« Il n’y a pas de quoi se réjouir de l’inéligibilité de Marine Le Pen » - Par François Boulo
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Coup de tonnerre dans la vie politique française : la candidate déclarée (et annoncée favorite du 1er tour) à l’élection présidentielle 2027 est frappée d’une sanction d’inéligibilité pour cinq ans ! C’est la conséquence d’une décision du Tribunal correctionnel de Paris du 31 mars 2025 qui a condamné différents cadres du Rassemblement national, dont son ancienne présidente, pour « détournement de fonds publics ». La déflagration est sans précédent : voilà que plus de 30 % d’électeurs se retrouvent soudainement privés de leur candidate pour l’élection la plus importante du pays ! La petite élite bien-pensante du microcosme parisien s’est immédiatement réjouie de cette condamnation pénale pourtant lourde de conséquences, tout en vilipendant sévèrement les critiques du verdict au nom de « l’indépendance de la justice ». De leur côté, les partisans de la cheffe de file frontiste ont crié au scandale et dénoncé le « gouvernement des juges », c’est-à-dire l’immixtion de la justice dans la vie politique et l’usurpation supposée de la volonté du peuple. Comme souvent, il se pourrait bien que ni les uns ni les autres n’aient tout à fait raison…
Qu’un juge puisse, par son appartenance au milieu culturel petit-bourgeois, être orienté idéologiquement et, par-là, opposé aux idées du Rassemblement national est un truisme. Que nombre de magistrats soient acquis à la pensée dominante aujourd’hui incarnée par le macronisme et qui se caractérise essentiellement par un mépris – même inconscient – envers les classes sociales inférieures est tout aussi évident. La complicité avec laquelle la justice a agi pour accompagner la féroce répression menée par le pouvoir à l’encontre du mouvement des Gilets jaunes en a été une preuve exemplaire.
Pour autant, il serait simpliste, et même malhonnête, de qualifier la condamnation de Marine Le Pen de « décision politique ». En réalité, les juges n’avaient pas une grande marge de manœuvre…
Une décision judiciaire quasi inéluctable
La loi Sapin II votée en 2016 a conféré à la peine d’inéligibilité un caractère automatique pour toutes les infractions commises par une personne exerçant une fonction publique et caractérisant un manquement au devoir de probité.
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