ASSEZ DE BRICOLAGES – Le Billet d'Humeur du Docteur Christophe Prudhomme
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Notre système de santé se dégrade et les politiques, avec un certain nombre de professionnels, font assaut de propositions de réformes qui ne s’attaquent qu’à un problème ou un secteur d’activité. Une fois cela concerne la médecine de ville avec par exemple la liberté d’installation, une autre c’est l’hôpital avec la fermeture des lits, puis ce sont les urgences et après les EHPAD... Bref une cacophonie qui ne prend pas en compte la réalité de la situation et les priorités des citoyens, tous futurs patients, et les demandes des soignants.
L’urgence aujourd’hui est de rétablir ce qui a fait la force de notre système de santé, à savoir le service public et la prise en charge par un système solidaire qui est la Sécurité. Pour cela, il ne s’agit pas de bricoler et de mettre des pansements sans traiter les véritables causes qui sont les dérives libérales qui ont pour objectif de privatiser et de financiariser tant l’offre de soins que l’assurance maladie. Il s’agit donc d’en finir avec le privé, que ces soit sous la forme de la médecine libérale avec ses dépassements d’honoraires, le manque de médecins traitants et une absence de régulation de l’installation sur le territoire, les cliniques et les EHPAD privés ainsi que les assurances privées. Cela ne peut se faire qu’en traitant de manière globale l’organisation au sein de territoires de vie intégrant la médecine de ville, l’hôpital et les structures médico-sociales. L’autre urgence est de rétablir la Sécurité sociale dans ses fondements afin qu’elle devienne réellement l’unique collecteur de cotisations et le seul financeur des prestations, en supprimant les assurances complémentaires, abusivement désignées mutuelles. Enfin, tout comme cela existe avec le régime particulier d’Alsace-Moselle, c’est aux assurés sociaux de gérer leur système d’assurance maladie au sein de conseils d’administration qui décident du niveau des cotisations pour assurer l’ensemble des prestations tout en assurant un équilibre financier du régime. L’État avec le parlement ne doit se contenter, comme c’est le cas aujourd’hui pour ce régime, de contrôler a posteriori le bon fonctionnement du système.
Face à cette situation, il est compréhensible de se retrouver confronté à une colère légitime et à un rejet des politiques et du système car aucune proposition concrète n’est avancée pour donner l’espoir de mesures politiques qui amélioreraient la situation quotidienne. Or sans espoir d’un avenir meilleur, il ne faut pas espérer que les électeurs se déplacent pour voter et apportent leurs voix à de quelconques candidats, si ce n’est de manière négative pour exprimer leur exaspération, face à ce qu’ils considèrent comme un abandon par l’Etat. Nous devons proposer un programme politique à la fois réaliste et cohérent qui fixe des objectifs ambitieux qui seront peut-être taxés d’être irréalistes, mais qui aurait pu croire qu’au sortir de la guerre, il soit possible de mettre en place notre Sécurité sociale. Il nous faut ainsi mettre en avant que nos rêves peuvent devenir une réalité si nous nous en donnons les moyens politiques.
Docteur Christophe Prudhomme
Médecin urgentiste- Syndicaliste
SOURCE : Facebook