Le 1er MAI est le rêve d’une autre humanité [un entretien avec Danielle TARTAKOWKY, historienne]
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Le 1er Mai est un rêve d’émancipation qui résonne avec l’actuel mouvement contre la réforme des retraites, souligne l’historienne Danielle Tartakowsky.
Danielle Tartakowsky est historienne, spécialiste des mouvements sociaux et de la rue. Elle a notamment écrit Le pouvoir est dans la rue — Crises politiques et manifestations en France (1998) et codirigé Histoire des mouvements sociaux en France, de 1814 à nos jours (La Découverte, 2012), ainsi qu’Histoire de la rue, de l’Antiquité à nos jours (2022). La Part du rêve — Histoire du 1er mai en France est parue en 2005, chez Hachette littérature.
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Reporterre — L’intersyndicale (CGT, CFDT, FO, Solidaires, etc.) a appelé à faire du 1er Mai 2023 une « journée de mobilisation massive, unitaire et populaire contre la réforme des retraites partout sur le territoire ». Cet appel est-il, selon vous, dans l’esprit du 1er Mai originel ?
Danielle Tartakowsky — Il est tout à fait dans l’esprit du 1er Mai originel, dans la mesure où ce 1er Mai, enfin la décision de faire de cette date une journée de lutte internationale, a été la première occasion de s’adresser à l’ensemble du monde ouvrier, par-delà les frontières, sur une question globalisante : la réduction de la journée de travail — de 10, voire 12 heures ou plus — à 8 heures.
Au-delà de cet acquis concret, il faut souligner tout ce qu’a pu représenter cette mobilisation. Car 8 heures, cela signifiait aussi 8 heures de travail, 8 heures de sommeil et 8 heures de loisirs, c’est-à-dire, comme le suggère l’historienne Michelle Perrot, « la vision d’une société toute d’équilibre où la nécessité du labeur se trouve réconciliée avec l’aspiration au bonheur individuel et général ». Un autre monde devenait possible… dont les opposants à la réforme des retraites se réclament aujourd’hui.
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