la CGT, la FSU et Solidaires veulent contrer l’influence du FN…Le meilleur moyen de combattre le Front National (Tribune libre)
Sur le terrain syndical…Le meilleur moyen de combattre le Front National
par Jean LEVY
Les infos, le matin du 24 septembre 2013, nous apprennent que les syndicats s’inquiètent de la perméabilité de leurs organisations aux idées du Front national.
De plus en plus nombreux seraient les syndiqués qui franchiraient la « ligne rouge » de l’adhésion au Front, et même, en deviendraient militants.
Face à cette réalité, la CGT, la FSU et Solidaires veulent développer ensemble une campagne d’explications, visant à éclairer leurs adhérents sur les véritables objectifs du parti de Marine Le Pen, de la démagogie des propos de cette dernière comme ceux de ses lieutenants. Et de mettre en lumière, les contradictions frontistes qui illustrent les thèmes développés par eux, au cours des dernières années, opposants les uns aux autres pour en déceler le caractère mensonger ou profondément réactionnaire.
Pourquoi ne pas, en effet, se saisir des positions successives et contradictoires du FN pour contrer sa propagande ? Cette démarche devrait davantage concourir au but recherché, que les clameurs sentencieuses de « FN= fachos » ou « FN=nazis », en s’appuyant sur les relations historiques de Jean-Marie Le Pen avec les ex-collabos et sur les propos provocateurs de ce dernier.
S’il y a, aujourd’hui, une attirance de militants syndicaux vers le Front national, ce n’est pas par sympathie pour cette mouvance factieuse, mais sur la base de l’orientation « nationale » et « sociale » prise par l’équipe dirigeante de Marine Le Pen. C’est donc à partir de ce corpus idéologique que les centrales syndicales doivent orienter leurs réflexions.
Celles-ci devraient se poser la question :
« Nos syndicats et leurs dirigeants répondent-ils, dans leur activité et leurs mots d’ordre, aux questions concrètes que se posent salariés et retraités ? Ceux-ci, dans leur vécu quotidien, trouvent-ils dans les préoccupations syndicales, et l’orientation qui en découle, des réponses en phase avec leur colère grandissante, leur mal-vivre, leur désespérance ? »
Non, bien sûr.
Le monde du travail, et tous ceux qui en sont exclus ou qui risquent de l’être, constatent, jour après jour, que le pouvoir politique, aujourd’hui assumé par les soi-disant « socialistes », comme hier par la droite, non seulement trahit ses promesses, mais aggrave les conditions d’existence du plus grand nombre et fait sombrer dans la pauvreté, sinon dans la misère, des millions de Français.
Cette chute s’accentue au rythme de l’enrichissement continu d’une minorité de privilégiés, qui tient le haut du pavé, étale son luxe provoquant, dicte sa loi à tous ceux qui nous gouvernent.
Il est clair que cette situation est douloureusement ressentie par la population, qui s’en inquiète et cherche désespérément une issue moins désastreuse.
Malheureusement, elle ne trouve pas dans les syndicats – ou dans le monde politique – des explications, des réponses et des propositions de solution pour sortir de la « crise », terme employé par les responsables de celle-ci, pour justifier les « sacrifices » demandés aux victimes.
Aussi, cette population se tourne chaque jour davantage vers ceux qui, dans leurs propos, dénoncent par ;le verbe cette situation. Le Front national est, en effet, la seule force visible qui semble mettre en cause l’Union européenne, la suppression des frontières, et qui se prononce, en parole, pour le retour à la souveraineté nationale.
Certes, Marine Le Pen et les siens se gardent bien de désigner le capital comme le responsable et le bénéficiaire de l’intégration européenne, derrière laquelle se tient BusinessEurope.
Le Front national ne cache pas son adhésion au « libre échange », au marché et à la « concurrence libre et non faussée », qui constituent le fondement de l’Union européenne.
Mais le FN sait dissimuler son choix de société, derrière ses critiques visant « les étrangers », tenus pour responsables des malheurs des Français. Et il met en avant les effets, mais pas les causes de l’UE.
A l’inverse, mettant en avant leur « humanisme », les Centrales syndicales semblent, aux yeux de l’opinion, s’intéresser davantage aux ouvriers immigrés, et souvent sans papiers, qu’aux effets de la concurrence patronale sur les salariés français…
Pourtant, Il serait aisé, pour une organisation syndicale de lutte de classe, d’éclairer les salariés sur la véritable nature du Front national.
Mais les dirigeants de la CGT, de la FSU et de Solidaires ont jeté par-dessus bord la lutte des classes comme moteur de la société.
Aussi les responsables de ces syndicats se gardent bien de mettre en cause l’existence de l’Union européenne et d’appeler notre pays à s’en sortir comme de sa monnaie, l’Euro. Ils en sont réduits à réclamer une impossible « Europe sociale », qui n’est qu’en fait que l’adhésion fondamentale à l’idée d’intégration européenne. D’un même mouvement, les directions syndicales condamnent toute idée de protectionnisme protégeant notre peuple, abusivement qualifiée de « nationaliste »…
Comment, dans ces conditions être crédible aux yeux des travailleurs ?
Comment ouvrir une voie différente, de véritables perspectives de changement ? Comment combattre efficacement le Front national, en laissant à celui-ci le monopole de l’opposition à l’Union européenne, même si cette attitude n’est qu’apparence ?
D’autre part, les Confédérations, en se refusant à la lutte frontale contre le Patronat et le pouvoir politique qui le sert, égarent les salariés sur les enjeux véritables et laissent à ceux-ci la route ouverte aux mirages frontistes.
Ce ne seront pas des harangues véhémentes contre « l’extrême-droite », dans des meetings communs, qui réduiront l’audience populaire du Front national.
Seule la lutte sociale, avec sa dimension nationale, permettrait aux syndicats - et aux forces politiques – de changer la donne des rapports de force en France.
C’est le meilleur moyen de combattre efficacement le Front national.