À propos de l’intronisation du nouveau PAPE Léon XIV : la lettre de Philippe Arnaud
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Le 9 mai 2025
Chers tous,
Hier 8 mai, à 18 h 08, la fumée blanche s'est échappée de la Chapelle Sixtine, indiquant que le successeur du pape François venait d'être élu. Et, de ce moment à la fin du journal télévisé de France 2, à 21 h, il n'a été question que de l'intronisation du nouveau pape Léon XIV. Toutes les autres informations (incluant - excusez du peu ! - la guerre à Gaza, la guerre en Ukraine et les annonces commerciales de Donald Trump...) ont été expédiées en quelques secondes.
Remarque 1. Ce qui est paradoxal, dans cette mise en scène, c'est l'importance démesurée accordée à un individu et à sa personnalisation. Alors qu'en théorie, la religion (et, en particulier, le catholicisme) est censée ne se référer et ne rendre d'hommage qu'à Dieu, entité abstraite. En outre, en dehors du culte, l'exercice du catholicisme se ramène à observer une certaine éthique - où entrent d'ailleurs autant le respect d'un certain ordre social que la morale au sens strict. La religion n'a donc, en théorie, rien à faire de ce spectacle, qui la transforme en cérémonie toute séculière.
Remarque 2. Dans les faits, la succession du pape (la mort et les funérailles du pape précédent, l'élection de son successeur) se ramènent à un spectacle à suspense, comme la Coupe du Monde de football, où, quelquefois, les favoris sont éliminés dès les phases de poule. Pour filer la métaphore, comme le pape Léon XIV a été élu au 4e tour de scrutin, on dirait qu'il s'est détaché dès les poules éliminatoires et n'a même pas eu à jouer les quarts de finale - les autres compétiteurs ayant incontinent déclaré forfait...
Remarque 3. En dehors des compétitions sportives de portée mondiale (Jeux olympiques, Coupes du monde de football et de rugby, Tournois du Grand chelem de tennis...), les seuls événements à faire l'objet d'un tel battage médiatique sont la succession pontificale et la succession au trône d'Angleterre. Leur trait commun est de n'avoir aucune importance ni politique (en Angleterre, le souverain n'a plus de pouvoir effectif depuis la Glorieuse Révolution, en 1688, et le pape a été privé de ses États dès les années 1860), ni idéologique (en Europe, la déchristianisation, déjà à l’œuvre dès le XVIIIe siècle s'accélère depuis 1965). En outre, les Gardes suisses du Vatican comme les Beefeaters de la Tour de Londres ont des uniformes remontant au XVIe siècle et le rouge des cardinaux répond au rouge des horse guards.
Remarque 4. On a fait grand cas du choix du prénom Léon, en référence à son prédécesseur Léon XIII (1878-1903), qui traîne auprès de lui une réputation de "libéralisme". Certes, on peut lui faire crédit de mesures telles que l'encyclique Rerum novarum, l'ouverture des archives du Vatican, ou la demande de ralliement des catholiques français à la République. Mais cette réputation (à relativiser) est sans doute due à une distorsion de perspective. Léon XIII fut en effet coincé entre deux pontifes particulièrement réactionnaires : Pie IX (le pape du Syllabus, de Vatican I, de l'infaillibilité pontificale, de l'affaire Mortara...) et Pie X (le pape de la condamnation du modernisme, de l'excommunication de Loisy, du réseau de délation de La Sapinière). Entre ces deux papes, n'importe qui apparaît progressiste...
Remarque 5. On a dit aussi qu'il était un pape issu de l'ordre des Augustins, ce qui est un ordre rarement représenté parmi les 21 papes issus d'ordres religieux (sur les 267 au total). On notera que parmi les membres célèbres de cet ordre, le plus remarquable fut un certain... Martin Luther. Et qu'en 1517 ledit Luther afficha ses 95 thèses sous le pontificat d'un autre Léon, dixième du nom...
Je vous saurais gré de vos remarques, rectifications, précisions et critiques.
Bien à vous
Philippe ARNAUD
Amis du Monde Diplomatique Tours
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Léon XIV un pape américain « progressiste modéré »
Léon XIV : un pape américain pour une Église en quête de paix
Le 8 mai 2025, Robert Francis Prevost, cardinal américain, est élu pape sous le nom de Léon XIV, devenant le premier pontife des États-Unis. Ce religieux augustin, marqué par son expérience au Pérou, prône la paix et une «Église synodale».
Le 8 mai 2025, à 18h08, la fumée blanche s’élève au-dessus de la chapelle Sixtine, signalant l’élection du 267e pape. À 19h12, le cardinal Dominique Mamberti annonce : « Habemus Papam ». Robert Francis Prevost, 69 ans, devient Léon XIV, premier pape nord-américain de l’histoire. Élu au quatrième scrutin après deux jours de conclave, son ascension rapide, saluée par une « immense unanimité » selon le cardinal Jean-Paul Vesco, reflète une convergence rare parmi les 115 cardinaux électeurs. Ce choix, qualifié de « score magistral », marque un moment historique pour l’Église catholique.
Né le 14 septembre 1955 à Chicago, il grandit dans une famille aux racines françaises, italiennes, espagnoles et créoles. Polyglotte, maîtrisant l’anglais, l’espagnol, l’italien, le français et le portugais, il rejoint l’ordre de Saint-Augustin à 17 ans, prononçant ses vœux perpétuels en 1981 et devenant prêtre en 1982. Diplômé en mathématiques (Villanova, 1977) et en théologie (Chicago, 1982), il obtient une licence en droit canonique à Rome (1984). Sa carrière pastorale s’ancre au Pérou, où il sert comme missionnaire (1985-1998), dirige un séminaire à Trujillo et devient évêque de Chiclayo (2014-2023), acquérant la nationalité péruvienne. De 2001 à 2013, il est prieur général des Augustins, élu en un temps record. En 2023, François le nomme préfet du Dicastère pour les évêques, puis cardinal, avant de l’élever cardinal-évêque d’Albano en 2025.
Un progressiste modéré dans une Église en crise
Le choix du nom Léon XIV évoque Léon XIII (1878-1903), pape de la doctrine sociale, dont l’encyclique Rerum Novarum dénonçait les injustices économiques. Ce patronage suggère un pontificat attentif aux défis sociaux et à la clarté doctrinale, dans un monde marqué par les inégalités et les crises géopolitiques. À la loggia de Saint-Pierre, vêtu de l’étole rouge et de la mozzetta, Léon XIV prononce un discours en italien et en espagnol, centré sur la paix et l’Église synodale. Citant saint Augustin, il déclare : « Avec vous, je suis chrétien ; pour vous, évêque », avant d’offrir la bénédiction Urbi et Orbi.
Les réactions affluent. Donald Trump salue un « grand honneur » pour les États-Unis alors que le nouveau pape s’était montré critique par le passé sur le réseau social X avec le vice-président Vance, dernière personnalité à avoir visité le pape François, tandis que le président colombien Gustavo Petro appelle Léon XIV à défendre les migrants.
En France, l’abbé Claude Barthe, prêtre traditionaliste et fin observateur des affaire romaine estime que « sa personnalité est vraiment très différente de celle de son prédécesseur. Homme sage, pondéré, qui écoute attentivement ses interlocuteurs et collaborateurs ».
Progressiste modéré, le nouveau pape est proche de la vision de François sur l’environnement et les pauvres, et s’oppose à l’ordination des femmes. Fervent défenseur de la « synodalité », il devra naviguer entre l’unité de l’Église, la crise des vocations et les tensions sur des sujets comme la liturgie ou la question des personnes homosexuelles.
Homme d’équipe, il pourrait s’appuyer sur des cardinaux influents comme Parolin ou Zuppi pour affronter ces défis, incarnant un progressisme mesuré dans une Église en crise.
SOURCE :Presse internationale