Erdogan et le secret espoir des Occidentaux - Par Jean LÉVY
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"Erdogan et le secret espoir des Occidentaux", Et du "Monde" également, car c'est le titre de la chronique internationale du quotidien, daté du 12 mai, réservée aux élections présidentielles du 14 mai, en Turquie.
Philippe Ricard, le journaliste, cite, pour justifier son article, un chercheur associé à Carnegie Europe et ancien ambassadeur de l'Union européenne à Ankara, Marc Pierini : " Une victoire d'Erdogan serait une victoire pour Poutine". Et de poursuivre : "A contrario, la défaite du président sortant face au chef de file de l'opposition, Kemal Kiliçdaroglou, ferait l'affaire des Occidentaux, à commencer par celle des Européens".
Quand on connaît la position stratégique de la Turquie, aux frontières de l'Europe et de la Russie, en pleine guerre en Ukraine voisine, le choix des électeurs, dimanche va-t-il faire pencher la balance dans un camp ou dans l'autre ?
Erdogan au pouvoir a rameuté contre lui, une bonne partie des masses populaires contre son régime autoritaire, les prisons pleines d'opposants, la guerre sauvage faite aux Kurdes, et la misère face aux prix, qui ne permettent plus d'acheter le nécessaire, leur choix peut sembler clair.
Mais d'un autre côté, c'est peut-être la guerre, la Turquie porte-avions, quand on regarde la carte, Moscou et toute la Russie à portée des missiles US en quelques minutes..."
"Le Monde" s'en réjouit : l'article résume bien la stratégie en cause:
Citant un ancien ministre espagnol, on peut lire :
" L'essentiel de l'enjeu pour les Européens comme pour l'ensemble des Occidentaux, c'est la relation de la Turquie avec l'Otan en regard de celle qu'elle entretient avec la Russie" précise Marc Pierini
Le choix turc est remarquable par sa complexité, comme d'autres enjeux en ce monde fracturé. Faut-il choisir un tyran pour son peuple barbare ou l'impérialisme, dominé par Wall Street, le Pentagone et la CIA ? Quand on sait les crimes de masse que Washington a commis de sang-froid sur cent peuples de la terre, on peut s'interroger sur le choix qu'il faut faire.
Toute l'argumentation du camp américain repose sur l'enjeu stratégique d'une guerre qu'il prépare : Erdogan n'est qu'un pion que l'on efface pour se mettre à sa place.
Poser ainsi la question, c'est y répondre
Mais c'est aux Turcs à voter.
Jean LÉVY