"Selon que vous serez puissant ou misérable,..." Un GOUVERNEMENT faible face aux patrons, et répressif face aux salariés
Après les Bonnets rouges, le conflit à la SNCM aura été — une nouvelle fois — marqué par une dissymétrie flagrante entre la manière dont l'État traite, d'un coté, des exactions et dégradations perpétrées par des patrons et leurs mercenaires, et, de l'autre, la manière dont il traite les manifestants salariés grévistes et leurs délégués syndicaux, qui défendent leur outil de travail.
On se souvient de la destruction, en Bretagne de onze bornes et quatre portiques écotaxe, de 44 radars détruits, de la grille d’une sous-préfecture défoncée, des gendarmes visés par des projectiles, des bagarres, etc., et de la rareté des poursuites pénales, contre leurs auteurs, et de la rareté et de la faiblesse condamnations.
Même rareté des poursuites contre les agriculteurs, souvent parmi les plus riches, qui se livrent régulièrement à des dégradations de bâtiments publics; rappelons-nous, pour mémoire, la destruction, en 1999, du bureau de la ministre de la République, Dominique Voynet, par des agriculteurs contre lesquels il n'y a eu aucune poursuite.
La différence est flagrante entre la faiblesse de la répression contre les casseurs patronaux, comparée à celle qui frappe systématiquement les syndicalistes ouvriers.
Rappelons nous les Conti de Compiègne, ceux de Goodyear;
Mais aussi les 5 de Roanne poursuivis pour avoir inscrit des tags sur un mur en marge d’une manifestation contre la réforme des retraites en 2010, et avoir refusé de se voir prélever leur ADN, comme s'ils étaient des délinquants;
Xavier Mathieu, syndialiste de Continental qui avait, lui, participé au saccage du bureau d'un sous-préfet, écopa d’une amende de 4000€, avant d’être condamné à nouveau à 1200€ euros d'amende cette fois pour avoir refusé le prélèvement ADN;
Les 4 du Havre poursuivis poursuivis d’une part pour avoir collé des affiches sur les vitres d’une permanence parlementaire et déboulonné la plaque de la députée lors d’une manifestation contre la réforme des retraites, et d’autre part pour avoir prétendument bousculé un huissier de justice lors d’un conflit social dans une société de courtage en assurance.
Rappelons nous aussi les efforts démesurés de solidarité, et les mois de mobilisation de la CGT, pour obtenir, dans certains cas — rares — la relaxe, pourtant justifié !
Cette semaine, une centaine petits patrons et leurs mercenaires ont pris d’assaut les locaux de la préfecture de Bastia, pour protester contre la grève des marins de la SNCM, pendant que d'autres cassaient les bureaux de la direction de la SNCM.
Prétendument excédés par la paralysie des transports maritimes, qu’ils estimaient faire peser un risque sur la saison estivale, ils se sont acharnés sur les locaux de la direction de la SNCM. Ils ne seront pas poursuivis !
Que de poursuites, suivies de lourdes condamnations, auraient sûrement subi les marins de la SNCM s'il s'étaient écartés, ne serait-ce d'un cheveu, de leur ligne directrice qui consistait en la défense absolue de l'outil de travail et du respect des lois de la République ! Car le droit de grève est, rappelons le, inscrit dans le Préambule de la Constitution de la République !
Mais on semble revenu à une époque ancienne, qui faisait écrire Jean de la Fontaine dans sa fable Les Animaux malades de la peste : "Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir"!