, ils disent NON à toute discussion.
Va-t-on vers l'épreuve de force ?
Pour l'instant, Dowing Street semble parier pour le pourrissement du mouvement.
Mais comme le reconnait "Le Monde" daté du 13 décembre,
" les grévistes sont plutôt populaires dans l'opinion publique"
Et l'ampleur des mouvements à venir, la diversité des grèves annoncées, la ténacité des responsables des syndicats concernés jouent contre un gouvernement détesté, qui ne résisterait pas à des élections anticipées.
Ce qui se passe en Grande-Bretagne, devrait servir d'exemple au monde salarié français et à ses 10 millions de pauvres dénombrés, car, dans le domaine social comme sur le plan politique, les batailles perdues sont celles qu'on ne livre pas.
JEAN LÉVY