Jean Lévy aurait eu 100 ans aujourd’hui
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Notre ami Jean Lévy animait le blog « Ça n’empêche pas Nicolas » et collaborait régulièrement, il y a quelques mois encore, au blog « Commun commune ». Il nous a quitté le 16 octobre dernier. En cette journée du 5 mars 2024, 100 ans après sa naissance, nous tenions, à notre manière, à honorer sa mémoire.
À cette fin, nous republions, ci-dessous, plusieurs de ses derniers articles qui restent, il faut bien le dire, d'une brûlante actualité.
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La RUSSIE isolée dans le Monde ?
L'ensemble des médias, qui répercutent à longueur de journée le point de vue de Washington, prétendent que la Russie de Poutine est isolée dans le monde et que pratiquement tous les états lui tournent le dos.
Cette affirmation est contredite par ces mêmes médias, lorsque ceux-ci traitent des évènements qui surviennent au quotidien. C'est le cas du "Monde", relatant la tenue en Ouzbékistan du 15 au 17 septembre du sommet de l'Organisation de Coopération de Shangaï. Le quotidien du soir rappelle à cette occasion l'historique de l'OCS :
"Créée en 2001 par la Chine, la Russie et quatre pays d'Asie centrale (Le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan), l'OCS a accueilli en son sein l'Inde et le Pakistan en 2017. La Biélorussie, l'Afghanistan et la Mongolie ont le statut d'observateurs, tout comme l'Iran d'en devenir membre à part entière. Une dizaine de pays dont l'Egypte, l'Arabie saoudite et le Qatar pourraient devenir membres observateurs, alors que six autres états sont "partenaires de dialogue", l'Arménie, l'Azerbaïdjan, le Cambodge, le Népal, le Sri Lanka et la Turquie."
Cette énumération met en défaut l'affirmation d'un isolement de la Russie...
Et quand on sait que celle-ci fait, en outre, partie des BRICS (qui groupent le Brésil, l'Inde, la Chine, l'Afrique du Sud), la mise à l'index mondial de la Russie n'est pas à l'ordre du jour !
Il est vrai que pour nos médias, le monde, c'est l'Occident : les Etats-Unis et leurs laquais occidentaux !
JEAN LÉVY
Le 20 septembre 2022
Ukraine : la paix ou une troisième guerre mondiale
«Le Monde », daté du 11 janvier, par son éditorial, commence à s’inquiéter, à mots couverts, de du danger d'élargissement du conflit en Ukraine en une guerre de l'Union européenne, donc de la France, contre la Russie.
Cette crainte est motivée "par l'envoi à Kiev de matériel militaire par la France et l'Allemagne - les chars légers - qui ne serait plus défensif :
« La décision de la France, annoncée le 4 janvier, suivie le lendemain par celle des Etats-Unis et de l'Allemagne, de livrer des blindés légers de combat à l'Ukraine marque une nouvelle étape dans l'aide fournie par les démocraties tels que les transports de troupes ou des matériels d'artillerie, mais des moyens pour soutenir l'offensive. Les AMX-10 RC français, comme les Bradley américains et les Marder allemands, sont des véhicules armés de canons conçus pour être engagés au plus près de la ligne de front (...)
Pareille évolution ne va pas sans risque. Elle pose la question du danger d'escalade et du moment où l'actuelle guerre par procuration pourrait dégénérer en une confrontation directe entre les occidentaux et la Russie ».
Sensible à cette situation, l'éditorialiste du « Monde », qui approuve toutefois l'intervention française, préconise un débat au Parlement :
« Alors que, depuis le début du conflit en Ukraine, le Parlement n'a jamais débattu de façon approfondie de la position française, il est temps d'associer la représentation nationale à des décisions qui engagent le pays sur une question fondamentale sur sa sécurité ».
Cette proposition montre, s'il en était besoin, de la gravité de la situation, en évoquant la possibilité d'une guerre ouverte de la France contre la Russie.
Un tel débat permettrait à chaque député, à chaque sénateur de mettre son véto à l'engagement guerrier de la France, qui nous mène tout droit à une troisième guerre mondiale.
Issue que nous dénonçons depuis le 24 février de l'an passé.
Sans que l'opinion en soit consciente.
C'est là le danger.
JEAN LÉVY
Le 12 janvier 2023
Quand les sanctions économiques conduisent à la guerre et à la défaite : l'exemple du blocus continental imposé par Napoléon à l'encontre du Royaume Uni
Décréter des sanctions économiques à l’encontre d’un état n'est pas chose nouvelle dans la politique européenne...
Napoléon en décrétant le "blocus continental" de la Grande-Bretagne en 1806, vise à interdire à cette puissance tout commerce avec les ports européens pour ruiner l'économie britannique.
De cette manière, l'Empereur espère empêcher, pendant quelques années, le Royaume-Uni d'écouler ses marchandises et ainsi provoquer une hausse massive des stocks, provoquant des faillites, et une raréfaction des importations susceptible de provoquer une hausse des prix et une chute du pouvoir d'achat.
Si l'Empereur a pris cette mesure, c'est qu'il sait que l'infériorité navale française ne lui permet pas de bloquer les ports de la Grande-Bretagne.
Le blocus, comme les sanctions aujourd'hui contre la Russie, est donc une arme de guerre économique.
Bien appliqué, ce blocus napoléonien devait mettre en péril de larges pans de l'économie britannique, tant pour l'importation (de céréales, d'armes et de munitions) que pour l'exportation (de produits coloniaux et principalement de cotonnades et de lainages qui, réunies, représentent plus de 50 % du total des exportations britanniques).
Mais, à l'inverse, l'interdiction de commercer ne touche pas que "l'ennemi", les marchandises françaises et européennes n'ont plus de débouchés outre-Manche, et cela mécontente à force le monde des affaires européen.
Le blocus ne peut donc réussir que si l'ensemble du continent le respecte. Or, à fin 1806, le décret n'est exécuté qu'en France et dans les royaumes alliés et pays occupés, à savoir l'Italie, l'Espagne, le Royaume de Hollande, des provinces allemandes, ainsi que le Danemark.
Mais comment contraindre les autres pays de respecter l'interdiction de commercer ?
Par des traités, certes, mais aussi par la guerre.
Et cette option va être fatale à Napoléon.
Face aux états récalcitrants, tels le Portugal, Napoléon choisit la manière forte : l'invasion. Mais il faut traverser l’Espagne l’empereur se heurte au peuple. Les partisans lui infligeront sa première et douloureuse défaite, avant celle qu'il subira dans les plaines glacées de Russie, en 1812.
Aujourd'hui, les "paquets" de sanctions, qui frappe cette même Russie, ne peuvent priver celle-ci des débouchés vitaux pour son économie.
Adossée à la vaste Chine, liée par des traités au très riche Kazakhstan, aux BRICS (*), la Russie ne peut être isolée dans le monde d'aujourd'hui.
Mais ni Washington, ni Bruxelles n'ont rien retenu de l'Histoire...
Et c'est tant pis.
JEAN LÉVY
Le 28 février 2023
(*) Les BRICS sont un acronyme pour désigner un groupe de cinq pays qui se réunissent depuis 2011 en sommets annuels : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud . Et depuis, l'Algérie souhaite en faire partie...
Le différent Chine - USA sur Taïwan : une possible histoire corse ?
Et si en 1944, le régime de Vichy, Pétain en tête, s'était replié en Corse avec l'ensemble de ses forces militaires et répressives, et que l'état-major US n'ait pas voulu engager une épreuve de force contre d'éventuels alliés « contre le communisme », la Corse détachée politiquement du continent se considérerait aujourd'hui comme un État souverain, soutenu par Washington...
Et la République française estimerait, aujourd'hui, avec juste raison, la Corse comme partie intégrante de la France, et ne cesserait de revendiquer son retour au sein du territoire national.
L'île de Taiwan, de 1895 à 1945, sous le nom de Formose, était une colonie japonaise. Elle faisait historiquement partie de la République de Chine.
En 1949, à l'issue de la guerre civile entre l'Armée populaire, conduite par Mao, et celle commandée par Tchang Kaï-chek, battue en 1949 sur le continent, celle-ci a cherché refuge, dans l'île et fait sécession par anticommunisme.
Cette procédure n'a jamais été reconnue par les Nations Unies, si bien que l'ONU ne reconnaît pas Taiwan comme un état indépendant, alors que Pékin ne fait pas mystère de sa volonté de réunifier le pays.
Les États-Unis soutiennent, eux, l'indépendance de Taiwan prônée par les dirigeants de Taipei. Un conflit de plus entre l'oncle Sam, qui veut régenter le monde à sa manière, et la Chine populaire.
Macron ne crie pas contre l'intervention étrangère, et ses médias plus que complaisants, présente la Chine comme un état conquérant, quand celle-ci ne fait que revendiquer ses propres terres.
JEAN LÉVY
Le 11 avril 2023
Le Monde du 21 juin 2023 :
La France se résout à soutenir l’adhésion
de l’Ukraine à l’OTAN
Un conseil de défense réuni à l’Elysée a examiné l’hypothèse de l’entrée de Kiev dans l’Alliance atlantique, jusqu’alors écartée par Paris, Berlin et Washington mais défendue par des pays d’Europe centrale comme la Pologne et les Pays baltes. Cette ouverture française serait destinée à accroître la pression sur la Russie, alors que la contre-offensive ukrainienne rencontre des difficultés.
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Le commentaire de Jean Lévy
L'Ukraine dans l'OTAN, préconisée par Macron, c’est justifier l'entrée en guerre contre la Russie.
Car chacun sait qu’un Etat participant à cette alliance se disant agressé peut réclamer l'intervention militaire des autres membres de l'Otan.
Donc, l'entrée en guerre des pays otanisés contre la Russie...
Même l'Allemagne et les Etats-Unis se sont prononcés contre cette éventualité
A quoi donc joue l'hôte provisoire de l'Élysée ?
Pour les beaux yeux de son ami Zelenski, il mettrait la France en guerre ? Ou bien pour marquer son règne dans l'histoire, plonger notre pays dans un conflit ?
Espérons que « Le Monde » se trompe ou prend ses espoirs pour la réalité.
Et nous croyons que les Français traverseraient la rue (de l'Élysée) pour rencontrer un excité, qui ne songe qu'à sa personne à en devenir inquiétant.
JEAN LÉVY
Le 26 juin 2023
Macron appuie l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN... Quelles conséquences pour la France ?
Le Monde :
Un récent conseil de défense, réuni le 12 juin 2023 à l’Elysée, a examiné l’hypothèse d’une éventuelle adhésion de l’Ukraine, une option désormais considérée à Paris comme une garantie de sécurité à part entière, car susceptible de décourager la Russie de poursuivre la guerre.
Faire miroiter cette perspective pourrait, au passage, convaincre le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, d’entrer en négociation, quand il en jugera le moment venu, en fonction des résultats de sa contre-offensive.
Le commentaire de JEAN LÉVY
Ce que ni « Le Monde » ni Macron ne disent pas, c'est que faire partie de l'OTAN vous contraint à entrer en guerre lorsqu'un autre membre du traité se dit victime d'une agression de la part d'une puissance extérieure.
C'est ce que prétend Zelenski, concernant la Russie. Donc, si l'Ukraine faisait partie de l'OTAN, la France, membre à part entière du traité, devrait automatiquement entrer en guerre à ses côtés.
C'est l'objectif de l'Ukraine : faire son conflit, encore limité, une guerre planétaire menée par les Occidentaux contre la Russie.
Si les États-Unis visent au morcellement de ce pays pour en faire des territoires à exploiter pour son industrie, une guerre directe avec un Etat largement pourvu d'armes nucléaires provoque des réticences au sein de l'Etat profond américain.
Harceler la Russie par des guerres périphériques, tenter d'user ses structures en vue d'une fissure, créer des troubles internes, conviennent mieux à la Maison Blanche, à Wall Street qu'un conflit mondial.
Aussi, l'entrée de de l'Ukraine à l'OTAN ne semble pas être pour les Américains, l'objectif du sommet de Vilnius, les 11 et 12 juillet prochains.
Seule la France de Macron fait de la surenchère, l'hôte de l'Elysée, qui aime les postures, se verrait bien en « chef de guerre » ...
Mais les événements militaires de ces jours derniers, l'offensive des forces russes en Ukraine, ses succès annoncés, vont-ils changer la donne ?
JEAN LÉVY
Le 6 juillet 2023
SON DERNIER ARTICLE :
Le 11 septembre 2023
La Guerre en Ukraine : « Où en est-on ? Au bord du gouffre... » INFORMATIONS par Jean LÉVY
POURSUIVRE LA LECTURE :
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Jean LÉVY, un militant internationaliste
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Le témoignage de Jean Lévy de retour du
Portugal en novembre 2011…
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Présent au Portugal lors de la « greve geral » du 24 novembre 2011, je tiens à faire partager à mes lecteurs, mes impressions sur ce grand moment de lutte sociale et politique.
D’abord, des nouvelles fraîches de la grève générale. Décidée en commun par les deux centrales syndicales, la CGTP et l’UGT, elle a mobilisé le peuple portugais dans ses profondeurs. Les médias ont été contraints de l’avouer : la paralysie du pays a été totale. Le métro fermé, les trains à l’arrêt du nord au sud, pas un bateau sur le Tage, 7 kilomètres de large au niveau de Lisbonne (alors que les navettes fluviales assument la liaison permanente entre les banlieues ouvrières de Barreiro et d’Almada et la capitale), attestent de l’adhésion populaire au mot d’ordre syndical. Mais au-delà des transports, la grève a été aussi massive dans l’aviation civile, l’enseignement, la santé (y compris les médecins…), la justice, la télévision, et bien sûr, dans l’industrie privée. Les syndicats chiffrent à 90% le nombre de grévistes (de 70 à 100%, selon les professions et les régions).
Le gouvernement de droite de Pedro Passos Coelho, confronté au côté spectaculaire de cette « greve geral », effective malgré l’annonce de l’obligation d’un service minimum de 50% dans les transports et l’échec total de cette mesure, a cru bon de prétendre que « les salariés absents n’étaient pas grévistes, mais seulement dans l’incapacité d’aller travailler» !.
Par contre, la manifestation syndicale unitaire à Lisbonne (des dizaines d’autres ont eu lieu en province), s’est déroulée malgré les relations totalement interrompues par la grève avec la banlieue ouvrière. Pourtant des milliers et des milliers de salariés, de jeunes et de retraités étaient présents dans le cortège qui du célèbre « Rossio » s’est porté jusqu’aux marches de l’Assemblée de la République, où les leaders des centrales syndicales ont pris la parole.
Quelques incidents, après la dislocation entre « incontrôlés » et policiers, ont permis aux médias de mettre l’accent, en premier, sur ces heurts, avant de parler de la grève massivement réussie.
L’an passé, un 24 novembre déjà, une précédente grève générale déclanchée alors contre la politique de rigueur du socialiste José Socrates, avait déjà connue un très grand succès, toutefois dépassé par le dernier mouvement, lui-même précédé par une grève de la fonction publique, avec 190.000 manifestants, le 30octobre, jour choisi également par les militaires (plus de 10.000), pour faire entendre aussi leur voix.
Ces mobilisations, leur ampleur, expriment le degré d’exaspération du peuple portugais, depuis des mois dans le collimateur de l’Union européenne, et soumis par celle-ci à une des pires politiques d’austérité en vogue aujourd’hui dans l’Europe de l’Euro.
Au Portugal, le Smic est à 478 euros. La grande majorité des salaires et des retraites n’excède pas 800 euros. Et les prix, à Lisbonne, atteignent, pour les produits de qualité (sans être de luxe), des chiffres souvent comparables à ceux de Paris. Les habitants de la capitale sont contraints à une frugalité quotidienne (nourriture, vêtements…), aggravée par la récente décision gouvernementale de supprimer les 13 et 14ème mois. Mais « seulement » applicable aux salaires supérieurs à 400 euros…Les « riches », pour le gouvernement, qui se glorifie de cette mesure de « justice sociale » !!!
On serait révolté à moins.
Mais la colère populaire est telle que le PS, encore au pouvoir l’an passé avec José Socrates, et menant alors une politique de rigueur renforcée, met aujourd’hui en avant un programme anticapitaliste, avec, en prime, un impôt nouveau sur le Capital. Et son ancien leader Mario Soares fait de la surenchère « plus rouge que moi tu meurs »…
Il faut ajouter que le Parti communiste portugais s’est naturellement inscrit dans la préparation de la grève générale.
« Todos juntos na greve geral », telle était la ‘Une’ d’Avante, l’hebdomadaire du PCP, daté du 17 novembre. Et son éditorial s’intitulait : « Construir a greve geral », tout un programme, confirmé page 9 par un appel pour « mobilizar e organisar » à « uma semana até à greve geral » Pas besoin de traduire…
Lisant ces lignes, combien de lecteurs penseront au parallèle à faire avec la CGT et le PCF…
Mais le 24 novembre n’est pas une fin en soi. Déjà une manifestation est prévue par les syndicats CGTP de Lisbonne le 30 novembre, à 9h30, à nouveau devant l’Assemblée de la République.
Et comme scandaient les manifestants du 24 novembre :
"ESTA NA RUA ! A LUTA CONTINUA !"
Jean LÉVY
Le 27 novembre 2011