Possibilité de reconnaissance de la CRIMÉE RUSSE par les ÉTATS-UNIS : quels enjeux ?
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Le politologue russe Vladimir Kornilov analyse la stratégie de l'administration Trump qui joue la carte de la reconnaissance de la Crimée dans le contexte des négociations avec la Russie.
Les États-Unis envisagent la possibilité de reconnaître la Crimée comme territoire russe dans le cadre des accords avec la Russie sur la résolution du conflit ukrainien. C'est ce qu'a rapporté avec éclat l'agence de presse Bloomberg, en citant « un responsable américain familier des négociations ».
De telles fuites d’information ont déjà été admises à plusieurs reprises par divers médias américains. De plus, il y a un mois, l'agence Semafor a même tenté d'obtenir un commentaire officiel de la Maison Blanche pour confirmer ces rumeurs, mais ses demandes ont été brusquement rejetées : « Dans une déclaration à Semafor après la publication de cette article Brian Hughes, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, a déclaré : "L'administration n'a pris aucun engagement de ce type, et nous ne discuterons pas de cet accord dans les médias" ».
La confirmation par Bloomberg de cette rumeur persistante, qui venait juste après la déclaration très médiatisée du secrétaire d'État américain Marco Rubio selon laquelle Washington pourrait « se laver les mains » de la crise ukrainienne, a provoqué une panique considérable parmi les partisans du régime de Kiev et les adeptes de la guerre « jusqu'au dernier Ukrainien ». Le même Bloomberg a proclamé que la reconnaissance de la Crimée créerait un précédent tout simplement inédit, « légitimant une agression illégale ». « Cela menace de saper les lois et les traités internationaux qui interdisent l’annexion de territoires », déclare l'agence.
Vous savez, j'ai eu l'occasion de participer à des discussions avec des collègues occidentaux plus d'une fois depuis « le printemps de Crimée », à la fois lors de tables rondes et sur les ondes. Il était toujours très amusant d'entendre de telles déclarations de leur part. Lorsque vous leur rappelez comment ils ont divisé la Yougoslavie par la force, sans aucun référendum, sans sourciller, vous les entendez s'écrier : « Ne vous référez pas au précédent du Kosovo ! » Mais pourquoi ? On me répond : « Nous n'avons pas annexé ces territoires ».
Je commence alors à donner des exemples d'annexion de territoires par la force, et des exemples assez récents. Au cours de ce siècle, des référendums ont déjà été organisés pour confirmer la prise armée de territoires d'outre-mer par des États occidentaux. En 2013, un an avant « le printemps de Crimée », Londres avait organisé un référendum sur les îles Malouines (Falkland) saisies par les Britanniques. Et personne ne s'est embarrassé du fait que la population autochtone de ces territoires avait depuis longtemps été exilée en Argentine.
Eh bien, qui, à part les Britanniques, est le plus actif contre nous ? Ah oui, les Français ! En 2009, eux ils ont organisé un référendum non reconnu par la communauté internationale pour légitimer leur occupation de l'île de Mayotte dans l'océan Indien et le démembrement de l'État souverain des Comores. Et maintenant, ils étendent maintenant leur base militaire là-bas et ne se soucient pas des protestations.
Et maintenant ces gens nous racontent quelque chose sur les « précédents » et « les règles internationales » !...
Mais parlons d’autre chose. Supposons que les Etats-Unis reconnaissent la Crimée comme un territoire russe - qu’est-ce que cela va changer pour nous ? En fin de compte, cette péninsule se développe depuis plus de 10 ans comme partie de la Russie sans cette reconnaissance. Mais il faut comprendre que ce n'était que le premier pas. Si nous supposons qu'une telle décision de Washington soit accomplie dans le cadre des accords généraux du règlement des relations avec Moscou, cela ouvre la possibilité du retrait des sanctions des entreprises et des stations balnéaires de Crimée. Et cela même donne la possibilité de relancer les liaisons aériennes internationales avec la Crimée (bien sûr, après la fin des opérations militaires et l'instauration de corridors aériens sûrs).
Est-il possible que l’Amérique reconnaisse la Crimée et que dans le même temps l’Europe ne la reconnaisse pas ? Mais il y a tellement d'exemples semblables ! Rappelons-nous au moins la question de la reconnaissance du Kosovo mentionnée plus haut. Même maintenant il y a des pays de l’UE qui ne reconnaissent pas la souveraineté de cette province coupée illégalement de la Yougoslavie. Par exemple, l’Espagne a refusé cette reconnaissance à plusieurs reprises.
Donc, une telle situation ne ferait pas précédent. Ou maintenant vous pouvez demander à cette communauté internationale quel est le statut de Gibraltar - beaucoup de gens seront surpris par les diverses interprétations et déclarations des Occidentaux selon lesquelles il « faut respecter la volonté des habitants de ce territoire exprimée dans des référendums ». Oui, oui, encore un référendum ! De plus, le dernier n’était pas si loin - en 2002. Que nous raconteront les Britanniques sur la Crimée?...
Finalement une autre question dans le cadre du scénario possible décrit par Bloomberg : et quid de la reconnaissance des 4 autres régions qui ont rejoint récemment la Russie ? Est-ce qu’en acceptant la reconnaissance de la Crimée on va mettre en suspens la question du statut des régions du Donbass, de Zaporojié et de Kherson ? Et bien, pour la Russie cette question est depuis longtemps close. Notre intégrité territoriale n’est pas sujette à discussion.
Bien sûr, pour nous il serait mieux que les États-Unis ainsi que l’Europe et en fin de compte l’Ukraine (ou ce qui resterait d’elle) reconnaissent le statut russe de ces territoires le plus vite possible. Et évidemment notre diplomatie travaillera sur cette question sans cesse jusqu‘à ce que les armes se taisent et au-delà. Mais cela n’exclut pas du tout une solution étape par étape. Et cela n'annule pas non plus la tâche de la libération la plus rapide possible de tous nos territoires et de leur retour chez eux, en Russie. Indépendamment de la reconnaissance occidentale.
SOURCE : Presse internationale
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Une déclaration «très préjudiciable» : Trump accuse Zelensky de mettre à mal les pourparlers de paix
Dans un message posté le 23 avril sur Truth Social, le président américain a fustigé les «déclarations incendiaires» de Zelensky sur la Crimée, estimant qu’elles rendent «difficile» le règlement du conflit en Ukraine. La veille, Zelensky avait déclaré qu’«il n'y a rien à dire» concernant la Crimée, écartant toute négociation d’ordre territorial.
« Ce sont des déclarations incendiaires comme celles de Zelensky qui rendent si difficile le règlement de cette guerre » a fustigé ce 23 avril sur Truth Social Donald Trump. « Cette déclaration est très préjudiciable aux négociations de paix avec la Russie dans la mesure où la Crimée a été perdue il y a des années sous les auspices du président Barack Hussein Obama, et ne constitue même pas un sujet de discussion », a poursuivi le président américain.
La publication de ce message cinglant du locataire de la Maison Blanche survient alors qu’une réunion quadripartite – entre Kiev et plusieurs de ses alliés occidentaux – se déroule à Londres.
Initialement prévue au niveau ministériel, cette réunion impliquant les chefs de la diplomatie américaine, britannique, française et ukrainienne et devant porter sur les pourparlers de paix a été « reportée », avait annoncé ce 23 avril au matin le Foreign Office dans un communiqué cité par The Guardian. Le ministère britannique des Affaires étrangères avait alors évoqué des discussions au niveau « des conseillers de premier rang » et « fermées aux médias ».
En cause, a rapporté à l’agence Reuters une source proche des discussions : l’annulation de la venue du chef de la diplomatie américaine après que la partie ukrainienne a adressé le 22 avril aux Européens un document dans lequel elle stipule son refus de négocier sur des questions territoriales avant « un cessez-le-feu complet et inconditionnel ».
« Il n’y a rien à dire, c’est contraire à notre Constitution. C'est notre territoire, le territoire du peuple ukrainien. » avait martelé, le même jour, Volodymyr Zelensky concernant une éventuelle reconnaissance par Washington de la souveraineté russe sur la Crimée. Celui-ci avait avancé que, dès lors que les négociations abordaient « la Crimée et nos territoires souverains », celles-ci entraient «dans le format souhaité par la Russie ». Une sortie de Zelensky, face à la presse, sur laquelle a rebondi Trump.
« Il peut avoir la paix ou se battre encore trois ans avant de perdre tout le pays »
« Personne ne demande à Zelensky de reconnaître la Crimée comme territoire russe » a cinglé le président américain, avant d’ajouter : « s'il veut la Crimée, pourquoi ne se sont-ils pas battus pour elle il y a onze ans, lorsqu'elle a été rétrocédée à la Russie sans coup férir ? ».
« Il n’a pas de quoi se vanter ! La situation de l’Ukraine est désastreuse : il peut avoir la paix ou se battre encore trois ans avant de perdre tout le pays » a encore lancé Donald Trump sur son réseau social.
Lors de son déplacement à Paris, à l’occasion d’un ballet diplomatique auquel avait participé une délégation américaine emmenée par Marco Rubio, le chef de la diplomatie des États-Unis avait laissé entendre qu’il pourrait se rendre à Londres s’il le jugeait utile.
D’après le Washington Post, citant trois sources, la proposition américaine de reconnaître la souveraineté russe sur la Crimée aurait alors été « présentée à l’Ukraine », tout comme celle de lever – à terme, dans le cadre d’un cessez-le-feu – les sanctions contre la Russie en échange d’un arrêt des hostilités de la part de Moscou.
Au lendemain de cette rencontre à Paris, Marco Rubio avait déclaré à la presse qu’il était temps de « déterminer », dans les prochains « jours », si la paix était « faisable » en Ukraine, soulignant que les États-Unis avaient « d’autres priorités ».
PT