Contre la politique du capital et de ses partis... Une déclaration des communistes de l’URCF
CLASSE CONTRE CLASSE !
Les tâches de la présidence sociale-démocrate
L’élection présidentielle a conforté l’acuité de la critique portée contre ce type d’élections, puisque les problèmes les plus vitaux ont été éludés (vie chère, salaires et retraites, emplois, logements). Les deux candidats du consensus se sont affrontés à coups de « petites phrases », d’attaques personnelles… La crise du capitalisme, occultée, va se rappeler à nous douloureusement. Avec le nouveau Président, le Capital financier (monopoles industriels et bancaires) va faire appliquer sa stratégie par le gouvernement : réaliser le profit maximum en faisant payer sa crise par les travailleurs.
Nous pouvons tirer plusieurs leçons de la campagne (sans prétendre être exhaustifs).
Le pouvoir (dictature) du Capital, après l’épisode « bonapartiste » de Sarkozy (présidence « forte » se voulant au-dessus de la droite et de la gauche avec une caricature « d’union nationale »), est revenu à l’alternance sans danger, en relançant le bipolarisme. L’alternance se veut la réponse de l’oligarchie financière à l’usure et au rejet du personnel réactionnaire.
La social-démocratie revient en général au gouvernement dans des conditions particulières, lorsqu’une majorité des électeurs rejette le bilan de la droite et se tourne vers le « moins pire » avec l’espoir de réformes. C’est là un équilibre instable pour la social-démocratie qui va mettre en avant des problèmes de société (parité, présidence « normale »), tout en satisfaisant les exigences du Capital et de l’UE.
Le pouvoir des monopoles lui confie la mission d’empêcher le mécontentement de se hisser au niveau du rejet du capitalisme ; si besoin, la social-démocratie incarnera avec les forces coercitives le rempart contre la révolution.
La trahison prévisible des maigres engagements de la social-démocratie, comme sous les années Jospin, peut engendrer un formidable mécontentement.
Dès lors, la bourgeoisie monopoliste va consolider ses arrières et préparer la recomposition ou même la relève dans le bipolarisme.
Recomposition et relève à droite et à gauche
Dans la campagne, chacun a pu constater que pour la première fois, les chaînes d’information du câble ont retransmis en direct les meetings de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon. La « troisième place » était présentée comme un enjeu. Il s’agit d’un objectif politique fixé aux appareils idéologiques au service de l’État capitaliste : élargir les forces de l’alternance pour maintenir la domination capitaliste.
Tout d’abord à droite, avec la progression du vote Front National. Marine Le Pen a poursuivi avec succès plusieurs objectifs qui s’inscrivent dans le renforcement de la dictature du Capital, en aggravant la division de la classe ouvrière, selon les critères ethniques ou religieux, en obscurcissant les consciences par la désignation de boucs émissaires « responsables » de nos malheurs : « les immigrés, les arabes, les noirs, les musulmans, les roms ». Ce qui détourne l’attention et les coups contre le véritable ennemi des travailleurs : le Capital et l’oligarchie financière.
Autre objectif de Marine Le Pen, « droitiser » toujours plus l’UMP, ce qui a été acquis avec la campagne aux accents xénophobes de Sarkozy sur les « frontières »… Le FN participe de l’objectif (cf. l’Italie) de recomposer le camp réactionnaire en y intégrant les néofascistes. Ce fait pose la question de la contradiction principale régissant la vie politique. Le Front National est, pour l’heure, dans une stratégie d’élargissement de la réaction, et non dans la logique d’une prise immédiate du pouvoir pour lui seul : pour écraser les forces néo-fascistes, il faut d’abord se situer dans le combat pour résoudre l’antagonisme Capital- Travail.
Sur l’autre pôle, on assiste à la consolidation relative d’une nouvelle force à gauche, représentée par le charismatique J-L. Mélenchon. Cependant, derrière la phrase « révolutionnaire », « révolution citoyenne », « insurrection citoyenne », « guerre à la finance », le Front de Gauche incarne une social-démocratie en voie de recomposition ou de refondation. Toutes les réponses qu’il propose se situent dans le cadre du système capitaliste et des institutions de l’Union Européenne : il faudrait changer simplement les statuts de la BCE, promouvoir un Euro conquérant (défense de l’impérialisme français), avec un fonds social européen pour mutualiser les dettes des capitalistes et ainsi faire payer toujours plus la crise par les travailleurs.
Le réformisme du Front de Gauche n’est que la résurgence du centrisme de Kautsky. Prenons l’attitude par rapport au gouvernement social-démocrate : « ni dans la majorité, ni dans l’opposition » mais dans « l’autonomie constructive », alors que la tâche des véritables révolutionnaires est de forger avec les travailleurs l’opposition anticapitaliste à l’État, aux monopoles et au gouvernement socialdémocrate.
La législative à Hénin-Beaumont, qui oppose Le Pen à Mélenchon, s’inscrit dans le dispositif qui vise à la recomposition et à la relance d’une alternance plus « radicalisée », mais qui ne s’attaque pas plus au capitalisme. De plus, ce n’est pas en traitant Marine Le Pen de « Yéti » ou de « semi-démente » que l’on combat efficacement le danger représenté par le néofascisme. Cela soulage peut-être, mais ne guérit pas et fait l’impasse sur le combat contre tous les partis du Capital (UMP , PS, FN, MoDem ) et le nouveau gouvernement bourgeois.
Les tâches de l’URCF et des communistes
La première tâche est idéologique. Il faut convaincre la majorité des travailleurs que la crise est celle du mode de production capitaliste, et non pas celle seulement de la finance et de la spéculation.
Ce qui appelle non une stratégie réformiste d’un « capitalisme plus humain » dans une « UE sociale », mais une stratégie révolutionnaire qui se fixe historiquement le renversement du capitalisme et l’établissement du pouvoir ouvrier par la révolution socialiste.
Ensuite, tout dépend de la capacité des communistes révolutionnaires à mobiliser et organiser, en liaison avec les syndicalistes de classe, les luttes pour l’emploi, la retraite à 60 ans pour tous [avec 37,5 annuités], la hausse des salaires et pensions, l’égalité salariale hommes/ femmes, en faisant payer sa crise et rembourser ses dettes par le Capital.
Dans ces luttes, les communistes doivent hausser qualitativement et quantitativement leur travail de diffusion d’une conscience révolutionnaire, en hissant l’avant-garde du prolétariat à la compréhension que le socialisme est la seule réponse à la crise.
Enfin, on ne peut prétendre vaincre un ennemi puissant comme le capitalisme sans un instrument révolutionnaire.
L’URCF (et si les autres organisations sont prêtes à cet engagement tant mieux, mais nous n’attendrons pas !) considère que notre priorité stratégique est la construction du Parti communiste de France dont la classe ouvrière, les travailleurs et le pays ont tant besoin, ce qui passe d’abord par le travail militant en direction des entreprises et des quartiers populaires !
Le 24 juin 2012
Union des Révolutionnaires Communistes de France