La révolution géopolitique de POUTINE
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Alexandre Douguine souligne que le discours de Poutine à Munich en 2007 marque le début d’une révolution multipolaire qui remet en cause le mondialisme unipolaire et diminue la pertinence de l’ONU.
Par Alexandre Douguine
Le discours que Vladimir Vladimirovitch Poutine a prononcé il y a dix-huit ans à Munich a marqué la première remise en cause systémique et clairement formulée du système unipolaire mondialiste. C’était le début d’une révolution géopolitique dont le fer de lance était initialement la Russie, mais progressivement d’autres puissances ont rejoint le club de la multipolarité. La Chine, l’Inde et le Brésil ont été les premiers à suivre, et plus tard, d’autres nations, aujourd’hui adhérentes du BRICS, se sont jointes à eux. Cela a marqué l’institutionnalisation de la multipolarité prônée par Poutine dans son discours de Munich.
Aujourd’hui, nous avons considérablement progressé sur cette voie. Nous menons une guerre contre le mondialisme en Ukraine, en luttant spécifiquement contre l’idéologie libérale-mondialiste. La multipolarité devient de plus en plus solide et visible, notamment à travers des structures comme les BRICS, tandis que le monde unipolaire s’achemine à un rythme régulier vers son déclin – surtout après le début de la révolution conservatrice de Trump aux États-Unis. Bien sûr, Trump et les «Trumpistes» tenteront de préserver le monde unipolaire, mais sous une forme différente, fondée sur l’hégémonie directe des États-Unis. Cependant, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a déjà reconnu que nous vivons dans un monde multipolaire. Cette reconnaissance est à la fois exacte et prometteuse.
En 2007, dans son discours de Munich, Poutine a souligné la nécessité d’adhérer à la Charte des Nations unies. Cependant, l’ONU est une organisation façonnée par les résultats de la Seconde Guerre mondiale, où le Conseil de sécurité, la répartition du pouvoir et ses mécanismes étaient formellement ancrés dans les principes de l’ordre westphalien. L’ONU ne reconnaissait que les États-Nations en tant qu’acteurs souverains.
En février 2007, Vladimir Poutine a prononcé son célèbre discours de Munich, qui peut être considéré comme une déclaration de la trajectoire politique souveraine contemporaine de la Russie.
La fondation de l’ONU contenait également une formule contradictoire : reconnaître à la fois le droit de tout État-nation à l’intégrité territoriale et le droit des peuples à l’autodétermination, un principe qui remet intrinsèquement en question la souveraineté. Cette formule ambiguë a depuis été appliquée dans divers contextes et avec des significations différentes. Quoi qu’il en soit, le système des Nations unies a préservé la bipolarité, ainsi qu’un petit groupe de pays non alignés.
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