À droite toute : L’ANALYSE de la résolution du PCF « Ouvrons une nouvelle page du rassemblement de la gauche et des écologistes » [le point de vue des communistes du PRCF]
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PRÉCISION : Le point de vue exprimé dans le texte ci-dessous, publié à titre informatif, ne traduit pas forcément celui du blog Commun Commune.
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Revenons plus en détail sur la résolution adoptée actant la sortie du PCF de la NUPES où il voisinait avec LFI, EELV et le PS. Une résolution adoptée de façon simultanée à la décision de proposer l’investiture d’une liste aux élections européennes, en y nommant l’ancien responsable du MJCF Deffontaines, un jeune loup qui avait pris il y a peu les précautions nécessaires pour sanctifier aux principales déclarations anticommunistes habituelles (lire ici). Un Deffontaines qui en est actuellement à soutenir avec Roussel au moins en partie les buts de guerre du gouvernement d’extrême droite de Tel Aviv, espérant ainsi s’acheter quelques sympathies dans la presse et l’audiovisuel détenus par les milliardaires et menant actuellement une violente campagne de propagande de guerre au moment du lancement de sa campagne électorale.
Prenons le temps d’analyser le contenu politique de cette résolution.
En préambule le texte acte de l’impasse – réelle et constatée de tous de la NUPES – en reconnaissant son caractère électoraliste » la NUPES, telle qu’elle a été constituée pour les élections législatives » et en dénonçant la prééminence de LFI dans cette assemblage » sous la volonté hégémonique de LFI » dénonce le texte.
Vient ensuite pêle-mêle et visant exclusivement LFI une série de motifs qui justifierait de la sortie du PCF de la NUPES. Les évidentes « insultes de dirigeants de LFI comparant la direction du PCF à des collaborationnistes nazis » sont un motif sérieux – et initiative communiste et le PRCF n’ont eu de cesse de dénoncer les remugles anticommunistes charriés par la NUPES ; chacun peut néanmoins constater que ces tensions préexistaient à la NUPES et lorsqu’il était alors question de gagner des élus ces préventions n’avaient pas eu l’heur d’inquiéter le PCF. Roussel lui-même s’est fait élire député avec l’étiquette NUPES sur ses affiches et en s’accommodant du slogan « Mélenchon 1er ministre »…. De fait le seul autre motif mis en avant est, citons-le : « le refus récent de qualifier d’actes terroristes les atrocités commises par le Hamas, délibérément à l’encontre de civils, affaiblit les rassemblements nécessaires pour la paix au Proche-Orient et la lutte contre les crimes de guerre de l’armée israélienne ». Soit un argument directement repris des oukases lancés par la droite extrême et l’extrême droite réunies à la faveur de la nouvelles explosions sanglantes du conflit israélo-palestinien. Une manière directe de cautionner et alimenter la criminalisation de la gauche et dans le même la réhabilitation et la normalisation de l’extrême droite. Cette extrême droite dont on ne peut méconnaitre ni le racisme, ni les racines antisémites.
La résolution en vient donc à proposer une autre forme de rassemblement, prenant en exemple les « rassemblements qui réussissent, comme c’est le cas dans de nombreuses majorités locales ou oppositions de gauche, où l’ensemble des forces travaillent ensemble ». Faisant ainsi référence sans doutes aucuns aux exécutifs locaux auxquels les élus PCF participent, le plus souvent à l’issue de listes d’union dès le premier tour. De la municipalité de Paris avec Hidalgo – que le PCF avec Ian Brossat ne cesse de mettre en avant – à celle de Marseille sous l’égide du très droitier Payan installer dans le fauteuil de maire à la faveur d’une manipulation dégueulasse, en passant par nombre de départements et régions. Des exécutifs qui bien souvent réunissent donc des élus PS ou EELV qui tels Hidalgo, Payan, Delga, Mayer-Rossignol ne font pas mystère de leur alignement avec Macron. Dont ils ont soutenu, ceux qui n’ont pas une mémoire de poisson rouge s’en souviennent, l’action lorsque celui-ci exerçaient ses attaques contre les travailleurs en tant que ministre du régime Hollande.
A ce titre est mis en avant un « nouveau type d’union », « permettant le débat entre nous comme avec les citoyens et les organisations syndicales ». Et d’ajouter « nous voulons construire un rassemblement à l’image de l’intersyndicale qui a porté le mouvement contre la réforme des retraites et se poursuit aujourd’hui sur la base de principe simple. » La référence est ici claire à la défaite du mouvement social contre la contre réforme des retraites. Cette résolution s’appuie sur un faux semblant complet. Un dangereux jeu d’illusionnistes. Comme si ce qui avait fait défaut dans cette bataille social avait été le fait de la stratégie de lutte parlementaire (dont serait coupable si on lit entre les lignes la LFI de Panot et Mélenchon). Alors que chacun sait que c’est le calendrier et la stratégie de lutte dictées par le bloc CFDT social-démocratie ( cher à Roussel et Martinez/Binet) alignant de façon 100% perdante le mouvement social sur le calendrier parlementaire qui a ainsi structurellement d’avance offert la décision, par le 49-3, au régime Macron pourtant aussi minoritaire qu’illégitime, en sapant la construction du rapport de force de classe, par les mobilisations dans la rue et les lieux de production. Dans la foulée, cette intersyndicale « rassemblée » suivi de près par les Roussel et Cie n’aura eu de cesse que d’enterrer avec empressement le mouvement social et de relégitimer un Macron plus impopulaire que jamais après son viol de la Nation en s’affichant à ses côtés et en réservant ses critiques non à Macron mais… à la NUPES et en particulier aux forces les plus offensives et progressistes au sein de LFI. Permettant ainsi l’exécution des directives du semestre européen de contre-réforme des retraites validés par ailleurs par la Confédération Européenne des Syndicats présidée par le chef de la CFDT ou déjà mis en place par le régime Hollande et sa réforme Touraine. Que la question soit posée : où est le changement et la nouveauté proposé ici par la direction du PCF ? dans le retour au bloc Hollande ? au bloc Jospin ? qui n’ont apporté avec leur méthode de « gauche » plus rien que plus de reculs pour les travailleurs, plus de soumission à l’Union Européenne du Capital, et ouvert à chaque fois plus grandes les portes au duo de la droite extrême et de son extrême droite.
Et la résolution de préciser également que ce rassemblement s’adresse à « toutes le forces disponibles » en mentionnant évidemment les « socialistes » les « radicaux et républicains de gauches ». A qui sait lire et prendre ses responsabilité, l’ambiguïté ne peut être permise. C’est bien vers les forces macronocompatibles du PS que se tournent Roussel et compagnie. Une démarche à mettre en perspective et pour ne citer que ces exemple du duo réalisé par Roussel à la fête de l’Huma pour lancer de concert la campagne présidentielle de celui qui s’est illustré par la répression sanglante des manifestations populaires des gilets jaunes, le sinistre Edouard Philippe, de la publicité de sa bonne entente avec Darmanin, ou encore de sa visite ces derniers jours à Estrosi ou de son déplacement en compagnie de Macron en Corse alors que celui-ci y portait le fer contre l’acquis révolutionnaire de la République Une et Indivisible.
S’il est en revanche un point qui n’est pas porté par cette résolution et ce manque doit absolument être souligné, c’est l’ambition du contenu politique, des priorités programmatiques de ce rassemblement qui enterre la « NUPES » et surtout la soi-disant hégémonie de LFI. Celui-ci est caractérisé par une seule périphrase bien floue « l’ambition pour le progrès social, pour la justice et pour la paix ». Comme dirait certains amis du PCF muté de Fabien Roussel, quand c’est flou c’est qu’il y a un loup ! Et en la matière on le voit bien ce n’est pas d’imposer une campagne communiste offensive qu’il est question ici, mais bien de poursuivre dans la droite ligne de la mutation engagée avec Robert Hue, celle de l’accélération de la fusion du PCF PGE en tant que composante assumée de la social-démocratie eurocrate. De fait, si d’aucun on put s’illusionner à la faveur de l’agitation d’un Roussel pour se mettre sur le devant de la scène cultivant à cette fin un folklore identitaire, force est de constater par la preuve des faits que ce n’est pas du retour du communisme au sein du PCF-PGE qu’il est question.
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