La loi du 13 juillet 1906 sur le repos hebdomadaire du dimanche
La loi du 13 juillet 1906 sur le repos hebdomadaire du dimanche votée à la Chambre et au Sénat est promulguée après dix-huit mois de lutte syndicale ininterrompue, né d'une catastrophe minière dans le Nord, et a ouvert une période "d'apaisement religieux", au lendemain de la séparation des Eglises et de l'Etat.
C'est le radical Ferdinand Sarrien, qui devint Président du Conseil (premier ministre) le 13 mars 1906, quelques jours après le coup de grisou de Courrières (1099 morts).
Il fallait calmer la colère des mineurs, éviter les incidents lors des "inventaires" des biens du clergé, préparer l'opinion au procès en cassation d'Albert Dreyfus, et se lancer dans la bataille des législatives.
La vieille revendication du repos dominical et de la journée de 8 heures - satisfaite seulement en 1919 - étaient au cœur des débats et manifestations. La loi du 12 juillet 1880 abolit le repos dominical sous prétexte qu'il avait été décrété sous la Restauration.
Le "jour de repos" était dès lors décidé par le patron.
Après la tragédie de Courrières, 45000 mineurs se mettent en grève. Le 17 mars, Clémenceau (ministre de l'intérieur), refuse d'abord le recours à la force, mais l'utilise quand la mairie de Lens est occupée le 20. La répression est dure, un policier tué.
50 000 "gueules noires" (c’est ainsi qu’on appelait les mineurs) défilent à paris le 1er mai, à l'appel de la CGT. Le 20 mai, la gauche remporte les élections de façon écrasante, et vote en quelques jours la loi Sarrien qui institue le repos hebdomadaire des employés et ouvriers.
Cette loi réglemente la durée du travail pour six jours par semaine dans les établissements industriels et commerciaux, publics et privés et interdit d’employer un salarié au delà de la durée fixée, sous peine d’amende. En outre, la loi stipule que le cas échéant, un autre jour peut être choisi pour remplacer le dimanche.
Bien que cette loi, fût émaillée de dérogations, - écrivait alors Émile Pouget – elle est une des premières lois véritablement sociales, car elle diminue le temps d’exploitation et grâce à l’initiative syndicale, les couches ouvrières inconscientes pourront bénéficier du repos hebdomadaire, « une des conquêtes de l’action ouvrière, dont la portée a été mise en relief par la presse syndicale de l’époque ».
Cette loi est appelée "loi Lemire", du nom du député maire d'Hazebrouck, l'abbé Jules Lemire, républicain ardent à l'origine des allocations familiales, qui sut convaincre que le choix du dimanche n'était pas une "revanche" des religieux.
Il fallu attendre le Front Populaire, pour le samedi férié. La loi Sarrien est toujours en vigueur, mais plus de 180 dérogations sont appliquées.