A l'attention de celles et ceux qui persistent à penser que c'est en se pliant au jeu voulu par les profiteurs de cette République que l'on peut changer quelque chose pour "la France d'en-bas", et qui, en se rendant aux urnes pour émettre un vote autre que blanc ou nul, vont participer à la légitimation du (ou de la) futur(e) président(e), il me paraît essentiel de donner quelques repères.
Pouvoir d'achat. C'est la préoccupation la plus partagée par le "petit peuple". Aucun des "présidentiables" n'envisageant l'augmentation immédiate du SMIC à 1.500 euros (pas même bruts !), il me semble qu'il convient de répondre à la question : une telle augmentation est-elle possible ?
Actuellement, le SMIC brut est à 1.254,28 euros. Pour le passer à 1.500 euros bruts, il suffit de l'augmenter de 245,72 euros. Si l'on veut 1.500 euros nets, il faut ajouter le salaire différé que sont les cotisations sociales (part salariale et part patronale différente selon les branches : 36 % en moyenne) soit 334,18 euros. Sur l'année, pour un SMIC à 1.500 euros nets, cette augmentation représenterait une dépense de 334,18 euros × 12 mois × 2.500.000 smicards = 10.025.400.000 euros, ou 10 milliards 25 millions 400.000 euros.
A celles et ceux qui, habitués à compter les centimes d'euros, se demanderaient où trouver une telle somme, rappelons que les seules 40 entreprises françaises du CAC, en 2006, ont dégagé 91 milliards de profits, contre 80 milliards en 2005... Peut-on en prendre un peu pour les smicards ? Non, disent, unanimes, les "présidentiables" !
L'emploi. Peut-on créer des emplois durables, empêcher les licenciements boursiers, et, si cela s'avérait nécessaire, aider nos entreprises à résister ? Non, c'est impossible dans le cadre de la "concurrence libre et non faussée", voulue par l'Europe et l'AGCS.
Dans l'Europe d'aujourd'hui, le seul moyen de garder nos emplois, c'est de nous aligner sur ceux qui, de par le monde, ont les plus bas salaires et le moins d'acquis sociaux.
Défendre l'emploi, c'est donc dénoncer l'Europe d'aujourd'hui pour y substituer une Europe des nations souveraines, coopérant librement entre elles. Ce n'est au programme d'aucun "présidentiable" !
Le logement. Le décès de l'abbé Pierre est venu rappeler que ce n'est pas par la charité que l'on résoudra la question du logement.
Sans attendre la mise en chantier de logement sociaux (ceux déjà prévus par la loi non appliquée par les communes "riches", et ceux qu'il faudrait en plus), la loi permet immédiatement la réquisition des logements vides. Aucun "présidentiable" n'envisage cette réquisition !
Santé. Le consensus, entre "présidentiables", c'est qu'il faut faire des économies.
Actuellement, le déficit de la Sécu est de 14 milliards. La seule augmentation du SMIC à 1.500 euros nets rapporterait 2,65 milliards !
Alors que la seule solution d'avenir est d'augmenter les recettes, depuis plus de 20 ans, c'est le contraire qui est fait. Toutes les exonérations de cotisations consenties par les gouvernements successifs, et qui ne sont pas entièrement compensées par l'impôt, en tirant les salaires vers le bas, diminuent les recettes de la Sécu. Le résultat de cette politique, c'est que la part des salaires dans la répartition des richesses produites à reculé de 10 % au profit du capital, ce qui aujourd'hui, représente 160 milliards d'euros sur l'année : plus qu'il n'en faut pour transformer le déficit en excédent !
La seule solution d'avenir, c'est l'augmentation générale des salaires, retraites et pensions. Ce n'est au programme d'aucun "présidentiable" !
Si, malgré ça, et vous souvenant que le président sortant a été élu, il y a 12 ans, pour "réduire la fracture sociale", vous tenez à voter pour un(e) "présidentiable", c'est votre droit !
Comme c'est aussi votre droit de mettre en oeuvre l'article 35 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793 : "Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs."
Correspondant d'EL DIABLO