La peur change de camp
Billet d’humeur de Jean Claude Ramos,
C’est une bien curieuse façon de procéder que d’essayer de mettre face à face au nom de l’égalité de traitement ceux qui ont gagnés par leurs luttes, des avantages sociaux et ceux qui ne les ont pas encore obtenus. En bonne logique on serait tenter de penser qu’il faut aligner ces avantages par le haut mais certains s’évertuent à penser le contraire.
C’est une nouvelle dynamique à laquelle on n’était pas habitué en matière de lutte sociale la revendication négative ou a minima. Les sphères « libérales » paient très cher des cabinets de communication pour tenter d’imposer cette logique contre nature, ce qui entraîne les campagnes de propagande auxquelles on assiste dans tous les média, on espère bien dans le même temps, que ceux qui en sont les victimes ne l’accepteront pas.
La campagne médiatique qui vise à promouvoir les positions présidentielles, accuse les grévistes de la SNCF, notamment, de prendre les usagers en otages et donne la parole dans les médias quasi uniquement aux personnes encartées à droite, Uni ou U.M.P., ou défavorables au mouvement social. Le jeu consiste à soulever une France contre l’autre, celle des régimes spéciaux contre celle du régime général, celle des fonctionnaires nantis contre celle des ouvriers besogneux etc…, Cette grossière manipulation médiatique, relayée par l’ensemble des médias nationaux, dépourvus de sens critique et de volonté de réaction, aux ordres des rédactions elles mêmes dépendantes d’un patronat ultra libéral, est en train de se retourner contre ceux qui l’ont suscité.
Ils comptaient créer un syndrome de remord ou de culpabilité au nom d’une égalité de façade, mais c’était mal connaître la longue tradition de lutte des cheminots touchés dans leur droit et plus encore dans leur dignité par des propos vindicatifs de ce gouvernement et du Président en personne.
Ce qui choque le plus dans ces affaires c’est de voir certains « responsables» syndicaux entrer dans un processus de division du mouvement et faire le jeu du pouvoir. On se rappellera les positions prises par les directions syndicales, lors de la consultation sur le référendum de mai 2005 (CES), déjà désavouées par leur base, dans un premier temps puis par l’expression du peuple souverain.
On retrouve une situation aujourd’hui très voisine et plus périlleuse car le mouvement social qui se dessine apparaît renforcé par la grève des fonctionnaires et le mouvement étudiant qui déborde dans les lycées. Si l’ensemble de ces mouvements arrive à se joindre on entre dans une situation de crise aiguë et difficile a gérer dont personne ne peut mesurer les développements. D’autant que se profile pour la mi-décembre un autre coup de force, institutionnel celui là, le vote par le parlement du traité constitutionnel en violation du vote déjà réalisé sur cette même question porté par près de 55% des électeurs français. On comprend donc les enjeux de la période et la nécessite de faire corps avec les luttes sociales qui doivent déboucher sur le rejet de cette politique néo-libérale. On sait dès lors que notre soutien au mouvement populaire qui se met en place doit être sans faille et que nous devons à notre niveau créer les conditions de son extension en rappelant qu’il ne saurait être détaché du contexte démocratique et républicain.
L’inadéquation avec leur base des corps intermédiaires comme les syndicats et les partis de gauche, projette le mouvement revendicatif en première ligne avec les conséquences directes qu’on peut en attendre. Le seul moyen d’expression possible des citoyens tend à devenir la rue, l’absence de reconnaissance de la souveraineté populaire et donc, le rejet fédéraliste de la conception républicaine de la démocratie, légitime par avance les actes de résistance républicaine .Le peuple est de retour et on mesurera la portée historique de cette formule.
Comité Valmy,
ancien Député socialiste.