C’EST PARTI COMME EN 14! 2014 sera l’année des commémorations (un article de Jean Lévy]
2014 sera l’année des commémorations. Celles-ci donneront l’occasion à nos zélées « élites » de réécrire l’Histoire dans le sens de l’idéologie dominante
par Jean Lévy
Celles-ci donneront l’occasion à nos zélées « élites » de réécrire l’Histoire dans le sens de l’idéologie dominante
Le gouvernement « socialiste » s’y prépare.
Les anniversaires célébrés, évènements revus et corrigés, justifieront la politique européenne et atlantiste du pouvoir d’hier et d’aujourd’hui.
On connaît déjà la légende :
« 1914-1944, une guerre civile européenne de Trente ans » à laquelle l’amitié franco-allemande aurait mis fin dans le cadre de l’Union européenne…Gloire à la paix retrouvée !
Exit la guerre menée par l'Otan dans les Balkans pour dépecer la Yougoslavie.
Exit les guerres coloniales d’Indochine et d’Algérie hier, et d’Afghanistan et du Mali aujourd’hui, sans parler celle contre la Syrie, évitée de justesse…
Donc, les autorités se préparent à festoyer l’an prochain.
Les historiens du régime sont sur le pied de guerre et se préparent en 2014 à donner un notre peuple désorienté un cours d’histoires (avec un S), bien inventées tout au long de l’année.
Mais les esprits chagrins veillent.
« Canempechepasnicolas » et les blogs amis de « Communard Toujours ! » ne manqueront pas de signaler au passage les évènements de 1934, l’émeute fasciste du 6 février, la réplique ouvrière du 9, avec ses morts de Belleville et de Ménilmontant, l’unité retrouvée dans la rue le 12, ouvrant la voie aux conquêtes sociales de juin 36…
Et aussi, la victoire des communistes et des gaullistes unis contre la CED, en 1954, vouant à l’échec la CED , cette armée franco-allemande que la majorité socialo-centriste d’alors voulait mettre sur pied avec les tueurs SS d’Oradour…
Sans oublier, le 25 avril 1974, la Révolution des Œillets, au Portugal, celle du peuple et des capitaines alliés au PCP clandestin, mettant fin à 43 ans de dictature fasciste, si bien en cour alors à Paris auprès de la droite française.
Sans oublier le 800ème anniversaire du 27 juillet 1214, ce « Dimanche de Bouvines » « Première victoire de la Nation française », telle qu’on l’apprenait à l’école du temps où maîtres et professeurs enseignaient la bataille de Valmy, les patriote de l’An II et l’héroïsme révolutionnaire du « petit Barras ».
De Bouvines, aujourd’hui, on a rayé la date.
Vous pensez : une victoire NATIONALE…Seuls, de mauvais sujets (comme on disait du temps des seigneurs), populistes en diable, « rouges-bruns » de confession, osent parler de « nation ».
Pourtant, il y a 40 ans, un grand historien unanimement reconnu, Georges Duby, publiait un ouvrage consacré à l’évènement : « Le Dimanche de Bouvines ».
C’est ainsi que l’on peut lire sur Wikipédia :
Grand succès de librairie, Le Dimanche de Bouvines , fut publié en 1973 . C’est un livre limpide, précis et novateur. Qui réconcilie l'histoire de l'événement et l'analyse des structures sociales.
La thèse:
C'est chez Gallimard dans la collection « Les trente journées qui ont fait la France » que paraît en 1973 Le Dimanche de Bouvines . Non sans surprise et sensation. Est-ce le signe d'un retour positiviste à l'événement ?
Georges Duby, jugé proche de l'école des Annales, qui privilégiait la longue durée et les séries chiffrées, ne revenait-il pas à une conception dépassée de l'histoire, mettant l'accent sur le fait singulier et nourrie des seuls documents narratifs ?
Dans un premier temps, Georges Duby fait le point sur les faits : le 27 juillet 1214, le roi de France Philippe Auguste, ses chevaliers et les milices communales remportent à Bouvines, près d'un pont, à 10 km au sud-est de Lille, une grande victoire sur l'empereur Othon IV de Brunswick, allié du roi d'Angleterre Jean sans Terre, et soutenu par deux des grands vassaux français, Renaud de Boulogne et Ferrand de Flandre... L'enjeu est capital : il s'agit pour Philippe Auguste de réduire la puissance démesurée et menaçante des Plantagenêt, à la tête d'une gigantesque fédération féodale couvrant tout l'ouest de la France, de la Gascogne et l'Aquitaine jusqu'à la Normandie.
Georges Duby fournit alors la traduction du long récit que fait Guillaume le Breton, chapelain de Philippe Auguste, de la bataille, à laquelle il a assisté.
La victoire se prolonge lorsqu'elle se transforme en mythe. Georges Duby étudie le travail des historiens et chroniqueurs du XIIIe siècle : amplifications et déformations, glissements et oublis. « La légende de Bouvines achève ainsi de s'ériger en mythe de la nation et de la royauté réunies. »
Le nom de Bouvines, oublié dès le XIVe siècle, revient en force au XIXe, incarnant la « première victoire nationale », contre l'Allemagne.
« Première victoire nationale » ?
Cela sent le soufre. Censuré
La bataille ne sera pas célébrée.
Sauf par nous.